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Nigéria : 800.000 enfants contraints de fuir la violence, selon l'UNICEF

Aisha fait mine de dessiner à la pointe d'un crayon peint sur un mur dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur à Yola, la capitale de l'Adamaoua.
UNICEF / NYHQ 2015-0477 / Esiebo
Aisha fait mine de dessiner à la pointe d'un crayon peint sur un mur dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur à Yola, la capitale de l'Adamaoua.

Nigéria : 800.000 enfants contraints de fuir la violence, selon l'UNICEF

Environ 800.000 enfants ont été obligés de fuir leurs foyers en raison du conflit dans le nord du Nigéria entre Boko Haram, les forces militaires et les groupes d'autodéfense civile, indique un nouveau rapport du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), rendu public lundi.

Publié un an après l'enlèvement de plus de 200 écolières à Chibok, dans l'Etat de Borno au Nigéria, le rapport 'Enfances perdues' de l'UNICEF révèle que le nombre d'enfants qui fuient les violences à l'intérieur du Nigéria, ou qui traversent les frontières pour se réfugier au Tchad, Niger et Cameroun, a plus que doublé en à peine un an.

« L'enlèvement de plus de 200 filles à Chibok n'est qu'un seul des événements tragiques qui se multiplient au Nigéria et dans la région », a regretté le Directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et centrale, Manuel Fontaine, dans un communiqué de presse rendu public à l'occasion de la publication du rapport.

« Des dizaines de filles et de garçons ont disparu au Nigéria – enlevés, recrutés par des groupes armés, utilisés comme combattants ou contraints de fuir la violence. Ils ont le droit qu'on leur rende leur enfance », a-t-il dit.

Le rapport 'Enfances perdues' détaille le lourd tribut que le conflit fait payer aux enfants du Nigéria et de la région, où ils sont utilisés dans les rangs de Boko Haram comme combattants, cuisiniers, porteurs et guetteurs. Des jeunes femmes et des filles sont également victimes de mariage forcé, du travail forcé et de viols. Quant aux élèves et aux enseignants, ils ont été délibérément pris pour cible : le rapport dénombre plus de 300 écoles endommagées ou détruites et au moins 196 enseignants et 314 élèves tués à la fin de 2014.

Au cours des six derniers mois, l'UNICEF a intensifié sa réponse humanitaire à la crise et fourni un soutien psychosocial à plus de 60.000 enfants touchés par le conflit au Nigéria, Niger, Cameroun et Tchad, en vue de les aider à atténuer les souffrances que leur causent leurs souvenirs, à réduire leur stress et à surmonter leur détresse émotionnelle.

Prenant appui sur les constats dont fait état le rapport, l'UNICEF, confronté à une grave pénurie de financement, a appelé les donateurs internationaux à augmenter leur soutien financier à ses efforts humanitaires au Nigéria et dans les pays voisins.

L'agence de l'ONU a ainsi déclaré n'avoir reçu que 15% des 26,5 millions de dollars requis pour son action humanitaire au Nigéria pour 2015, et tout juste 17% de l'appel humanitaire d'ensemble pour le Cameroun, 2% pour le Niger et 1% pour le Tchad.