Au Panama, Ban Ki-moon exhorte les Amériques à rechercher la prospérité dans l'égalité

Dans un discours prononcé lors du septième Sommet des Amériques, au Panama, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a salué vendredi l'engagement de la région en faveur de la paix, de la démocratie, des droits humains et du développement durable, tout en exhortant ses dirigeants à rechercher la prospérité dans l'égalité, afin de construire un avenir dont aucun individu ne sera exclu.

« En premier lieu, la région a maintenu son statut de zone de paix. Ce constat transparait notamment à travers votre solidarité envers les pays qui sont dans le besoin et votre participation croissante dans les activités de maintien de la paix des Nations Unies », a salué M. Ban.

« Les Amériques sont en train de surmonter les divisions de longue date de façon historique comme nous pouvons le constater dans cette même salle », a-t-il ajouté, soulignant que, pour la première fois, l'intégralité des 35 Etats membres des Amériques participaient au Sommet.

Le chef de l'ONU a ainsi félicité le Président des Etats-Unis, Barack Obama, et le Président de Cuba, Raul Castro, tous deux présents à l'événement, pour l'amorce d'une normalisation progressive des relations bilatérales entre les deux pays.

« Cette évolution est cohérente avec l'objectif de la Charte des Nations Unies de promouvoir de bonnes relations de voisinage entre les pays et avec les appels formulés par une majorité d'Etats membres de l'ONU depuis de nombreuses années », a ajouté M. Ban.

Le Secrétaire général a également félicité la Colombie pour sa participation aux pourparlers de paix qui se déroulent à La Havane et a formulé l'espoir que la région continue à promouvoir le dialogue pour surmonter les différends – entre et au sein des Etats.

« Votre région a été à la pointe de l'adoption d'instruments régionaux pour protéger et promouvoir la démocratie et les droits humains », a poursuivi M. Ban.

Saluant notamment les progrès réalisés dans la participation des femmes à la vie politique, le chef de l'ONU a déclaré que la prospérité et l'équité n'étaient réalisables que lorsque tous les individus, y compris les femmes, étaient impliqués. Bien que les Amériques présentent le plus grand nombre de femmes siégeant en tant que chefs d'Etat ou de gouvernement et le pourcentage le plus élevé d'élues parlementaires, des progrès sont nécessaires pour mettre fin à la violence contre les femmes, a-t-il ajouté.

« Nous devons également faire davantage pour garantir l'intégration effective de groupes qui ont été historiquement marginalisés, tels que les peuples et les communautés d'ascendance africaine », a également déclaré M. Ban.

Les jeunes sont parmi les premières victimes de la criminalité transnationale organisée, de la violence des gangs et du trafic de drogue, a par ailleurs déploré le Secrétaire général, ajoutant que les pays de la région doivent réduire les flux illicites entre pays producteurs et pays consommateurs de drogues.

D'autre part, M. Ban a salué les progrès impressionnants réalisés par une grande partie des Amériques en matière de lutte contre la pauvreté et les contributions importantes des Amériques aux réflexions sensées aboutir à l'élaboration d'un programme de développement pour l'après-2015.

« Les Amériques ont été à l'avant-garde des discussions sur les questions clés concernant le changement climatique », a-t-il également mentionné, précisant que les pays des Caraïbes, qui sont parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique, ont joué un rôle majeur dans la sensibilisation de la communauté internationale à cette question.

Plus tôt dans la journée, M. Ban s'est également exprimé durant le Sommet des chefs d'entreprise des Amériques, à l'occasion duquel il a appelé les entreprises à jouer un rôle essentiel lors de la tenue de plusieurs forums internationaux importants qui auront lieu en 2015.

« Le nouveau programme de développement mondial et la bataille contre le changement climatique nécessiteront des ressources, de la technologie et des forces vives », a déclaré M. Ban aux chefs d'entreprise présents à Panama, ajoutant que les sources de financement et partenariats privés seront déterminants pour l'obtention de résultats tangibles.

M. Ban a fait part de sa conviction qu'il existait une prise de conscience croissante du lien entre la santé des entreprises et la santé des sociétés, mentionnant notamment la tendance actuelle des entreprises à financer des initiatives socialement responsables, à délaisser progressivement les énergies fossiles et à augmenter les salaires minimums dans le monde entier.

« Le principe de responsabilité sociale et environnementale s'imprègne progressivement dans la société et est de plus en plus intégré au sein des normes et pratiques stratégiques de l'entreprise », a salué le Secrétaire général. « Cette évolution transforme les marchés de l'intérieur – et pour le mieux. Nous devons poursuivre sur cette lancée, et convaincre les compagnies qui font passer les profits avant les progrès ».

Dans ce qu'il a qualifié d'année de l'action mondiale, M. Ban a souligné la nécessité en 2015 de réduire les inégalités, promouvoir la prospérité et l'équité et protéger l'environnement.

« Avec le soutien des entreprise pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, nous pouvons transformer notre monde », a-t-il dit. « Notre Pacte mondial compte aujourd'hui plus de 8.000 entreprises et 4.000 organisations non-commerciales, avec des réseaux locaux dans 86 pays – dont beaucoup en Amérique latine ».

Le Secrétaire général a déclaré que l'activité économique avait été un élément important de la solution à plusieurs grands défis mondiaux et il a remercié les dirigeants réunis à Panama pour leurs efforts en vue de faire de 2015 une année historique.

Pour ce faire, a-t-il ajouté, quatre éléments seront essentiels : les entreprises devraient communiquer et soutenir les objectifs de développement durable, aider à la mise en œuvre du programme de développement pour l'après-2015, mobiliser des financements pour le développement et aider la communauté internationale à parvenir à un accord universel significatif sur l'action climatique à Paris.

« Les entreprises peuvent inciter les gouvernements à soutenir des politiques réglementaires intelligentes et les objectifs de réduction des émissions », a mentionné M. Ban à titre d'exemple. « Le monde a besoin que les entreprises et les investisseurs du monde entier assument leur responsabilité pour répondre aux besoins des gens aujourd'hui, tout en transformant nos perspectives d'avenir ».