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L'ONU qualifie de « crime de guerre » la destruction du site archéologique de Nimrud en Iraq

Le site archéologique de Nimroud, en Iraq. Photo : UNESCO
Le site archéologique de Nimroud, en Iraq. Photo : UNESCO

L'ONU qualifie de « crime de guerre » la destruction du site archéologique de Nimrud en Iraq

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, ont condamné vendredi avec la plus grande fermeté la destruction du site archéologique de Nimrud, en Iraq, la qualifiant de « crime de guerre ».

Ban Ki-moon a condamné "dans les termes les plus forts la poursuite des actes de terreur et de violations du droit international humanitaire par Daech (appelé aussi Etat islamique d'Iraq et du Levant), notamment la campagne systématique de destruction du patrimoine culturel en Iraq comme illustré par la dernière attaque sur le site archéologique de Nimrud", a dit son porte-parole dans un communiqué de presse.

« Le Secrétaire général est profondément troublé par ces événements et appelle les dirigeants politiques et religieux de la région à faire entendre leur voix dans la condamnation de ces attaques inacceptables. La destruction délibérée de notre patrimoine culturel commun constitue un crime de guerre et représente une attaque contre l'humanité dans son ensemble », a-t-il ajouté.

Ban Ki-moon devait rencontrer vendredi Irina Bokova, qui se trouvait ce jour-là au siège de l'ONU à New York. « Il réitère son appel (de Mme Bokova) adressé à l'ensemble de la communauté internationale demandant de veiller à ce que ces attaques ne continuent pas et d'empêcher le trafic illicite des biens culturels, qui contribue aussi directement au financement du terrorisme », a souligné son porte-parole.

Plus tôt vendredi, Mme Bokova avait déclaré que « cette nouvelle attaque contre le peuple iraquien rappelle que le nettoyage culturel qui sévit en Iraq n'épargne rien ni personne : il vise les vies humaines, les minorités et s'accompagne de la destruction systématique du patrimoine millénaire de l'humanité ».

« Nous ne pouvons pas rester silencieux. La destruction délibérée du patrimoine culturel constitue un crime de guerre, et j'en appelle à tous les responsables politiques et religieux de la région à se lever contre cette nouvelle barbarie et rappeler qu'il n'y a aucune justification politique ou religieuse à la destruction du patrimoine culturel de l'humanité », a-t-elle ajouté.

La ville de Nimrud (Kahlku), fondée il y a plus de 3300 ans, était jadis une capitale de l'empire assyrien, dont les fresques, les palais et les œuvres sont célèbres dans le monde entier, dans la littérature et les textes sacrés. Le gouvernement iraquien a confirmé que le site avait été attaqué au bulldozer par des groupes extrémistes armés dans la journée du 5 mars.

La Directrice générale de l'UNESCO a également appelé « tous ceux qui le peuvent, et en priorité les jeunes, en Iraq et ailleurs, à tout mettre en œuvre pour protéger ce patrimoine et à le revendiquer comme le leur et comme le bien commun de l'humanité. »

« J'appelle toutes les institutions ‎culturelles, les musées, les journalistes, les professeurs et les scientifiques, à partager et expliquer encore davantage l'importance de ce patrimoine, de la civilisation mésopotamienne. Contre la folie criminelle de ceux qui détruisent la culture, nous devons aussi répondre par plus de culture et par une mobilisation sans précédent », a-t-elle dit.

‎Mme Bokova a déclaré avoir déjà saisi le président du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) sur ce sujet. « L'ensemble de la communauté internationale doit unir ses efforts, en solidarité avec le gouvernement et le peuple iraquien, pour stopper cette catastrophe », a-t-elle dit.

« De même, l'UNESCO est déterminée à tout mettre en œuvre pour documenter et protéger le patrimoine de l'Iraq et enrayer la lutte contre le trafic illicite des objets culturels, qui participe directement au financement du terrorisme. L'enjeu est la survie de la culture et de la société iraquienne », a-t-elle ajouté.