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Sous l'égide de l'ONU, les Etats ouest-africains s'engagent à mettre fin à l'apatridie

Un homme identifié comme Oumar et qui risquait l'apatridie, détient la carte d'identité de son père datant de l'époque coloniale française. (archive 2015)
HCR / Hélène Caux
Un homme identifié comme Oumar et qui risquait l'apatridie, détient la carte d'identité de son père datant de l'époque coloniale française. (archive 2015)

Sous l'égide de l'ONU, les Etats ouest-africains s'engagent à mettre fin à l'apatridie

Des délégués représentant quinze nations ouest-africaines se sont engagés à intensifier leurs efforts afin d'éliminer l'apatridie et à régulariser la situation des centaines de milliers d'apatrides que compte actuellement la région, s'est félicité vendredi l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Cette actualité intervient à la suite d'un évènement de haut niveau, sous l'égide de l'ONU, organisé cette semaine en Côte d'Ivoire, à l'issu duquel les quinze pays appartenant à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont adopté une déclaration, mercredi 25 février, en faveur de « la prévention, la réduction et l'élimination de l'apatridie ».

Selon un communiqué de presse du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la déclaration des quinze pays contient 25 engagements et souligne la nécessité pour les Etats de la CEDEAO de rassembler des « informations concrètes sur les causes de l'apatridie » ainsi que sur le nombre de personnes apatrides dans la région. Selon les estimations du HCR, environ 750.000 personnes sont actuellement apatrides ou risquent de le devenir en Afrique de l'Ouest, dont 700.000 en Côte d'Ivoire.

En outre, la déclaration souligne que chaque enfant devrait acquérir une nationalité à la naissance et que tous les enfants abandonnés devraient être considérés comme des ressortissants de l'Etat dans lequel ils résident.

Le texte met également l'accent sur la nécessité de veiller à ce que les hommes et les femmes bénéficient des mêmes droits concernant l'acquisition, le changement et la conservation de leur nationalité et sa transmission à leurs enfants.

« En fin de compte, le concept 'd'appartenance' va bien au-delà des textes juridiques et des papiers d'identité, et nécessite une volonté politique de fomenter la tolérance et l'acceptation, et de construire un espace social et humain pour que tous les membres de la société puissent être reconnus, y contribuer et y prendre part », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, dans son allocution de clôture de l'évènement.

En novembre dernier, le HCR avait lancé une campagne mondiale, intitulée « J'APPARTIENS », avec pour objectif d'éradiquer l'apatridie dans le monde dans les dix prochaines années.

L'agence de l'ONU a cependant noté que de nouveaux risques d'apatridie sont apparus à la suite des conflits majeurs proliférant dans le monde à l'heure actuelle, citant notamment les guerres en République centrafricaine et en Syrie, qui ont contraint des millions de personnes au déplacement interne ou à devenir des réfugiés.

Du fait de ces conflits, des dizaines de milliers d'enfants sont nés en exil dans des familles de réfugiés, menacés d'apatridie. Le HCR travaille en étroite collaboration avec les gouvernements et ses partenaires dans les pays d'accueil afin de prioriser l'enregistrement de ces naissances.

Selon le HCR, au cours de la dernière décennie, 4 millions de personnes apatrides ont pu acquérir une nationalité ou ont obtenu la confirmation de leur nationalité à la suite de changements législatifs et politiques.

Néanmoins, a indiqué l'agence de l'ONU, on estime que plus de 10 millions de personnes dans le monde sont actuellement concernées par l'apatridie.

« Avoir une nationalité est quelque chose que la plupart des gens tiennent pour acquis – mais ceux qui n'en ont pas ou qui ne peuvent pas prouver qu'ils en ont une sont souvent condamnés à une vie de discrimination, de frustration et de désespoir », a conclu M. Guterres.