L'actualité mondiale Un regard humain

« Le Yémen est en train de s'effondrer sous nos yeux », met en garde Ban Ki-moon

Les dégâts causés aux infrastructures en raison des combats entre les forces gouvernementales et les rebelles sont très importants dans certains régions du Yémen. Photo OCHA/EmanAl-Awami
Les dégâts causés aux infrastructures en raison des combats entre les forces gouvernementales et les rebelles sont très importants dans certains régions du Yémen. Photo OCHA/EmanAl-Awami

« Le Yémen est en train de s'effondrer sous nos yeux », met en garde Ban Ki-moon

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation au Yémen, le Secrétaire général de l'Organisation, Ban Ki-moon, a mis en garde jeudi la communauté internationale sur une possible désagrégation du pays, exhortant les Nations Unies et les parties yéménites à éviter de sombrer dans la guerre civile.

Selon la presse, le Yémen est en proie à une récente vague de violences depuis que des miliciens houthis, membres du groupe rebelle chiite Ansarallah, ont fait leur entrée il y a environ quatre mois à Sana'a, la capitale du pays, dénonçant le projet de Constitution défendu par le gouvernement. Suite aux violents combats qui ont opposé courant janvier les miliciens et les gardes du palais présidentiel, provoquant une vague de violence dans la capitale yéménite, le Président du pays, Abd Rabbo Mansour Hadi, et son Premier ministre, Khaled Bahah, ont annoncé leur démission le 23 janvier dernier.

« Soyons clair : le Yémen est en train de s'effondrer sous nos yeux. Nous ne pouvons pas rester là à regarder », a déclaré le Secrétaire général devant les membres du Conseil, avant de dresser le bilan des multiples défis auxquels le pays est actuellement confronté.

« La crise politique dangereuse se poursuit à Sana'a. Le Président Abd Rabbo Mansour Hadi, le Premier ministre Khaled Bahah, les membres du gouvernement et d'autres représentants de l'Etat doivent pouvoir bénéficier de la liberté de mouvement », a poursuivi M. Ban.

Abordant la question des droits de l'homme, le chef de l'ONU s'est dit préoccupé par les rapports faisant état d'usages excessifs de la force pour disperser des manifestants pacifiques, d'arrestations arbitraires et de détentions de militants de la société civile et de journalistes. « J'appelle à la protection des droits de l'homme, en particulier les libertés de réunion pacifique et d'expression », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général s'est également inquiété des attaques de plus en plus répandues et meurtrières menées par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et de l'escalade des hostilités entre AQPA et les Houthis dans diverses provinces du sud de Sanaa, notamment à Damar et à al-Baydah.

M. Ban a également mentionné la croissance des idées sécessionnistes dans le sud du pays et la crise humanitaire aiguë que subit actuellement le Yémen, où 61% de la population – près de 16 millions de personnes – a désormais besoin d'une aide humanitaire d'urgence.

« Ces développements menacent la paix et la sécurité régionales et internationales », a déclaré le Secrétaire général, appelant toutes les parties à respecter le cadre commun établi par l'Accord pour la paix et un partenariat national ainsi que les décisions issues de la Conférence de dialogue national et l'accord relatif à l'Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre.

« J'attends des parties qu'elles s'abstiennent de toute nouvelle provocation et mettent en œuvre ces accords dans leur intégralité et sans plus tarder », a insisté M. Ban.

A cette fin, le Secrétaire général a demandé aux membres du Conseil de sécurité de renouveler leur soutien envers son Conseiller spécial sur le Yémen, Jamal Benomar, actuellement sur le terrain pour tenter de faciliter, « dans des circonstances opérationnelles très difficiles », les négociations entre toutes les parties afin de trouver une solution consensuelle et pacifique à la crise.

M. Benomar, qui assistait à la réunion du Conseil par vidéoconférence, a également informé les quinze membres de l'évolution de la situation au Yémen sur le terrain durant ces derniers jours.

« J'ai continué à exercer les bons offices du Secrétaire général en convoquant des négociations quotidiennes avec 12 partis politiques, y compris Ansarallah, afin de trouver une solution consensuelle à l'impasse politique actuelle », s'est félicité le Conseiller spécial.

Cependant, a-t-il ajouté, « le 6 février, de façon surprenante, Ansarallah a pris des mesures unilatérales. Ils ont organisé un rassemblement de leurs partisans devant le Palais de la République, et ont annoncé une soi-disant 'déclaration constitutionnelle'. Cette déclaration précisait que le Parlement était dissout, qu'un conseil présidentiel composé de cinq membres allait être formé et qu'un comité révolutionnaire suprême dirigerait temporairement le pays ».

M. Benomar a condamné la décision unilatérale prise par les Houthis alors même que les négociations progressaient de façon satisfaisante et s'est inquiété du fait que l'instabilité actuelle favorise la réémergence d'AQPA dans le pays.

En conclusion, le Conseiller spécial a renouvelé l'engagement de l'ONU à aider le Yémen à réussir sa transition politique et à tout faire pour éviter aux pays de « sombrer dans la guerre civile et la désintégration ».