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Libye : l'ONU dénonce les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme

Une rue animée dans le centre de Tripoli, en Libye. Photo MANUL/Abbas Toumi
Une rue animée dans le centre de Tripoli, en Libye. Photo MANUL/Abbas Toumi

Libye : l'ONU dénonce les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a prévenu mardi que les défenseurs des droits de l'homme en Libye sont de plus en plus victimes d'attaques par les groupes armés depuis la recrudescence des combats mi-mai à Benghazi puis à Tripoli.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a prévenu mardi que les défenseurs des droits de l'homme, les militants politiques, les blogueurs et les professionnels des médias en Libye sont de plus en plus victimes d'attaques par les groupes armés depuis la recrudescence des combats mi-mai à Benghazi puis à Tripoli.

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) a reçu de nombreux rapports signalant des menaces, des enlèvements et des assassinats de membres de la société civile, provoquant l'exil de défenseurs des droits de l'homme tandis que d'autres ont réduit leur militantisme ou sont passés dans la clandestinité.

« Le travail des militants de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme est particulièrement important dans le contexte du conflit actuel en Libye », a déclaré M. Zeid. « Les victimes de violations des droits humains en Libye comptent sur ces acteurs importants pour documenter et attirer l'attention sur leur sort. Le climat de peur créé par ces attaques, accompagné par l'impunité totale dont jouissent leurs auteurs, menace de faire taire les quelques voix indépendantes à l'intérieur du pays. »

A Benghazi, 10 personnes ont été tuées en une seule journée, le 19 septembre, dont deux jeunes militants de la société civile connus, Tawfik Bensaud, 18 ans, et Sami al-Kawafi, 17 ans. Depuis le mois de mai, un certain nombre d'autres personnalités publiques ont été tuées dans cette ville, notamment le rédacteur-en-chef Muftah Abu Zeid et l'avocate et militante des droits humains Salwa Bugaighis.

A Tripoli, depuis juillet, un certain nombre de militants et d'autres personnalités publiques ont été enlevés, ont reçu des menaces ou ont vu leurs maisons pillées ou brûlées.

Les femmes militantes sont particulièrement vulnérables et font face à des pressions pour ne plus s'exprimer en public. Une femme a signalé avoir reçu plusieurs appels de groupes armés avertissant que si elle continuait d'écrire sur les droits des femmes, elle et ses enfants seraient tués. Elle a depuis quitté le pays avec sa famille.

Les professionnels des médias continuent d'être la cible de menaces. Un journaliste à Tripoli aurait quitté le pays après avoir reçu des menaces de mort sur les médias sociaux, ainsi que des menaces contre sa famille. Un autre a été enlevé pendant quatre jours en septembre.

« Je condamne ces attaques qui ont lieu en toute impunité, des policiers, des procureurs et des juges étant eux-mêmes la cible de groupes armés », a déclaré le Haut-Commissaire Zeid. Il a exhorté les autorités libyennes à prendre toutes les mesures possibles pour mener des enquêtes rapides, approfondies et impartiales, et pour que les responsables rendent des comptes.

Le Haut-Commissaire a ajouté que les autorités devraient faire tout leur possible pour assurer une protection adéquate aux victimes, aux témoins et aux fonctionnaires du système judiciaire.

M. Zeid a prévenu les groupes armés qui exercent un contrôle effectif sur le terrain en Libye que leurs membres et leurs dirigeants sont responsables selon la loi libyenne et internationale pour les violations qu'ils commettent ou ne font rien pour empêcher. « Les attaques contre les civils sont des crimes de guerre, » a-t-il ajouté, notant que la Cour pénale internationale continue d'avoir compétence sur ces crimes en Libye.