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Près de la moitié des personnes âgées dans le monde sont privées de retraite, selon l'OIT

Un vieil homme à Oulan-Bator. Photo Banque mondiale/Dave Lawrence
Un vieil homme à Oulan-Bator. Photo Banque mondiale/Dave Lawrence

Près de la moitié des personnes âgées dans le monde sont privées de retraite, selon l'OIT

Près de la moitié (48%) des personnes ayant dépassé l'âge de la retraite dans le monde ne touchent aucune pension et, pour une bonne part des 52% qui en perçoivent une, la protection est insuffisante, indique un nouveau rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT) publié mardi.

De ce fait, la majorité des personnes âgées, hommes et femmes, n'ont aucune sécurité de revenu, ni possibilité de prendre leur retraite et doivent continuer à travailler autant qu'ils/elles le peuvent – souvent dans des conditions de précarité, avec de faibles rémunérations.

L'étude de l'OIT, qui est intitulée « Protection sociale pour les personnes âgées : principales politiques et statistiques », révèle que ces dernières années de nombreux pays à revenu intermédiaire ou faible ont rapidement étendu la couverture de leurs régimes de retraite en associant les pensions sociales contributives et non contributives, financées par l'impôt ou les cotisations.

Les systèmes de retraite de 178 pays ont été passés en revue. Plus de 45 pays ont atteint un taux de couverture de 90% et que plus de 20 pays en développement sont parvenus à des régimes de retraite universels ou presque.

« De nombreux pays en développement étendent fortement leurs régimes de retraite – une tendance très positive », a constaté Isabel Ortiz, Directrice du Département de la protection sociale de l'OIT. « Mais la garantie de prestations de retraite suffisantes est aussi importante que l'élargissement de la couverture. Les hommes et femmes âgés ont le droit de partir en retraite dans la dignité, sans sombrer dans la pauvreté. C'est un problème qui concerne le monde entier. »

Une remarquable hausse de la couverture des pensions de retraite a été obtenue en une décennie seulement en Chine, au Lesotho, en Thaïlande, au Timor-Leste et en Tunisie, passant d'environ 25% à plus de 70% de la population. Les pensions financées par l'impôt jouent un rôle majeur dans l'extension de la couverture des régimes de retraite parce qu'elles assurent un niveau minimal de protection à ceux qui ne bénéficient pas d'un régime par répartition.

Selon le rapport, les politiques d'assainissement budgétaire adoptées à partir des années 2010 ont abouti à la réduction de la protection sociale pour les personnes âgées. Les mesures d'ajustement consistaient à couper dans les dépenses de santé et autres services sociaux, ainsi qu'à réformer les retraites en relevant l'âge de départ en retraite, en diminuant les prestations et en augmentant les taux de cotisation.

« Ces ajustements compromettent l'adéquation des régimes de retraite et de protection sociale et leur capacité à prévenir la pauvreté chez les personnes âgées », constate Mme Ortiz.

« Les dommages de l'austérité ne se manifestent qu'à long terme. La baisse des niveaux de revenu des ménages aboutit à une diminution de la consommation intérieure et affecte la reprise de l'économie. Il est inquiétant de constater que les futurs retraités toucheront des pensions réduites dans au moins 14 pays européens en 2050», a-t-elle ajouté.

Mme Ortiz a expliqué que les effets positifs de la protection sociale à la fois sur le développement économique et social, par exemple en stimulant les dépenses de consommation et en favorisant une croissance économique plus inclusive, ont placé la protection sociale en tête de l'agenda pour le développement.

De nombreux pays à revenu intermédiaire élargissent leur protection sociale dans le cadre de leur stratégie de relance de la croissance économique. « La Chine par exemple est parvenue à une couverture quasi universelle des retraites et a augmenté les salaires », a relevé Mme Ortiz.

Certains pays, notamment l'Argentine, la Bolivie, le Chili, la Hongrie, le Kazakhstan et la Pologne, reviennent sur la privatisation de leurs régimes de retraite qui avait eu lieu dans les années 1980 et 1990 parce qu'ils sont trop coûteux et ne permettent pas d'étendre la couverture des pensions. La renationalisation totale ou partielle de ces systèmes de retraite a pour but de réduire les coûts budgétaires, d'améliorer le taux de couverture et la sécurité du revenu pour les personnes âgées.

« Les systèmes publics de sécurité sociale dotés de solides socles de protection sociale sont indispensables à la reprise économique, au développement inclusif et à la justice sociale; ils doivent donc faire partie intégrante du programme de développement pour l'après-2015 », a précisé Mme Ortiz. « La protection sociale en cas de vieillesse est un droit de l'homme reconnu par les normes internationales du travail. De plus, elle est aussi rentable sur le plan économique. »