L'actualité mondiale Un regard humain

Iraq : Ban Ki-moon appelle à faire davantage pour protéger les Yézidis

Le point de contrôle de Khazair entre l'Iraq et la région du Kurdistan a vu passer des centaines de milliers de déplacés fuyant l'avancée de l'Etat islamique.
Emma Beals/IRIN
Le point de contrôle de Khazair entre l'Iraq et la région du Kurdistan a vu passer des centaines de milliers de déplacés fuyant l'avancée de l'Etat islamique.

Iraq : Ban Ki-moon appelle à faire davantage pour protéger les Yézidis

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé la communauté internationale à faire davantage pour protéger les Yézidis qui ont trouvé refuge au Mont Sinjar, en Iraq, pour fuir l'avancée de l'Etat islamique.

« L'Etat islamique est une menace pour l'Iraq, la Syrie et la région. Je suis profondément choqué par les actes barbares signalés, notamment des exécutions sommaires, des garçons pris de force pour combattre et des filles enlevées ou transformées en esclaves sexuelles », a dit Ban Ki-moon lors d'un point de presse au siège des Nations Unies à New York.

« La souffrance des Yézidis au Mont Sinjar est particulièrement poignante. Le personnel humanitaire des Nations Unies est dans la région faisant ce qu'il peut. Les largages aériens de nourriture et d'eau arrivent à certaines personnes qui sont prises au piège. Mais la situation dans la montagne est catastrophique », a-t-il ajouté.

« J'exhorte la communauté internationale à faire davantage pour fournir la protection dont ces personnes ont besoin. Et je condamne dans les termes les plus forts possibles la persécution systématique des individus appartenant à des minorités et de ceux qui refusent l'idéologie extrémiste de l'Etat islamique et des groupes armés associés », a encore dit le Secrétaire général.

De leur côté, le Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, Adama Dieng, et la Conseillère spéciale du Secrétaire général sur la responsabilité de protéger, Jennifer Welsh, ont vivement condamné mardi l'exécution de 500 membres de la communauté yézidie à Sinjar et dans les environs qui aurait été perpétrée par l'Etat islamique.

Dans une déclaration à la presse, les deux conseillers ont également dit être alarmés par les informations faisant état d'enlèvements par l'Etat islamique de 1.500 femmes et jeunes filles des minorités yézidie, chrétienne et shabak.

M. Dieng et Mme Welsh ont appelé le Conseil de sécurité à faire de la protection des civils la priorité de sa réponse à la crise actuelle.

Pour sa part, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a averti mardi que le gouvernorat de Dohouk, dans la région du Kurdistan en Iraq, était confronté à un afflux massif de personnes déplacées fuyant l'avancée de l'Etat islamique.

« Des milliers de personnes ont fui les montagnes de Sinjar via la Syrie pour revenir dans le gouvernorat de Dohouk au cours des trois derniers jours. Les nouveaux arrivants sont épuisés, déshydratés et beaucoup ont souffert d'insolations ou de coups de chaleur, les températures quotidiennes atteignant 40 à 45 degrés Celsius », a expliqué un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève.

Les personnes se rendent dans des villes comme Zakho et Dohouk où des écoles ont été mises à leur disposition. Elles bénéficient de nourriture, d'eau et de soins médicaux. A l'heure actuelle, 20.000 à 30.000 personnes, selon les estimations, restent piégées dans les montagnes de Sinjar sans nourriture, ni eau, ni abri. L'accès à ces familles est extrêmement limité, a-t-il ajouté.

Selon le maire de Zakho, sa municipalité située à quelques kilomètres seulement de la frontière turque accueille environ 100.000 déplacés originaires principalement de Sinjar et de Zumar ayant trouvé refuge dans cette ville au cours de la semaine dernière. Les autorités locales ont ouvert les écoles et les bâtiments communautaires pour héberger les déplacés qui s'abritent également sous des ponts et dans des bâtiments en chantier.

Le gouvernorat de Dohouk accueille actuellement près de 400.000 Iraquiens déplacés, dont des minorités yézidies, chrétiennes, chabaks, kakaies, arméniennes et turcomanes. Certains sont accueillis par des proches, d'autres sont hébergés dans des écoles, des églises, des mosquées, des parcs et des carcasses d'appartements sans eau ni électricité. Le HCR distribue des matelas, des couvertures, des kits de produits d'urgence, des produits domestiques et des kits d'hygiène.

« Entre 7.000 et 10.000 personnes sont hébergées dans le camp de Bajet Kandela. Les préparatifs sont achevés pour l'extension du camp et 5.000 nouvelles tentes vont être ajoutées au camp à partir d'aujourd'hui. Le camp dispose d'eau, d'électricité et d'autres infrastructures essentielles », a dit le porte-parole du HCR.

Trois camps supplémentaires sont prévus dans le gouvernorat de Dohouk à Zakho, Shariya et Khanke. Le gouvernement turc devrait bientôt commencer les travaux pour les camps de Zakho et Shariya, tandis que les préparatifs pour le site de Khanke ont démarré avec l'aide technique du HCR. La construction devrait commencer la semaine prochaine.

Au total, il y a plus de 1,2 million de déplacés internes en Iraq, dont 700.000 selon les estimations dans la région du Kurdistan qui accueille déjà quelque 220.000 réfugiés syriens.

De son côté, la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a condamné mardi le meurtre de la journaliste Leyla Yildizh, également connue sous le nom de Deniz Firat, en Iraq.

« Il est essentiel que toutes les parties impliquées dans le conflit qui touche la région respectent le statut civil des journalistes et leur droit à exercer leur profession dans des conditions de sécurité satisfaisantes », a dit Mme Bokova.

« Il est également important que les médias s'assurent que les personnes qu'ils emploient dans les zones de conflit bénéficient d'une formation appropriée et du soutien des organisations professionnelles ».

Leyla Yildizh, photographe et journaliste de télévision pour l'agence de presse Firat, est morte au cours d'une attaque qui s'est produite le 8 août alors qu'elle effectuait un reportage dans le camp de réfugiés de Maxmur situé au nord de Mossoul.