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Haïti : un expert de l'ONU appelle à des solutions durables pour les déplacés

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes déplacées, Chaloka Beyani.
ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes déplacées, Chaloka Beyani.

Haïti : un expert de l'ONU appelle à des solutions durables pour les déplacés

Quatre ans après le séisme, il est temps de passer d'une approche principalement humanitaire à une approche de développement, a déclaré vendredi l'expert indépendant des Nations Unies Chaloka Beyani, en lançant un appel en faveur de la recherche de solutions durables pour les personnes déplacées internes et les couches vulnérables de la population en Haïti.

« Il est grand temps de donner la priorité à une approche de développement afin d'apporter des solutions durables aux personnes déplacées », a observé le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays, au terme de sa mission d'une semaine en Haïti.

« La simple fermeture des camps ne signifie pas que des solutions durables pour les déplacés ont été trouvées », a souligné M. Beyani. « Bien que le nombre de déplacés ait baissé de 1,5 million de personnes après le séisme à environ 100.000 aujourd'hui, il reste beaucoup à faire. »

Pour atteindre cet objectif, l'expert a recommandé qu'une évaluation soit faite afin d'identifier les besoins des différentes catégories de personnes déplacées internes en matière de solutions durables et pour connaître l'emplacement de celles qui vivent hors des camps. Il a aussi réclamé qu'un sondage destiné à connaître leurs intentions soit effectué sur une base consultative et participative afin de savoir quelle solution durable pourrait leur convenir.

« La mise en place de solutions durables passe par la création d'opportunités de développement dans l'ensemble du pays, par l'Etat de droit et par une politique globale du logement ciblant aussi les personnes déplacées », a ajouté le Rapporteur spécial.

« La politique d'aide au logement, qui a pour but d'aider les personnes déplacées internes à quitter les camps et à trouver un logement locatif dans les quartiers, est une mesure provisoire pour désengorger les camps. Pour qu'elle soit durable, cette politique doit être accompagnée d'activités de subsistance et d'activités génératrices de revenu. Elle doit également bénéficier à l'ensemble de la communauté au sein de laquelle la personne déplacée interne vit, notamment par le biais d'une amélioration de l'accès aux services de base. »

Le Rapporteur spécial s'est félicité de la constitution de groupes sectoriels et de comités interministériels chargés de coordonner les activités de développement. Il recommande toutefois que les mesures prises dans les domaines de l'eau, de l'assainissement, de la santé, de l'éducation, de l'emploi et de l'agriculture prennent en compte les besoins des personnes déplacées internes.

« Le soutien humanitaire dans les derniers camps et sites devrait se poursuivre afin de régler le problème des conditions de vie très précaires des personnes déplacées internes et de répondre à leurs besoins essentiels, surtout dans les domaines de l'eau et de l'assainissement, domaines indispensables à la santé publique », a-t-il ajouté. « Je demande que la protection spécifique accordée aux personnes déplacées internes soit maintenue dans le cadre des efforts de développement, en particulier en faveur des femmes et des enfants. »

Le Gouvernement haïtien a la responsabilité première d'œuvrer en faveur d'approches fondées sur le développement afin de trouver des solutions durables pour les personnes déplacées internes et les personnes vulnérables en général, a déclaré le Rapporteur spécial. « Ceci permettra l'intégration des déplacés internes dans des quartiers urbains et des zones rurales où ils pourront reprendre une vie normale, comme tout citoyen haïtien, sans être discriminés du fait de leur situation. »

Au cours de sa visite d'une semaine, le Rapporteur spécial a notamment rencontré des membres du gouvernement haïtien et la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, Sandra Honoré, ainsi que des représentants de la société civile. Il a visité des camps et des sites de déplacés internes ainsi que dans le quartier de Canaan à Port-au-Prince.