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Toxicomanie : des experts de l'ONU appellent au renforcement de la prévention

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Toxicomanie : des experts de l'ONU appellent au renforcement de la prévention

La prévention et le traitement de la toxicomanie figurent parmi les mesures les plus rentables pour faire face aux conséquences économiques de l'abus de drogues, affirme l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans un nouveau rapport publié mardi.

L'abus de drogues a des répercussions dans de nombreux domaines tels que la santé, la sécurité publique, la criminalité, la productivité et la gouvernance. Bien qu'il soit difficile de chiffrer en termes monétaires le coût réel total à l'échelle mondiale, faute de données suffisantes, il est indispensable de connaître les coûts économiques de cet abus pour pouvoir élaborer des politiques permettant de réduire ces coûts, estime l'OICS, qui est un organe d'experts indépendants associé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

« La plupart des études montrent que chaque dollar investi dans de bons programmes de prévention peut permettre aux pouvoirs publics d'économiser jusqu'à 10 dollars par la suite; par conséquent, les dépenses que les gouvernements consacrent à la prévention, au traitement et à la réadaptation ainsi qu'à leurs systèmes de contrôle réglementaire doivent être maintenues, même en période d'austérité financière », souligne l'OICS.

Bien que les coûts et les conséquences de l'abus de drogues peuvent varier considérablement selon les régions géographiques, l'OICS a appelé les gouvernements de tous les pays à intégrer des politiques et des initiatives de lutte contre le trafic de drogues dans leurs programmes nationaux, en gardant à l'esprit le principe de la responsabilité partagée et l'objectif essentiel que constitue le renforcement des institutions à tous les niveaux de l'État.

« Bien que l'impact sanitaire soit l'un des facteurs de pertes économiques les plus importants, investir dans le traitement est rentable par rapport aux coûts résultant de l'absence de traitement et de la persistance de la toxicomanie ou de l'incarcération: aux États-Unis, un dollar investi dans le traitement se traduit par une réduction comprise entre 4 et 12 dollars des coûts imputables à la criminalité et aux soins de santé », explique l'OICS.

L'héroïne, le cannabis et la cocaïne sont les drogues que les personnes qui entament un traitement dans le monde entier disent le plus souvent consommer, et seulement un usager problématique de drogues sur six dans le monde, soit quelque 4,5 millions de personnes, reçoit le traitement requis, pour un coût annuel global d'environ 35 milliards de dollars.

La proportion d'usagers problématiques de drogues recevant un traitement varie beaucoup d'une région à l'autre. Elle est de seulement un sur 18 en Afrique, contre un sur 11 en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Europe de l'Est et du Sud-Est et un sur trois en Amérique du Nord.

Selon les informations communiquées par les gouvernements de la région, c'est l'Amérique du Nord qui a les taux de mortalité liée à la drogue les plus élevés au monde, environ 48 000 décès ayant été constatés en 2011, ce qui représente un taux de mortalité de 155,8 par million d'habitants âgés de 15 à 64 ans. À l'échelle mondiale, on estime à 211 000 par an le nombre de décès dus à l'usage de drogues, ce qui représente entre 0,5 et 1,3% de l'ensemble des décès, toutes causes confondues, de personnes âgées de 15 à 64 ans, les jeunes étant exposés à un risque particulièrement élevé.

Concernant les conséquences de la fabrication des stupéfiants et drogues, l'OICS affirme que « la dégradation et la fragmentation des forêts résultant de la culture illicite de plantes servant à fabriquer des drogues et la perte de terres pouvant être consacrées à des cultures vivrières sont préjudiciables à la fois à l'environnement et à la sécurité alimentaire. En outre, la fabrication et l'élimination illicites de drogues et de produits pharmaceutiques se traduisent par une importante contamination de l'environnement, y compris une exposition chronique à de faibles doses de drogues ».

Les coûts de la criminalité liée à l'abus de drogues ont pour origine non seulement les charges qui pèsent sur les appareils répressifs et judiciaires, mais aussi les taux d'incarcération accrus pour des infractions liées à l'usage de drogues.

« Des études montrent que les coûts globaux des trois principaux types de criminalité généralement associés à l'abus de drogues – la criminalité psychopharmacologique, qui correspond aux infractions commises sous l'emprise des drogues, la criminalité économico-compulsive, à laquelle les usagers de drogues se livrent pour entretenir leur consommation et leur dépendance, et la criminalité systémique, c'est-à-dire celle motivée, par exemple, par des conflits de “territoire” de trafic – sont élevés, mais varient d'une région à l'autre », indique l'OICS.