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Un expert de l'ONU appelle au calme devant la vague de mécontentement au Cambodge

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Cambodge, Surya P. Subedi. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Cambodge, Surya P. Subedi. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Un expert de l'ONU appelle au calme devant la vague de mécontentement au Cambodge

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Cambodge, Surya P. Subedi, a réitéré vendredi son appel au calme et à la retenue alors que des manifestations se déroulent quotidiennement dans la capitale Phnom Penh.

« Les manifestations comme celles de ces derniers jours et semaines sont sans précédent au Cambodge. Je suis heureux de constater que l'espace démocratique s'est élargi au point que beaucoup de Cambodgiens se sentent suffisamment à l'aise pour descendre dans la rue et s'exprimer sans crainte de représailles », se félicite M. Subedi dans un communiqué de presse.

L'expert exhorte donc les autorités du pays à continuer de faciliter les manifestations pacifiques, tout en appelant les manifestants, parmi lesquels se trouvent des travailleurs en grève du textile et des patrons d'usines, à ne pas se livrer à la violence.

« Je lance une fois de plus un appel à toutes les parties pour qu'elles cultivent la plus grande retenue », dit-il, ajoutant que « la tolérance et l'harmonie interethnique est cruciale pour l'avenir de la démocratie au Cambodge ».

Alors que des membres de l'opposition continuent de boycotter l'Assemblée nationale cambodgienne, M. Subedi exhorte les deux parties à reprendre les négociations pour résoudre l'impasse politique actuelle.

« Tout différend a besoin d'un mécanisme crédible de résolution acceptable pour les deux parties. En l'absence d'un tel mécanisme, les partisans de l'opposition sont descendu dans la rue. Il est impératif que les deux parties reviennent à la table des négociations », souligne l'expert.

M. Subedi appelle également à des négociations significatives pour régler la question en suspens du salaire minimum. Toutes les parties – gouvernement, ouvriers en grève, syndicats, usines et consommateurs – ont besoin de rassurer les manifestants en leur prouvant qu'ils réfléchissent à une structure salariale réaliste, ajoute-t-il.

« Les négociations doivent se baser sur des données concrètes qui reflètent le coût réel d'une vie digne et respectueuse des droits humains », affirme l'expert.

Le Rapporteur spécial exprime aussi un optimisme prudent pour 2014, alors que le Cambodge est sollicité de toutes parts par des appels insistants à la réforme. « Je crois toujours que la récente élection peut marquer un tournant dans le processus d'amélioration de la protection des droits de l'homme au Cambodge », estime-t-il.

« Il semble y avoir un consensus selon lequel une réforme doit être engagée dans de nombreux secteurs, notamment l'organisation des élections, la justice, la gestion des terres agricoles, le droit du travail, l'éducation et les soins de santé », relève M. Subedi, pour qui il y a un besoin urgent de mettre au point des moyens efficaces de règlement des différends.

« Les opportunités sont là. C'est le moment de les saisir et de traduire les promesses en réformes profondes et je me tiens prêt à aider le gouvernement et l'opposition en ce sens. » Aussi M. Subeidi a-t-il espéré que les recommandations qu'il a formulées dans ses rapports précédents sur les réformes judiciaire, parlementaire et électorale puissent d'avérer utiles dans ce contexte.