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Soudan du Sud: sur fond d'aggravation du conflit, Ban propose de renforcer le nombre de Casques bleus

Des Casques bleus de la MINUSS fournissent une assistance à des civils déplacés au Soudan du Sud.
MINUSS
Des Casques bleus de la MINUSS fournissent une assistance à des civils déplacés au Soudan du Sud.

Soudan du Sud: sur fond d'aggravation du conflit, Ban propose de renforcer le nombre de Casques bleus

Le Secrétaire général Ban Ki-moon a convoqué lundi une réunion de crise avec ses principaux conseillers sur la détérioration de la situation au Soudan du Sud, proposant le renforcement de l'opération de maintien de la paix des Nations Unies dans ce pays afin de mettre fin à un conflit marqué par une flambée de violences interethniques.

« Je suis déterminé à faire en sorte que la MINUSS dispose des moyens dont elle a besoin pour mener à bien sa tâche primordiale de protection des civils », a déclaré Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse donnée à New York quelques heures après son retour des Philippines, où il s'était rendu pour évaluer la situation après le passage du typhon Haiyan.

« Je vais consacrer une partie importante de ma journée d'aujourd'hui à m'entretenir avec les dirigeants régionaux et d'autres des moyens de renforcer le soutien militaire de la MINUSS, ainsi que le soutien politique aux efforts visant à désamorcer la crise », a-t-il expliqué, en rappelant que la Mission est dotée d'un effectif militaire de 6.800 Casques bleus.

Les affrontements se multiplient dans le pays depuis le week-end dernier, à la suite d'une tentative de coup d'état présumée menée par des soldats fidèles à l'ancien Vice-Président, Riek Machar, limogé en juillet, contre le gouvernement du Président Salva Kiir. M. Kiir appartient à l'ethnie Dinka et M. Machar à l'ethnie Lour Nuer.

Le Secrétaire général s'est dit « particulièrement inquiet » des informations faisant état de meurtres ethniques ciblés dans le cadre d'un conflit qui a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes, notamment 45.000 qui se sont réfugiées aux abords ou à l'intérieur des différentes bases de la MINUSS à travers le pays.

Jeudi dernier, une attaque a été lancée contre une base de la Mission à Akobo, dans l'Etat troublé de Jonglei, où près de 2.000 assaillants lourdement armés ont tué 20 civils de l'ethnie Dinka et deux Casques bleus des Nations Unies. Un autre Casque bleu a été blessé au cours de l'incident. A l'issue de cette attaque, les assaillants, soupçonnés d'être issus de la communauté Lour Nuer, se sont enfuis avec des armes, des munitions et d'autres articles pillés sur place.

Hier, par mesure de précaution, la MINUSS a annoncé que, par mesure de précaution, son personnel non-essentiel basé à Juba, la capitale sud-soudanaise, serait réinstallé dans la ville ougandaise d'Entebbe, jusqu'au retour de conditions de sécurité acceptables. La MINUSS a déjà évacué tout le personnel civil restant de sa base de Bor, dans l'Etat de Jonglei, vers Juba. Parallèlement, la mission envisage de renforcer sa présence militaire à Bor et Pariang pour continuer de s'acquitter de son mandat de protection des civils.

À l'issue de la réunion de crise, à laquelle participeront des conseillers de haut niveau, notamment la Représentante spéciale pour le Soudan du Sud, Hilde Johnson, et le Représentant spécial de l'Union africaine, Haile Menkerios, qui s'exprimeront par visioconférence, le Secrétaire général adressera une lettre au Conseil de sécurité avec ses recommandations pour renforcer les contingents militaires et policiers et les moyens logistiques de la MINUSS.

« Nous sommes d'ores et déjà en contact avec les Etats membres afin de répondre aux nouvelles exigences. Nous cherchons également à faire appel à d'autres missions de maintien de la paix, tout en prenant soin de ne pas réduire leur propre capacité à répondre aux menaces là où elles opèrent », a-t-il précisé.

« La MINUSS protège les civils dans ses bases, soutient les opérations humanitaires, assure le suivi de la situation des droits de l'homme et enquête sur les dénonciations de violations », a-t-il noté, louant « nos courageux soldats de la paix », ainsi que le personnel de la mission.

« Je veux être absolument clair. Le monde scrute toutes les parties au Soudan du Sud. Les attaques contre les civils et les soldats de la paix de l'ONU déployés pour les protéger doivent cesser immédiatement. L'ONU enquêtera sur les graves violations des droits de l'homme et les crimes contre l'humanité. Les hauts responsables seront tenus personnellement comptables de leurs actes feront face aux conséquences – même si ils prétendent tout ignorer des attaques. »

Le patron de l'ONU a souligné qu'il avait demandé à plusieurs reprises au Président Kiir et aux leaders de l'opposition de se rendre à la table des négociations afin de trouver une issue politique à cette crise. « Quelles que soient leurs différences, ils ne peuvent justifier la violence qui s'est emparé de leur jeune nation. »

« Ils doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que leurs partisans entendent le message selon lequel la poursuite des violences, ethnique ou autre, est totalement inacceptable. Il est temps maintenant pour les dirigeants du Soudan du Sud de montrer à leur peuple et au reste du monde qu'ils sont, avant tout, engagés à préserver l'unité de la nation née de leur longue lutte pour l'indépendance. »

M. Ban s'est également adressé au peuple du Soudan du Sud, en leur promettant le soutien complet des Nations Unies. « Les Nations Unies se tenaient à vos côtés sur la route de l'indépendance », a-t-il déclaré. « Nous resterons avec vous maintenant. […] Nous ferons de notre mieux pour vous protéger, prêter une assistance humanitaire et surtout à aider le pays à retrouver le chemin de la paix. »