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L'ONU observe le 65ème anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide

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L'ONU observe le 65ème anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide

À l'occasion du 65ème anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le Secrétaire général Ban Ki-moon a rappelé que cet instrument était la pierre angulaire de l'engagement à protéger les populations vulnérables des violences les plus odieuses.

« Nous avons fait des avancées considérables depuis l'adoption de la Convention, mais nous avons également connu des revers considérables », rappelle M. Ban dans un discours qui a été lu par le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, lors d'une manifestation spéciale au Siège de l'Organisation à New York.

« Nous devons rester vigilants, courageux et persistants. Nous vivons dans un monde troublé, mais nous pouvons faire une différence. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être des témoins passifs. Nous devons toujours défendre les droits de l'homme, l'état de droit et la dignité », a-t-il ajouté.

La Convention fut adoptée en 1948, lors de la première session de l'Assemblée générale de l'ONU, quelques années après les atrocités commises durant la Seconde guerre mondiale et en particulier les crimes nazis contre les juifs et autres minorités.

Trois grands experts des droits de l'homme, Henri Donnedieu de Vabres, Raphael Lemkin et Vespasian Pella, ont été les principaux corédacteurs de ce texte qui définit le génocide comme « un acte commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe; et transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe ».

Actuellement, plus de 140 États ont ratifié cet instrument juridiquement contraignant.

« Les génocides ne se produisent pas en un instant. Il existe toujours des signes avant-coureurs de leur préparation, qui s'étalent sur plusieurs années. Le plus souvent, il s'agit de violations répétées des droits d'un groupe ou d'une entité spécifique au sein d'une population », a rappelé M. Eliasson.

« Cela signifie que le génocide devient possible dès que nous restons silencieux ou que nous n'avons pas la volonté d'agir. Mais cela signifie également que nous pouvons le prévenir », a-t-il observé.

De son côté, le Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, Adama Dieng, a indiqué que si la Convention précise que la responsabilité principale de la communauté internationale est de prévenir les génocides, elle a trop souvent failli à cette responsabilité, avec des conséquences tragiques et dévastatrices pour des civils innocents.

« Aujourd'hui, nous devons passer de la détection en amont à l'action en amont. Nous devons renforcer la capacité de nos institutions à réagir rapidement et de façon efficace face à des conflits potentiels et aux menaces de violations graves des droits de l'homme. Même les meilleurs systèmes de détection précoce seront inefficaces si les États ne sont pas en mesure d'agir ou le ne veulent pas après avoir pris conscience du danger », a expliqué M. Dieng.

Selon lui, le carnage qui se déroule actuellement en Syrie, ou la tragédie humanitaire en République centrafricaine, sont un rappel de « nos limites et notre manque de capacité à prendre des mesures robustes et rapides qui s'imposent pour protéger les civils contre des atrocités ».

« Toute inaction est inacceptable […]. Nous devons et nous pouvons faire davantage », a souligné M. Dieng en ajoutant que lorsque des civils sont pris pour cible en raison de leur appartenance à une communauté ou un groupe spécifiques, la communauté internationale est confrontée à un génocide ou à un risque de génocide.

« Nous ne pouvons plus nous permettre de tourner le dos à cette réalité, ni imaginer que les appels qui ne seraient pas assortis d'une menace, peuvent avoir un effet sur les responsables de politiques meurtrières, de nettoyages ethniques ou d'expulsions forcées. Ceux-là se rendent coupables de crimes contre l'humanité. Il est donc important que l'humanité réagisse en agissant et en organisant la défense des plus vulnérables », a-t-il ajouté. « Nous avons une obligation collective de protéger ceux qui sont sans défense ».