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Le Vice-Secrétaire général lance un appel de fonds en faveur du tribunal chargé de juger les khmers rouges

Le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson.
ONU/Amanda Voisard
Le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson.

Le Vice-Secrétaire général lance un appel de fonds en faveur du tribunal chargé de juger les khmers rouges

Un haut responsable des Nations Unies a appelé jeudi la communauté internationale à faire un effort pour financer le tribunal cambodgien soutenu par l'ONU qui juge les dirigeants khmers rouges accusés de crimes graves, et qui se heurte à de graves difficultés financières.

« Nous sommes tous d'accord pour reconnaître qu'il ne saurait y avoir d'impunité pour les crimes qui portent atteinte au fondement même de notre humanité commune. Mais nous devons faire d'avantage qu'être d'accord. Nous devons faire correspondre nos paroles à des actes », a déclaré le Vice-Secrétaire général, Jan Eliasson, lors de la conférence des donateurs pour les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), qui s'est déroulée aujourd'hui à New York.

« Les paroles ne paient pas les factures. Si nous ne payons pas les factures, nos déclarations resteront vaines. Nous laisserons alors tomber les millions de Cambodgiens qui ont vu leurs parents mourir, ont survécu à des atrocités et vivent encore avec un désir ardent de voir la justice rendue. Nous décevrons les générations futures qui se tournent vers l'histoire pour y trouver la preuve que la justice peut triompher de la violence. »

Les CETC sont un tribunal hybride établi en 2006 pour juger les dirigeants et principaux responsables des crimes commis sous le régime des Khmers rouges. Il est composé de personnels et de juges cambodgiens et internationaux. Plus de 100.000 personnes ont assisté à des audiences depuis le début des procès, plusieurs survivants de ce régime, qui a fait au moins 1,7 million de victimes en trois ans, ayant fait le déplacement pour y assister.

Les Chambres sont financées sur la base de contributions volontaires. Toutefois, au cours des dernières années, le financement a chuté de manière significative et les fonds disponibles ne permettent plus de couvrir les frais de fonctionnement de la Cour. Pendant des mois, le personnel a travaillé sans salaire et en septembre, il s'est mis en grève.

« Nous sommes conscients des contraintes financières rencontrées par les donateurs », a déclaré M. Eliasson. « Pendant la préparation du budget des CETC, nous avons organisé de vastes consultations afin de pouvoir réaliser toutes les économies possibles. Le budget actuellement devant les bailleurs de fonds principal reflète une approche rationalisée et rigoureuse. »

M. Eliasson a souligné qu'aucune institution judiciaire ne devrait avoir à faire face à de telles incertitudes, ajoutant que les interruptions des activités du tribunal avaient un impact sur sa capacité à rendre la justice.

En vertu d'un accord avec l'ONU, le gouvernement cambodgien s'est engagé à verser un montant supplémentaire de 1,8 million de dollars pour couvrir les salaires du personnel national d'ici à la fin de 2013.

M. Eliasson a salué cette contribution, tout en ajoutant qu'un soutien financier supplémentaire ne devrait pas être ponctuel et devrait plutôt être soutenu dans la prochaine année de fonctionnement et au-delà de la Cour.

« Parallèlement, les donateurs devraient offrir un soutien approprié et cohérent à l'appui de la composante internationale des CETC » a relevé le numéro de l'ONU.

« Le Secrétaire général et moi-même sommes profondément préoccupés qu'un projet d'une telle importance puisse échouer, faute de l'appui financier nécessaire. Une éventualité aussi fatidique et humiliante – sans précédent dans l'histoire de la justice internationale – équivaudrait à l'abdication de certains de nos principes et valeurs les plus fondamentaux. »

M. Eliasson a appelé tous les États Membres à renouveler leur engagement et leur coopération en faveur des CETC et des procédures judiciaires en cours.