L'actualité mondiale Un regard humain

Guinée-Bissau : le Président annonce la tenue d'élections nationales

Le Président de transition de la Guinée-Bissau, Serifo Nhamadjo.
ONU/Devra Berkowitz
Le Président de transition de la Guinée-Bissau, Serifo Nhamadjo.

Guinée-Bissau : le Président annonce la tenue d'élections nationales

Des élections nationales seront organisées en novembre, a assuré jeudi le Président de transition de la Guinée-Bissau, Serifo Nhamadjo, tout en précisant que les cycles de pauvreté et d'instabilité politique dans ce pays fragilisent le processus de transition.

« Je suis le Président de transition de la République de Guinée-Bissau et ce titre indique quelque chose de particulier et d'exceptionnel. » C'est par ces mots que Serifo Nhamadjo a entamé son allocution du débat général de l'Assemblée générale, exhortant les États membres à faire preuve de patience et de compréhension envers son pays.

« Les évènements politiques et militaires du 12 avril 2012 ont donné naissance à un nouveau climat politique en Guinée-Bissau. Un coup d'État militaire avait précédemment renversé le Président de la République par intérim et son Premier ministre, qui s'était lui-même lancé dans une campagne douteuse dans le but de briguer la présidence », a expliqué le Président bissau-guinéen.

Responsable de plusieurs coups d'État, à l'origine d'une instabilité chronique depuis l'indépendance acquise en 1974 par la Guinée-Bissau, jusqu'alors sous tutelle portugaise, l'armée de cette nation d'Afrique de l'Ouest a pris le pouvoir en avril 2012. L'ordre constitutionnel n'y a toujours pas été rétabli et un gouvernement de transition, avec à sa tête Serifo Nhamadjo, y est en place jusqu'à la tenue des prochaines élections.

Estimant que l'action de son gouvernement ait permis de prévenir « une crise politique et militaire plus grave encore en Guinée-Bissau », le Président a expliqué avoir dû « circonscrire la dynamique du coup d'État militaire, contrôler ses effets politiques et limiter sa portée institutionnelle ».

« La Présidence de la transition n'est pas née du coup d'État militaire, mais plutôt du Parlement élu par le peuple de Guinée-Bissau et, par conséquent, d'un processus politique et institutionnel », a insisté M. Nhamadjo, précisant que sa désignation en mai 2012 avait marqué le point de départ d'une transition entérinée par l'adoption ultérieure du Pacte de transition par le Parlement bissau-guinéen.

« J'ai signé un décret présidentiel fixant la date des élections législative et présidentielle au 24 novembre », a annoncé le Président de la Guinée-Bissau.

« À cette fin, nous devons créer des registres d'électeurs fiables, ce qui ne peut être accompli qu'à travers un recensement précis de la population et un processus d'inscription des électeurs. Voilà l'état de la transition politique en Guinée-Bissau. »

Dans un communiqué rendu public le 12 septembre 2013, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies avaient jugé « impératif que les élections présidentielles et législatives soient organisées le plus vite possible, en tenant compte de la fin de la période de transition fixée au 31 décembre 2013 ».

Une mission politique spéciale de l'ONU, le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (UNIOGBIS), créée en 2009 par le Conseil de sécurité, travaille sur le terrain, en coopération avec la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), afin d'encourager les avancées de la transition politique dans le pays.

Quand bien même les élections seraient un succès, a prévenu M. Nhamadjo, les problèmes rencontrés par le pays ne disparaitront pas pour autant. « Dans une société comme la Guinée-Bissau, la pauvreté est un facteur d'instabilité politique, qui affecte à son tour l'ordre économique, réduisant le taux de croissance et aggravant la pauvreté », a-t-il ajouté.

« Le principal défi à relever consiste précisément à échapper à ces deux pièges, celui de la pauvreté et de l'instabilité politique », a indiqué en conclusion le Président, soulignant qu'il n'avait pas de visibilité à long terme pour son pays, au-delà de la période de transition.