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Touchée par une crise humanitaire sans précédent, la RCA demande le soutien de la communauté internationale

Le Premier Ministre et chef du gouvernement d'union nationale de transition de la République centrafricaine (RCA), Nicolas Tiangaye.
ONU/Sarah Fretwell
Le Premier Ministre et chef du gouvernement d'union nationale de transition de la République centrafricaine (RCA), Nicolas Tiangaye.

Touchée par une crise humanitaire sans précédent, la RCA demande le soutien de la communauté internationale

« D'ici 2015, le gouvernement entend mettre en œuvre, conformément aux engagements qu'il a pris devant les Chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), les conditions d'un retour à la sécurité, à la paix, et à l'ordre constitutionnel en République centrafricaine. ».

Cette assurance, le Premier Ministre et chef du gouvernement d'union nationale de transition de la République centrafricaine (RCA), Nicolas Tiangaye, l'a donné jeudi aux Etats membres de l'Assemblée générale, lors du troisième jour de son débat général, alors que son pays se trouve confronté à une crise humanitaire et sécuritaire qui concerne l'ensemble de sa population.

En décembre 2012, les hostilités ont repris dans cette nation qui a été longtemps le théâtre de conflits armés récurrents et de troubles politiques. La coalition rebelle de la Séléka y a lancé une série d'attaques, pris le contrôle de plusieurs villes du pays avant d'accepter d'entamer des pourparlers de paix sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Conclus en janvier 2013 par le gouvernement et les trois principales formations rebelles de la Séléka, les accords de Libreville ont aidé à rétablir une certaine stabilité nationale.

Mais les combats reprennent à la mi-mars et la Séléka s'empare de Bangui et chasse du pouvoir François Bozizé. Michel Am-Nondokro Djotodia s'autoproclame Président du pays, annonce des élections au plus tard d'ici trois ans et maintient à son poste Nicolas Tiangaye, issu des Accords de Libreville. Au titre de ces Accords et de la Déclaration de N'Djamena du 18 avril 2013, des institutions de transition sont mises en place.

« Il s'agit, au sortir de la période de transition apaisée, que chaque citoyen centrafricain appelle de ses vœux à faire de la République Centrafricaine un pays où la sécurité et la paix seront garanties dans tous les secteurs de la vie politique, économique et sociale, à la faveur d'une opération de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), menée avec succès, l'organisation d'é1ections libres, transparentes et crédibles permettant de désigner les futures autorités 1égitimes du pays », a expliqué M. Tiangaye à la tribune de l'Assemblée.

Depuis le début du mois d'août, a-t-il poursuivi, des affrontements armés entre des membres de l'ex-Séléka et des éléments se réclamant du Président Bozizé et des groupes d'autodéfense se sont traduits par une détérioration de la situation humanitaire dans le nord-ouest du pays. « La situation humanitaire est catastrophique », a rappelé le Premier ministre centrafricain.

Ce sont en effet 4,6 millions de Centrafricains qui sont touchés par la crise, soit la totalité de la population du pays : 1,6 millions d'entre eux sont des déplacés ; 60.000 enfants risquent de mourir de malnutrition ; 62.000 personnes se sont réfugiés dans les pays voisins, dont 40.500 rien qu'en République Démocratique du Congo ; et 484.000 habitants, soit 10,5 % de la population, sont en situation d'insécurité alimentaire sévère.

« Tel est le tableau de la situation humanitaire. C'est dans ce contexte que la communauté internationale s'est engagée à voler au secours de la RCA. Ainsi, 3.652 militaires et civils devront constituer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) sous conduite africaine », a précisé M. Tiangaye.

« Un échec de la transition rendra la RCA impossible à gouverner et donnera inéluctablement naissance à une zone grise au cœur du continent africain », a-t-il prévenu.

Plusieurs groupes armés étrangers se sont déjà implanté en Centrafrique, selon le Premier ministre. Depuis 2008, les combattants de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) ont été signalés dans le sud-est du pays, où ils ont massacré plusieurs centaines de personnes, violé des dizaines de femmes, enlevé des milliers d'enfants, incendié des villages entiers.

La région de la Vakaga est traversée par de nombreux trafiquants et braconniers originaires des pays voisins, dont le Soudan. Si l'État centrafricain s'effondre, de nouveaux réseaux criminels et terroristes pourraient s'implanter dans le pays et déstabiliser toute la région, a mis en garde le chef du gouvernement.

« C'est aujourd'hui plus que jamais qu'il faut agir pour les populations civiles de mon pays. Si rien n'est fait aujourd'hui, demain il sera trop tard. Et la communauté internationale ne pourra plus, face à l'Histoire, s'exonérer de ses responsabilités politiques et morales », a conclu le Premier ministre centrafricain.