L'actualité mondiale Un regard humain

L'éducation avant tout, une initiative de l'ONU qui exige leadership et financement

Chaque jours, des écoliers sud-africains en uniforme parcourent de longues distances pour se rendre à l'école et en revenir, dans la zone rurale de Kwa Zulu Natal.
Banque mondiale/Trevor Samson
Chaque jours, des écoliers sud-africains en uniforme parcourent de longues distances pour se rendre à l'école et en revenir, dans la zone rurale de Kwa Zulu Natal.

L'éducation avant tout, une initiative de l'ONU qui exige leadership et financement

Un leadership renforcé et des financements supplémentaires sont nécessaires pour tenir les promesses réalisées dans le cadre de l'initiative L'éducation avant tout (GEFI), ont déclaré mercredi les participants lors d'un événement sur l'éducation au Siège des Nations Unies, à New York.

Lancée en septembre dernier par le Secrétaire général Ban Ki-moon, cette initiative a pour objectifs de garantir la scolarisation de tous les enfants du monde, d'améliorer la qualité globale de l'apprentissage et de promouvoir la citoyenneté mondiale.

Organisée pour le premier anniversaire de la GEFI, la manifestation d'aujourd'hui s'est tenue en marge du débat général de l'Assemblée générale, réunissant, sous les auspices de l'Envoyé spécial de l'ONU pour l'éducation mondiale, Gordon Brown, dirigeants politiques, responsables académiques et représentants du secteur privé.

« Nos efforts portent leurs fruits. L'éducation regagne sa place légitime dans le programme de développement mondial », s'est félicité M. Ban par visioconférence, ajoutant que « un nouvel élan s'est fait jour dans les pays ayant les plus grands besoins, en particulier ceux touchés par un conflit, d'où sont issus la moitié de tous les enfants ne bénéficiant pas d'une éducation dans le monde ».

« Mais nous devons faire plus, beaucoup plus », a-t-il souligné. «Éduquer les enfants les plus pauvres et les plus marginalisés exigera un leadership politique audacieux et un investissement financier accru ».

Prenant acte du fait que l'aide à l'éducation a diminué pour la première fois en une décennie, le Secrétaire général a insisté la nécessité d'inverser cette tendance, de créer de nouveaux partenariats et d'apporter une plus grande attention à la qualité de l'éducation.

« Chacun de nous joue un rôle clé dans la réussite de cette initiative », a déclaré la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, tout en faisant part de l'urgence actuelle à « accélérer les progrès, car nous ne sommes pas sur une voie nous permettant de respecter nos engagements ».

Les chiffres restent «stupéfiants », a relevé Mme Bokova, soulignant que 57 millions d'enfants dans le monde ne sont toujours pas scolarisés. La Directrice générale estime en outre à 250 millions le nombre d'enfants illettrés, principalement en raison de la mauvaise qualité de l'éducation. Saluant l'augmentation globale du nombre d'inscriptions dans des établissements scolaires, elle a toutefois déploré l'existence d'un taux d'abandon « trop élevé ».

« Trop de jeunes obtiennent un diplôme sans avoir acquis de véritables connaissances et compétences, a poursuivi la Directrice générale, et ce dans un contexte où l'aide internationale à l'éducation est en baisse et les gouvernements réduisent leurs budgets alloués à l'enseignement. »

« Pour aider les laissés-pour-compte de l'éducation, nous avons besoin de ressources plus importantes, mais également de renforcer la coopération entre les gouvernements et les partenaires du développement. Nous devons faire en sorte que les enfants aillent à l'école, mais aussi reçoivent l'éducation dont ils ont besoin », a exhorté la Directrice générale.

Également présente à l'événement, Malala Yousafzai, l'écolière pakistanaise victime d'une tentative d'assassinat par des talibans pour avoir fait la promotion de la scolarisation et de l'éducation des femmes et des filles dans son pays, a quant à elle appelé les dirigeants mondiaux à faire de l'éducation un vecteur de lutte contre les maux dont souffre le monde.

« C'est notre demande, notre demande à tous les responsables ; qu'au lieu d'envoyer des armes, d'envoyer des chars en Afghanistan et tous les pays minés par le terrorisme, ils envoient à la place des livres. Au lieu d'envoyer des chars, qu'ils envoient des stylos. Au lieu d'envoyer des soldats, qu'ils envoient des enseignants. C'est la seule façon dont nous pouvons nous battre en faveur de l'éducation. »

« Je suis convaincue que si nous travaillons ensemble, si nous sommes unis pour la cause de l'éducation, nous pourrons atteindre nos objectifs », a conclu sur une note optimiste Malala Yousafzai.