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Royaume-Uni: la sécurité nationale ne justifie pas l'intimidation des journalistes, affirment des experts de l'ONU

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'opinion et d’expression, Frank La Rue.
ONU/Violaine Martin
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'opinion et d’expression, Frank La Rue.

Royaume-Uni: la sécurité nationale ne justifie pas l'intimidation des journalistes, affirment des experts de l'ONU

Deux experts indépendants de l'ONU demandent des informations complémentaires au Royaume-Uni au sujet de la détention récente de David Miranda, le compagnon du journaliste Glenn Greenwald, et de la destruction de disques durs d'ordinateurs du quotidien The Guardian, auquel Greenwald collabore.

Deux experts indépendants de l'ONU ont annoncé avoir demandé mercredi des informations complémentaires au Royaume-Uni au sujet de la détention récente de David Miranda, le compagnon du journaliste Glenn Greenwald, interpellé à l'aéroport de Heathrow, à Londres, et de la destruction de disques durs d'ordinateurs du quotidien The Guardian, auquel Greenwald collabore.

« La protection des secrets de sécurité nationale ne peut jamais être utilisée comme prétexte pour intimer la presse au silence et la contraindre à renoncer à son travail crucial de clarification des violations des droits de l'homme », déclare le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, dans un communiqué de presse.

« Il est clair que les révélations sur les vastes initiatives de surveillance mises en place par certains gouvernements doivent faire l'objet d'un débat de fond », estime M. La Rue. « L'intimidation des journalistes et des quotidiens qui s'interrogent légitimement sur des allégations d'abus par des officines de renseignement n'est certainement pas une contribution à débat public nécessaire. »

Pour sa part, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits humains et la lutte antiterroriste, Ben Emerson, juge que l'appréhension de la menace terroriste au Royaume-Uni a considérablement évolué au cours des trois dernières années. « Il doit maintenant y avoir un débat sur l'étendue de l'accès officiel aux métadonnées que l'opinion publique internationale est prête à accepter de la part de ses gouvernements», a-t-il souligné.

« Les pouvoirs utilisés dans ce cas sont actuellement contestés par la Cour européenne des droits de l'homme », a déclaré M. Emmerson. « J'exhorte les autorités britanniques à revoir leurs opérations afin de s'assurer qu'elles respectent pleinement leurs obligations en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme sur le droit à la liberté et à la sécurité, ainsi que le droit au respect de la vie privée et familiale. »

L'expert a également souligné l'importance de garantir une protection complète pour les journalistes dans le cadre de leur travail d'investigation. « En aucun cas les journalistes et les personnels des médias ou des organisations de la société civile ayant accès à des informations classifiées sur des violations des droits de l'homme devraient faire l'objet d'actes d'intimidation et de répression », tranche-t-il.

Dans son dernier rapport au Conseil des droits de l'homme, M. La Rue a exprimé de graves préoccupations concernant l'utilisation généralisée de la surveillance dans toutes les régions du monde et son impact sur les défenseurs des droits de l'homme et les activités des journalistes.

« Les lois nationales régissant la surveillance des communications sont souvent inadéquates ou n'existent tout simplement pas », note l'expert. «La vie privée et la liberté d'expression sont des droits interdépendants : en l'absence d'une protection adéquate de la vie privée, de la sécurité et de l'anonymat des communications, personne ne peut savoir avec certitude si ses communications privées ne sont pas sous le contrôle de l'État. »