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Corée du Nord : la Commission d'enquête de l'ONU entend des témoignages sur les violations des droits de l'homme

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Corée du Nord : la Commission d'enquête de l'ONU entend des témoignages sur les violations des droits de l'homme

La Commission des Nations Unies chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC) a conclu lundi une mission de 10 jours à Séoul, en République de Corée voisine, largement consacrée à des audiences publiques au cours desquelles plus de 40 personnes, dont certaines arrivées récemment de RPDC, ont témoigné de la situation des droits de l'homme dans ce pays.

« Les témoins qui ont comparu la semaine dernière ont fourni des informations très spécifiques et détaillées », explique le Président de la Commission, Michael Kirby, dans un communiqué de presse.

« Nous avons été profondément émus par leurs témoignages. La Commission tient à remercier chacun d'entre eux pour avoir courageusement partagé avec nous leurs expériences souvent douloureuses en RPDC. Nous voulons les assurer qu'au moment de la présentation de notre rapport, leurs préoccupations seront portées à l'attention de l'ONU et de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

La commission a été établie par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en mars 2013 pour enquêter sur les violations systématiques et massives des droits de l'homme en Corée du Nord.

M. Kirby, un ancien juge australien, qui a aussi occupé par le passé les fonctions de Représentant spécial de l'ONU pour les droits de l'homme au Cambodge, travaille aux côtés de Marzuki Darusman, de l'Indonésie, l'actuel Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Corée du Nord, et de Sonja Biserko, fondatrice et présidente du Comité Helsinki pour les droits de l'homme en Serbie.

Les violations présumées qui seront examinées par la Commission dans le cadre de son mandat concernent notamment le droit à l'alimentation et les conditions dans les camps de détention, dont la torture et les traitements inhumains, la détention arbitraire, la discrimination, la liberté d'expression, le droit à la vie, et les disparitions forcés, y compris les enlèvements de ressortissants étrangers. Au cours des 10 derniers jours, la commission a entendu des témoignages relatifs à toutes ces questions.

La Commission, qui doit donner une conférence de presse à Séoul mardi matin, avant de se rendre à Tokyo, au Japon pour interroger d'autres témoins, accorde une attention particulière à déterminer la responsabilité des violations commises par les institutions de l'État de RPDC et des particuliers.

« Ce que nous avons vu et entendu au cours des derniers jours à Séoul, […] exige une réponse de la part de la communauté internationale. Il ne suffit pas de se contenter de rédiger un énième rapport de l'ONU », a souligné M. Kirby. « Aujourd'hui, les dirigeants et les gouvernements doivent répondre de leurs actes et rendre des comptes. La commission a été créée pour cela, il ne suffit pas de dénoncer ».

La tenue d'audiences publiques à Séoul et à Tokyo plus tard cette semaine vise à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des droits de l'homme en RPDC. Ces audiences ont également servi à rompre le silence des autorités de Pyongyang, qui ont refusé l'accès en RPDC aux enquêteurs et de participer à l'enquête.

« Depuis que nous avons entamé nos audiences à Séoul, le gouvernement nord-coréen enfin réagi », a poursuivi M. Kirby. Les autorités de Pyongyang ont qualifié ces témoignages de « diffamations » contre la RPDC.

« S'il certains témoignages sont erronés quant aux conditions de vie des prisonniers politiques et des victimes d'enlèvement, des allégations d'actes torture […], nous serions heureux d'avoir des preuves à cet égard. Mais jusqu'à présent, les éléments que nous avons examiné ont été très cohérents et inquiétants et sont pour l'instant restés sans réponse de la part des autorités de RPDC ».