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Un expert de l'ONU salue l'abolition d'une force frontalière de sécurité redoutée au Myanmar

Un camp de déplacés à Myitkyina, la capitale de Kachin, au Myanmar.
HCR/A. Kirchhof
Un camp de déplacés à Myitkyina, la capitale de Kachin, au Myanmar.

Un expert de l'ONU salue l'abolition d'une force frontalière de sécurité redoutée au Myanmar

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Tomás Ojea Quintana, a salué mardi l'abolition de la Nasaka, une force de sécurité aux frontières tristement célèbre qui opèrait dans l'État de Kachin au Myanmar. Dans le même temps, il a demandé aux autorités d'assurer que les auteurs de violations des droits de l'homme qui appartiendraient à ladite force soient traduits en justice.

« J'ai été le destinataire d'accusations contre la Nasaka, selon lesquelles cette dernière aurait commis de graves violations, dont des exécutions extrajudiciaires, des arrestations, des détentions arbitraires et des actes de torture commis dans les centres de détention, qui auraient particulièrement visé la population Rohingya», a expliqué M. Quintana dans un communiqué de presse.

« Je n'ai aucun doute sur les violations qui ont été commises au cours des dernières années et cela en toute impunité. De telles violations sapent la règle de droit dans l'État de Rakhine avec des conséquences néfastes pour la coexistence pacifique des communautés qui y habitent », a-t-il ajouté.

Dans son rapport présenté au Conseil des droits de l'homme en mars, le Rapporteur spécial avait recommandé au Gouvernement du Myanmar de suspendre l'ensemble des activités de la Nasaka dans l'État de Rakhine et de mettre en œuvre des réformes relatives à la sécurité aux frontières.

« L'abolition de la Nasaka ne doit pas signifier que les accusations crédibles de violations systématiques des droits de l'homme ne fassent pas l'objet d'enquêtes et que leurs auteurs échappent à des poursuites judiciaires », a indiqué M. Quintana.

« Quelle que soit la nature de la force qui prendra le relais de la Nasaka, il est primordial de résoudre la question de l'impunité. Si la nouvelle force n'est pas responsable de sa conduite, le gouvernement aura alors échoué à trouver une solution durable », a-t-il souligné.

L'Expert indépendant de l'ONU a également exhorté le Gouvernement à réviser les lois discriminatoires sur lesquelles s'appuyait la Nasaka pour justifier ses agissements, dont l'extorsion de fonds de la population en échange de documents d'état civil, d'un accès aux structures éducatives et services de santé.

« Les réformes de ces lois doivent être accompagnées de réformes institutionnelles au niveau national. La gestion de la situation dans l'État de Rakhine est un bon indicateur du niveau d'engagement du Gouvernement en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et du processus de réconciliation nationale », a conclu M. Quintana.