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Violences sexuelles par temps de conflit : le Conseil de sécurité renforce la lutte contre l'impunité

Le Conseil de sécurité des Nations Unies.
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Le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Violences sexuelles par temps de conflit : le Conseil de sécurité renforce la lutte contre l'impunité

Le Conseil de sécurité a adopté lundi matin une nouvelle résolution visant à renforcer la lutte contre l'impunité des auteurs d'actes de violence sexuelle par temps de conflit, un fléau qui touche un grand nombre de femmes et de jeunes filles mais aussi d'hommes et de garçons.

Lors d'un débat sur les femmes et la paix et la sécurité, les 15 membres du Conseil ont adopté à l'unanimité la résolution 2106 qui demande aux États Membres de continuer à lutter contre l'impunité, en menant des enquêtes et en engageant des poursuites contre les personnes responsables de tels crimes. Cette résolution vient renforcer le cadre mis en place par le Conseil avec les résolutions 1820 (2008), 1888 (2009) et 1960 (2010).

Tout en notant que la violence sexuelle peut constituer un crime contre l'humanité, ils soulignent que « des mesures efficaces pour prévenir et répondre à de tels actes contribuent de manière significative au maintien de la paix et de la sécurité internationales », la participation des femmes, selon eux, étant essentielle à toute prévention et protection.

Ils estiment également nécessaire de communiquer des informations plus fiables afin de prendre des mesures de prévention et de répression et prient le Secrétaire général d'accélérer les procédures de suivi et d'analyse de la violence sexuelle par temps de conflit.

Ils demandent enfin que des conseillers pour la protection des femmes continuent d'être déployés et prient le Secrétaire général d'évaluer systématiquement la nécessité de prévoir de tels conseillers lors de la planification des missions de maintien de la paix et politiques des Nations Unies.

En ouverture de ce débat, Ban Ki-Moon a rappelé que lors de sa récente visite en République démocratique du Congo, il s'était rendu dans un hôpital « Heal Africa », où il avait rencontré des femmes et des filles qui avaient été violées par des groupes armés appartenant à toutes les parties au conflit.

« Plusieurs de ces victimes souffraient d'une terrible fistule », a-t-il dit, en précisant qu'« elles avaient été littéralement déchirées de l'intérieur ». Ces femmes et ces jeunes filles subissent des souffrances indescriptibles, a-t-il ajouté, expliquant que, durant sa visite, les rues étaient remplies de femmes en colère, qui voulaient qu'un terme soit mis à l'impunité pour les auteurs de tels actes.

Il a affirmé que l'ONU, à travers son objectif « Unis dans l'action », s'était engagée à mettre un terme à cette culture de l'impunité dans le cadre des violences sexuelles. Par ailleurs, ONU-Femmes et le Département des opérations de maintien de la paix ont mis au point un programme de formation de premier plan à cet égard pour les Casques bleus, a-t-il précisé.

« Un conseiller pour la protection des femmes sera bientôt détaché au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) et d'autres seront déployés prochainement en République centrafricaine, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali et en Somalie », a également annoncé M. Ban.

De son côté, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Zainab Hawa Bangura, a rappelé qu'il y a 20 ans, les Nations Unies avait fourni la preuve irréfutable que le viol systématique et à grande échelle de femmes, de filles et d'hommes étaient commis dans les pays de l'ex-Yougoslavie.

« Vingt ans après la fin de la guerre, les auteurs de ces crimes continuent de bénéficier de l'impunité », a-t-elle dit, en notant que seulement un faible nombre d'entre eux avaient été traduits en justice.

« La guerre n'est toujours pas terminée pour les survivants de la violence sexuelle », a-t-elle ajouté, en insistant sur le combat qu'elles mènent chaque jour pour vivre avec de telles blessures physiques et psychologiques, dans l'opprobre, l'isolement et la pauvreté.

Elle a proposé d'adopter une nouvelle approche élargie pour combattre ce fléau, en suggérant d'intégrer notamment les Casques bleus, les médiateurs ainsi que les acteurs du secteur de la justice. « Nous devons faire payer un plus grand prix aux auteurs de ces crimes, a-t-elle conclu.

Enfin, l'Envoyée spéciale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie, a rappelé, pour sa part, que la volonté politique était cruciale pour lutter contre ce fléau. « Chaque pays du monde est touché par la violence sexuelle d'une façon ou d'une autre, a-t-elle déclaré.

Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent, selon elle, endosser leur responsabilité et jouer un rôle de chef de file. « Si un agresseur s'en sort à bon compte, c'est que vous l'aurez permis », a-t-elle lancé en conclusion aux membres du Conseil.