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L'ONU alarmée par le sort des enfants en temps de conflit armé

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui (à gauche).
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La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui (à gauche).

L'ONU alarmée par le sort des enfants en temps de conflit armé

Dans une déclaration à la presse faisant suite à un débat sur le sort des enfants en temps de conflit armé, le Conseil de sécurité s'est dit lundi gravement préoccupé par le « grand nombre de criminels qui continuent de commettre des violations et atteintes sur la personne d'enfants en période de conflit armé ».

Il affirme dans le même temps sa « volonté de traiter sérieusement du cas des récidivistes », tout en se félicitant de la « multiplication des plans d'action signés ou en cours de négociations par les parties à tout conflit armé ainsi que de la démobilisation, de la réadaptation et de la réintégration de milliers d'enfants ».

Dans cette déclaration, le Conseil se redit prêt à envisager d'insérer des dispositions consacrées aux droits et à la protection des enfants dans tout régime de sanctions qu'il viendrait à établir, modifier ou renouveler.

Il entend aussi renforcer les dispositions de protection des enfants de tous les mandats des missions de maintien de la paix, des missions de consolidation de la paix et des missions politiques pertinentes des Nations Unies, notamment en prévoyant le déploiement systématique de conseillers pour la protection de l'enfance.

En ouverture de ce débat, la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Leila Zerrougui, a, pour sa part, déploré le lourd tribut que les enfants continuent de payer en raison des nouveaux conflits qui ont éclaté ou se sont aggravés au cours des 18 derniers mois.

Mme Zerrougui, qui présentait le rapport du Secrétaire général pour l'année 2012, a souligné que la nature évolutive et les tactiques des conflits armés créaient des menaces sans précédent pour les enfants.

« L'absence de lignes de front claires et l'impossibilité d'identifier les combattants, ainsi que l'utilisation de tactiques de terreur les ont rendu plus vulnérables », a-t-elle expliqué, soulignant que les groupes armés non étatiques constituaient en 2012 la grande majorité des parties coupables de violations des droits des enfants, soit 46 sur 55 en 2012.

Ces parties - qui recrutent ou utilisent des enfants, tuent ou mutilent des enfants, commettent des viols et d'autres formes de violence sexuelle contre des enfants, ou lancent des attaques contre des écoles ou des hôpitaux - sont recensées en annexe du rapport du Secrétaire général, depuis au moins cinq ans pour la moitié d'entre elles.

Neuf nouvelles parties à des conflits figurent ainsi en 2012 sur la liste concernant le recrutement et l'utilisation des enfants, dont le M23 en République démocratique du Congo (RDC), le MNLA, le MUJAO et Ansar Dine au Mali et l'Armée syrienne libre en République arabe syrienne.

Ces dernières sont aussi parmi les six nouvelles parties à avoir été inscrites sur la liste pour violences sexuelles à l'égard d'enfants, avec les Maï-Maï Simba « Morgan » en RDC. Le Mali figure pour la première fois dans le rapport, tandis que le Népal et Sri Lanka n'y figurent plus, toutes les parties relevant de leurs territoires respectifs ayant été radiées de la liste en 2012.

« Des violations graves contre les enfants continuent d'être commises à grande échelle en Syrie, ainsi que dans la région», a poursuivi Mme Zerrougui, qui a annoncé qu'elle se rendrait dans les prochains jours dans ce pays.

Elle a ensuite fait état de nouvelles préoccupations, citant en particulier l'utilisation militaire des écoles, la détention d'enfants en raison d'allégations concernant leur association avec des groupes armés, ainsi que l'impact de drones sur les enfants.

La Représentante spéciale a aussi annoncé que toutes les forces armées étatiques énumérées dans les annexes pour le recrutement et l'utilisation d'enfants étaient entrées dans un processus de plan d'action pour y mettre un terme. « Six d'entre elles ont déjà signé un plan d'action, et les deux autres en sont au stade final des négociations », a-t-elle précisé, estimant que cet objectif clef était enfin à portée de main.

Mme Zerrougui a en outre indiqué le lancement d'une campagne visant à mettre fin à l'association des enfants avec les forces étatiques armées dans les conflits armés d'ici à 2016, une initiative sans précédent, a-t-elle dit

Pour sa part, la Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Yoka Brandt, a souligné les deux tendances alarmantes que constituent l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées et le choix des écoles comme cibles militaires. Elle a à ce titre salué la décision des Philippines d'interdire l'utilisation d'écoles par ses forces armées en espérant que cet exemple sera suivi par d'autres pays.