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RDC : l'OCHA fait état d'une situation humanitaire très préoccupante à Goma

Un homme charge son vélo de bidons d'eau du lac Kivu, à Goma en RDC.
IRIN/Jessica Hatcher
Un homme charge son vélo de bidons d'eau du lac Kivu, à Goma en RDC.

RDC : l'OCHA fait état d'une situation humanitaire très préoccupante à Goma

Dix jours après la prise de Goma par les rebelles du M23, la situation humanitaire des civils dans la province du Nord-Kivu reste extrêmement préoccupante, a annoncé vendredi le Coordonnateur de l'action humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), Moustapha Soumare.

Au moins 130.000 personnes sont encore déplacées dans la zone de Goma, dans différents sites spontanés et camps organisés, la majorité d'entre elles ayant fui les affrontements de ces deux dernières semaines pour se réfugier dans et autour de Goma.

Formé au printemps dernier par des mutins de l'armée congolaise, le M23 est actuellement dirigé par le colonel Sultani Makenga, accusé de graves violations des droits de l'homme. Dans la nuit du 15 au 16 novembre, les renégats ont lancé une série d'attaques à l'arme lourde contre les Forces Armées de la RDC (FARDC) dans les localités de Kibumba et Mboga et les collines de Ruhondo, avant de se diriger vers Goma, qu'ils ont prise quelques jours plus tard.

Alors que les accords de Kampala commencent à être appliqués et que le M23 semble se retirer de la ville de Goma, je suis préoccupé pour la protection des populations civiles : au moment où le contrôle de Goma change de mains, de nouvelles violences et déplacements de populations sont à craindre », prévient M. Soumare dans un communiqué de presse.

La communauté humanitaire redoute les conséquences que pourrait avoir sur les populations civiles un possible vide sécuritaire dans cette zone urbaine de 800.000 habitants, où de très nombreux cas de pillages ainsi que des violences ont été signalés au cours des derniers jours.

« J'appelle à cet égard toutes les parties à honorer les obligations qui leur incombent pour la protection de toutes les populations civiles en vertu du droit international humanitaire », plaide le Coordonateur.

Dans l'immédiat, les acteurs humanitaires redoublent d'efforts sur le terrain pour apporter une aide humanitaire d'urgence aux nécessiteux. De l'eau, des vivres, des soins médicaux notamment pour les blessés de guerre, ou encore des biens de première nécessité, continuent à être apportés quotidiennement aux personnes déplacées par les nombreuses ONG et agences des Nations unies opérant sur place.

Les actions de protection humanitaire, telles que l'assistance aux victimes de violence sexuelles ou la réunification familiale des enfants séparées, sont également essentielles dans ce contexte, a poursuivi M. Soumare, qui a rappelé le défi supplémentaire que constitue la présence dans de nombreuses zones – notamment au nord de Goma - de restes d'explosifs de guerre.

Une fraction des déplacés a déjà choisi de quitter certains camps surpeuplés de Goma pour tenter de retourner dans leurs quartiers d'origine - où les combats se sont arrêtés. Parallèlement, ce sont des milliers de personnes qui fuient les attaques brutales de groupes armés qui se multiplient dans d'autres zones du Nord Kivu, en particulier le Masisi. Dans ce contexte, la situation va demeurer volatile et des centaines de milliers de personnes continueront d'être vulnérables et en besoin d'aide d'urgence pour leur survie, fait observer le Coordonateur.

« J'appelle toutes les parties belligérantes à ménager aux acteurs humanitaires un accès sans restriction aux populations en détresse où qu'elles se trouvent et à assurer la protection des populations bénéficiaires et leur accès à l'aide ».

Cependant, note-t-il, tant que les causes profondes ayant mené à ce conflit et à cette nouvelle détérioration de la situation dans l'est de la RDC perdureront, des centaines de milliers de Congolaises et Congolais continueront de souffrir des mêmes maux et des drames humains observés chaque jour sur le terrain.

La crise actuelle, rappelle-t-il, n'est qu'une nouvelle itération dramatique dans la très profonde crise humanitaire à laquelle est confrontée la RDC depuis de nombreuses années, avec plus de 2,4 millions de personnes déplacées internes du fait des violences dans l'est. « Les acteurs concernés doivent travailler à une solution réelle, de long terme pour mettre enfin un terme à tant de souffrances. »

Le Plan d'action humanitaire 2012 pour la RDC n'a été financé qu'à hauteur de 56% des 791 millions de dollars nécessaires pour répondre à l'ensemble des besoins humanitaires dans le pays, frappé également par de graves épidémies (rougeole, choléra…), des niveaux alarmants de malnutrition chronique, ou encore une insécurité alimentaire qui s'est aggravée depuis le début de l'année.