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Pour David Cameron, les régimes islamistes issus du printemps arabe doivent être jugés à l'épreuve des faits

Le Premier ministre David Cameron du Royaume-Uni.
Le Premier ministre David Cameron du Royaume-Uni.

Pour David Cameron, les régimes islamistes issus du printemps arabe doivent être jugés à l'épreuve des faits

À ceux qui craignent que le « printemps arabe » ne se transforme en « hiver arabe », le Premier ministre du Royaume Uni a conseillé mercredi de ne pas tirer de conclusions hâtives à la lumière d'évènements récents survenus dans le monde musulman.

Devant l'Assemblée générale des Nations Unies, qui poursuit son débat général jusqu'au 1er octobre, David Cameron a déclaré qu'il n'était « pas question » de faire demi-tour, appelant au contraire à redoubler de soutien en faveur de l'établissement durable de sociétés ouvertes dans les pays qui ont connu des révolutions.

« Oui, le chemin est semé d'embûches », a-t-il reconnu, en soulignant que « la démocratie ne s'est jamais limitée à la simple tenue d'élections ». Mettant l'accent sur la nécessité de respecter les histoires et traditions spécifiques de chaque pays, M. Cameron a déclaré qu'il n'était « pas possible d'attendre de pays qui ont connu des décennies de dictature et de destruction de leurs institutions et de leur société civile, mais aussi d'interdiction du multipartisme et de presse libre, d'effacer ce passé funeste en quelques mois ».

Quant à ceux qui estiment que le printemps arabe est responsable de l'éruption de violences sectaires en Syrie qui menaceraient toute la région, le chef du gouvernement britannique les a exhortés « à ne pas critiquer le peuple syrien pour le comportement de son brutal dictateur. »

La seule manière de mettre un terme au cauchemar syrien est de parvenir à une transition politique et de préparer un avenir syrien sans Bachar Al-Assad, a-t-il affirmé, ajoutant que le sang des enfants syriens resterait comme une tache « indélébile » sur la réputation des Nations Unies. Après avoir appelé le Conseil de sécurité à sortir de l'impasse sur ce dossier, M. Cameron a annoncé que le Royaume-Uni accorderait 12 millions de dollars supplémentaires à l'aide humanitaire et à l'UNICEF pour l'assistance que cette agence apporte aux enfants syriens.

S'adressant plus largement à ceux qui estiment que les élections dans les pays arabes n'ont fait que faciliter l'arrivée au pouvoir de partis islamistes, le Premier Ministre britannique a exhorté les démocrates à accepter les résultats des élections, en rappelant que les islamistes seront jugés sur leurs actes et leur capacité à protéger les droits de tous les citoyens, dont ceux des minorités, des chrétiens et des femmes.

Si les yeux du monde sont fixés sur les « Frères » (musulmans), l'avenir de ces pays est aussi entre les mains de leurs mères, de leurs sœurs et de leurs filles, a rappelé David Cameron. Tenir les islamistes responsables signifie aussi que nous ne leur permettront pas de menacer la stabilité d'autres pays et d'encourager le terrorisme. C'est pourquoi, a-t-il dit, l'Iran continuera de subir des sanctions et de faire l'objet de la surveillance des Nations Unies.

Le Premier Ministre a enjoint l'Assemblée et la communauté internationale à ne pas confondre islam et extrémisme, en rappelant que l'extrémisme islamique n'était le fait que d'une petite minorité. Il a cité en exemple le gouvernement turc, démocratiquement élu et dont les racines s'appuient sur des valeurs islamiques, et qui jouit d'une économie ouverte et d'une attitude plus que positive lorsqu'il s'est agi de soutenir le changement en Libye, en Syrie et ailleurs. Il s'est dit persuadé que la même voie s'ouvre à l'Égypte, à la Tunisie et à d'autres pays de la région et que démocratie et islam peuvent coexister.