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Algérie: les préoccupations sécuritaires ne doivent pas faire obstacle au respect des droits humains, selon Pillay

La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay.
La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay.

Algérie: les préoccupations sécuritaires ne doivent pas faire obstacle au respect des droits humains, selon Pillay

Au terme d'une mission de trois jours en Algérie, la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a rappelé mercredi que ce pays avait fait d'« énormes » progrès pour se relever des « désastreuses » années 90, lorsque des milliers de civils ont été tués dans un conflit entre groupes extrémistes et forces gouvernementales, et plusieurs milliers d'autres blessés, déplacés ou portés disparus.

« Toutefois, des incidents violents continuent de s'y produire, alimentés par la prise de contrôle par les rebelles de pans entiers du nord du Mali », a précisé Mme Pillay en soulignant que l'Algérie et l'ensemble de la région nord-africaine étaient soumis à des changements significatifs.

Les problèmes de sécurité persistants en Algérie risquent en effet, selon Mme Pillay, d'avoir un impact négatif sur le respect des droits de l'homme dans certains secteurs de la société. La préoccupation tout à fait compréhensible de protéger la population des éléments extrémistes internes ou étrangers agit comme un frein aux efforts de réforme entrepris par le gouvernement, avec un impact non négligeable sur les organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l'homme.

« Une grande partie des discussions que j'ai eues au cours des deux derniers jours ont porté sur la façon de s'appuyer sur les progrès déjà réalisés, ainsi que de remédier à certaines lacunes et problèmes de mise en œuvre », a expliqué la Haut Commissaire.

« Je me réjouis que l'Algérie ait ratifié la quasi-totalité des principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme et, qu'au cours de ma visite, le gouvernement ait exprimé un certain intérêt vis-à-vis de deux des principaux traités qu'il n'a pas encore ratifiés, à savoir le Protocole facultatif à la Convention contre la torture (OPCAT) et la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées » a-t-elle ajouté.

« La question des personnes disparues demeure très sensible en Algérie. Je félicite le gouvernement pour le système de réparations qu'il a établi pour les familles des victimes – et qui repose sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Je l'exhorte à prendre d'autres mesures pour fournir à ces familles davantage d'informations sur le sort de leurs proches et si possible leur indiquer où ils se trouvent ou à défaut, localiser leurs dépouilles », a indiqué Mme Pillay.

La Haut Commissaire a salué l'amélioration considérable de la liberté d'expression des médias au cours des dernières années. De même, l'émergence de nouvelles libertés politiques est clairement illustrée par le grand nombre de partis politiques représentés au Parlement depuis les élections du mois de mai.

« Cependant, le respect des droits d'association pacifique et de réunion pour les organisations de la société civile, les militants des droits de l'homme et les syndicats est une source de préoccupation. Il s'est peut-être même détérioré au cours de l'année écoulée, en raison d'une répression apparente des forces de sécurité et en partie aussi à cause des restrictions très critiquées contenues dans la nouvelle loi sur les associations adoptée au mois de décembre », a souligné Mme Pillay.

Tout en reconnaissant que les préoccupations sécuritaires sont à l'origine de cet état de fait, la Haut Commissaire a encouragé le gouvernement à amender les lois et revoir les pratiques relatives aux organisations de la société civile et à la liberté d'association, ainsi qu'à veiller à ce que les forces de sécurité s'abstiennent de violer les instruments internationalement reconnus qui garantissent l'exercice d'une telle liberté », a-t-elle ajouté.

Lors de son déplacement en Algérie, Mme Pillay a rencontré le Président Abdelaziz Bouteflika, son Premier Ministre, ainsi que d'autres membres du gouvernement. Elle s'est également entretenue avec les représentants de plusieurs organisations de la société civile engagées dans la défense des droits de l'homme.