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L'ONU appelle à intensifier la lutte contre le travail des enfants

L'ONU appelle à intensifier la lutte contre le travail des enfants

Un enfant transportant des briques dans une brouette.
Il existe toujours un grand décalage entre la ratification des conventions sur le travail des enfants et les initiatives prises par les pays pour résoudre ce problème, constate l'Organisation internationale du Travail (OIT) dans un rapport publié lundi à l'occasion du 10ème anniversaire de la Journée mondiale contre le travail des enfants.

« Il n'y a de place pour la complaisance quand il y a encore 215 millions d'enfants qui doivent travailler pour survivre et que la moitié d'entre eux sont exposés aux pires formes de travail imaginables, y compris l'esclavage et l'implication dans des conflits armés », a affirmé le Directeur général de l'OIT, Juan Somavia, dans une déclaration à la presse.

« Il est inadmissible que l'éradication du travail des enfants recule parmi les priorités de l'agenda du développement – tous les pays devraient au contraire s'efforcer d'atteindre cet objectif, à titre individuel et collectif », a-t-il ajouté.

De nouvelles statistiques publiées le 1er juin révèlent qu'au moins cinq millions d'enfants sont victimes du travail forcé, notamment d'exploitation sexuelle à des fins commerciales ou de servitude pour dettes.

Les conventions de l'OIT sur le travail des enfants concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi et sur les pires formes de travail des enfants figurent parmi les celles les plus largement ratifiées. L'objectif est de parvenir à la ratification universelle d'ici à 2015.

Cependant, d'après le nouveau rapport publié aujourd'hui, et intitulé « Combattre le travail des enfants : traduire l'engagement en action », les progrès dans la réduction du travail des enfants ont souvent été mis à mal par l'incapacité à traduire les engagements dans la pratique.

Le plus grand décalage s'observe dans l'économie informelle, où sont perpétrées la majorité des violations des droits fondamentaux au travail. Les enfants des zones rurales et agricoles, ainsi que les enfants des travailleurs migrants ou des populations autochtones, sont les plus menacés victimes de travail forcé.

Environ 130 millions de garçons et de filles âgés de cinq à 17 ans travaillent dans le secteur agricole dans le monde, notamment dans l'élevage, les pêches et la foresterie. Beaucoup d'entre eux font des travaux dangereux, a indiqué de son côté l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

« Le travail des enfants est une violation des droits de l'homme et un obstacle au développement durable de l'agriculture et de la sécurité alimentaire », a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, dans un communiqué de presse suite à la publication du rapport de l'OIT.

« Tout travail qui nuit à la santé et au développement de l'enfant peut avoir des conséquences à long terme sur sa vie d'adulte, et à maintes reprises le travail des enfants a été montré du doigt comme ayant un impact négatif sur leur scolarité. Il entrave considérablement les efforts de promotion d'emploi décent des jeunes, élément clé de la revitalisation pour relancer l'agriculture et réduire la pauvreté », a-t-il ajouté.

Le rapport de l'OIT indique aussi que peu de plaintes contre le travail des enfants sont reçues par les tribunaux nationaux. Les sanctions à l'encontre de ces violations sont souvent trop faibles pour être véritablement dissuasives. Ce qui signifie que les juridictions nationales et les institutions chargées du maintien de l'ordre doivent être renforcées, ainsi que les programmes de protection des victimes.