L'actualité mondiale Un regard humain

Un expert de l'ONU appelle le G20 à faire de la sécurité alimentaire une priorité

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.
ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.

Un expert de l'ONU appelle le G20 à faire de la sécurité alimentaire une priorité

Le Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a appelé les Etats membres du G20 à placer la sécurité alimentaire au rang de priorité dans l'agenda international notamment en prenant des mesures afin d'éviter l'impact négatif des biocarburants et la spéculation sur les denrées alimentaires.

Le Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a appelé les Etats membres du G20 à placer la sécurité alimentaire au rang de priorité dans l'agenda international notamment en prenant des mesures afin d'éviter l'impact négatif des biocarburants et la spéculation sur les denrées alimentaires.

« S'accorder sur un plan d'action sur la sécurité alimentaire sans s'occuper des biocarburants et de la spéculation reviendrai à faire couler un bain sans boucher le trou de la baignoire. Toutes les bonnes idées s'échappent », a mis en garde M. De Schutter.

L'expert indépendant a exhorté les dirigeants du G20 à honorer les engagements qu'ils ont pris lorsqu'ils se rencontreront cette semaine à Cannes pour le sommet du G20. M. De Schutter a rappelé que chacun des presque un milliard de personnes qui souffrent de la faim sont privés de leurs droits fondamentaux.

« La famine continue dans la Corne de l'Afrique, les alertes sur les mauvaises prévisions des récoltes en Afrique de l'ouest, et les pertes de récoltes dues aux inondations en Asie du sud-est, rendent urgentes des mesures pour limiter la volatilité des prix et la l'aggravation de la famine. Le plan d'action adopté en juin par les ministres de l'agriculture du G20 est trop faible, » a rappelé le Rapporteur spécial.

« Le temps des paroles est terminé, et les dirigeants du monde doivent maintenant apporter des changements réels. Ceux qui ont faim ne peuvent plus attendre. Sans action décisive, les populations vulnérables seront plus exposées à la famine, les marchés des denrées alimentaires plus instables, et le monde ne sera pas préparé au défi de nourrir neuf milliards de personnes d'ici 2050, » a-t-il poursuivi.

Le rapporteur spécial a identifié plusieurs domaines dans lesquels les dirigeants doivent prendre davantage de responsabilité pour assurer le respect des droits de l'homme. Le G20 doit notamment mettre un terme aux subventions aux biocarburants qui sont un facteur majeur de la hausse des prix des denrées alimentaires et dans la ruée vers les terres arables des pays en développement.

« Les dirigeants doivent montrer qu'ils ont entendu les recommandations conjointes des organisations internationales exprimées il y a cinq mois, qui ont appelé les gouvernements du G20 à arrêter les subventions aux biocarburants. Le G20 doit mettre le droit à l'alimentation avant l'intérêt de ses industries, » a souligné M. De Schutter.

« Le marché des produits alimentaires ne doit pas devenir un refuge lorsque les autres marchés financiers sont en crise. La spéculation sur ces marchés est rude, et au lieu de permettre aux producteurs et aux acheteurs de limiter les risques, cela a mené à des fluctuations de prix imprévisibles, » a fait savoir le Rapporteur spécial.

« Les bulles de prix ne sont pas seulement crées lorsqu'un nombre d'individus prennent des positions excessives mais aussi, et peut-être même surtout, lorsqu'un grand nombre de spéculateurs adoptent le même comportement moutonnier en suivant les mêmes signaux, » a-t-il expliqué.

« Le G20 promeut de plus grandes réserves de nourriture pour pouvoir faire face à des crises tels que celle de la Corne de l'Afrique, mais des projets pilotes restreints sont manifestement insuffisants. Nous devons être ambitieux et utiliser des réserves de nourriture pour stabiliser les marchés. Si nous achetons les produits des petites exploitations lorsqu'elles sont abondantes et que nous les revendons en cas de pénuries, nous pouvons prévenir la volatilité des prix et les problèmes de ravitaillement qui sont responsables des crises humanitaires, » a déclaré M. De Schutter.