L'actualité mondiale Un regard humain

Yémen : Ban Ki-moon appelle à la mise en oeuvre de réformes

Des manifestants anti-gouvernementaux au Yémen.
Des manifestants anti-gouvernementaux au Yémen.

Yémen : Ban Ki-moon appelle à la mise en oeuvre de réformes

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé mardi les autorités yéménites à lancer les réformes nécessaires pour mettre un terme à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays.

« Ce qui est important maintenant c'est que le Président Saleh mette en œuvre immédiatement des réformes politiques afin que les populations puissent vivre dans un monde meilleur sans crainte de l'oppression et en voyant leurs droits humains pleinement protégées », a déclaré Ban Ki-moon en réponse à une question d'un journaliste lors d'une conférence de presse à Copenhague, au Danemark, aux côtés de la Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt.

« La situation au Yémen est une grande source d'inquiétude pour la communauté internationale. Je me suis directement impliqué en parlant au Président Saleh et en déployant mon Envoyé spécial, Jamal Benomar, qui s'est rendu cinq fois sur place », a-t-il ajouté.

Le chef de l'ONU a rappelé que les Nations Unies étaient prêtes à travailler en coordination avec le gouvernement du Yémen, ainsi qu'avec les organisations régionales comme le Conseil de coopération du Golfe.

Le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Yémen, Jamal Benomar, a fait un exposé mardi devant le Conseil de sécurité sur la situation dans ce pays qu’il a qualifiée de “très grave” en raison de la poursuite des affrontements entre les partisans et les opposants du Président Ali Abdullah Saleh.

« La situation sécuritaire s’est détériorée très nettement », a dit M. Benomar lors d’un point de presse à l’issue de la séance à huis-clos du Conseil de sécurité. Il a noté que cinq ou six provinces échappaient au contrôle du gouvernement, qu’une grande zone dans le nord était contrôlée par les rebelles Al-Houthi et que les militants d’Al-Qaïda avaient capturé trois villes.

De son côté, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valérie Amos, a estimé mardi dans un communiqué que « depuis trop longtemps la communauté internationale a échoué à accorder l'attention nécessaire à la crise humanitaire au Yémen ».

« Conflit, pauvreté, sécheresse, forte hausse des prix des denrées alimentaires et effondrement des services de l'Etat font de la vie quotidienne de millions de personnes un véritable combat, y compris pour les 100.000 déplacés par les récents affrontements dans le sud, les milliers de réfugiés de la Corne de l'Afrique et les 300.000 déplacés du conflit passé dans le nord », a déclaré la chef de l'humanitaire de l'ONU.

« Chaque soir, un tiers des Yéménites vont se coucher affamés. Dans certaines parties du pays, un enfant sur trois est malnutri – parmi les taux les plus élevés de malnutrition dans le monde », a-t-elle déploré.

Mme Amos a également souligné que la reprise des combats et l'insécurité ont forcé les agences de l'ONU et les organisations humanitaires à retirer leur personnel ou à partir. Il devient de plus en plus difficile d'obtenir des informations viables, a-t-elle précisé.

« Le Yémen est le pays le plus pauvre de la région et a souffert de privations chroniques depuis des années. Si nous n'agissons pas maintenant, la situation peut tourner à la catastrophe », a-t-elle conclu.

Pour sa part, la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a condamné mardi l'assassinat de deux journalistes yéménites, Abdel Hakim Al-Nour et Abdel Majid Al-Samawi qui sont respectivement morts les 4 et 3 octobre derniers.

« Il est essentiel que les autorités du Yémen respectent le statut civil des journalistes et reconnaissent leur droit de remplir leurs responsabilités professionnelles dans des conditions de sécurité acceptables », a dit Mme Bokova.

« Le peuple du Yémen doit être en mesure de jouir d'une presse libre et de la liberté d'expression », a-t-elle martelé.

Selon Reporters sans frontières (RSF), Abdel Hakim Al-Nour était un caméraman et producteur au sein de la société de production Mas et chef médias de l'Association Hayel Saeed Anam. Il aurait succombé à ses blessures lors du bombardement de la ville de Taëz dans la nuit du 4 au 5 octobre. Selon RSF, le journaliste de télévision Abdel Majid Al-Samawi est mort à Sanaa le 3 octobre dernier.