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Centrafrique : le Conseil de sécurité appelle à un dialogue ouvert à tous

La Représentante spéciale Margaret Vogt.
La Représentante spéciale Margaret Vogt.

Centrafrique : le Conseil de sécurité appelle à un dialogue ouvert à tous

Le Conseil de sécurité de l'ONU a encouragé jeudi les autorités de la République centrafricaine à mettre en œuvre un dialogue politique ouvert à tous et à prendre des mesures pour remédier aux irrégularités enregistrées dans le cadre du processus électoral en janvier 2001 dans la perspective des élections à venir.

Dans une déclaration à la presse de la Présidence du Conseil de sécurité, qui est occupée en juillet par l'Allemagne, les membres du Conseil de sécurité « reconnaissent les efforts accomplis par la Commission électorale indépendante et les autorités centrafricaines pour organiser des élections présidentielles et législatives qui se déroulent de manière pacifique ».

Notant que « la quasi-absence d'opposition politique au niveau des institutions démocratiques de la République centrafricaine depuis les élections peut constituer un défi considérable au processus de réconciliation nationale », ils encouragent « le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour s'attacher à remédier aux irrégularités enregistrées dans le cadre du processus électoral en vue de faire en sorte que la conduite des élections municipales et des élections suivantes sera améliorée ».

Les membres du Conseil de sécurité « soulignent qu'il est nécessaire que toutes les parties s'engagent fermement à appliquer les recommandations du dialogue politique sans exclusive et travaillent en faveur de la réconciliation nationale. »

Le 23 janvier 2011, les Centrafricains avaient été appelés aux urnes pour des élections présidentielles et législatives, initialement prévues en avril 2009, mais reporté à deux reprises en raison de l'instabilité politique. Présenté comme l'aboutissement du dialogue national amorcé en 2008 entre pouvoir, opposition et groupes rebelles, ce scrutin a vu la victoire de François Bozizé, au pouvoir depuis 2003, dès le premier tour. L'opposition a contesté ces résultats et dénoncé des fraudes massives lors du scrutin.

Les membres du Conseil de sécurité ont par ailleurs salué jeudi l'accord de cessez-le-feu signé le 12 juin 2011 entre le gouvernement et la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Toutefois, ils se sont dits toujours « préoccupés par les problèmes de sécurité dans le nord et l'est de la République centrafricaine, où la situation demeure précaire ». Ils ont également salué le lancement le 25 juin 2011 du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR).

Deux mois après sa nomination en qualité de Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine, Margaret Vogt, a présenté jeudi devant le Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA).

« Beaucoup a été accompli depuis la création du BINUCA en janvier 2010 », a noté Mme Vogt. « Plusieurs institutions de gouvernance ont été créées, des lois importantes ont été adoptées et la liberté de la presse a été élargie ». Si la situation reste calme dans l'ensemble, elle est cependant encore marquée par une certaine instabilité, en particulier aux alentours de la capitale, Bangui, a-t-elle indiqué.

Intervenant au cours de la séance, le Représentant permanent de la République centrafricaine auprès des Nations Unies, Charles Armel Doubane, a estimé qu'« une série d'évènements encourageants a eu lieu depuis la tenue des élections de janvier dernier ». Il a cité notamment l'annulation partielle des résultats concernant un quart des sièges de l'Assemblée nationale par la Cour constitutionnelle; la tenue de la table ronde des bailleurs de fonds à Bruxelles; la formation du nouveau gouvernement de la République centrafricaine; le sommet tripartite Soudan-Tchad-Centrafrique, ainsi que la signature d'un accord de cessez-le-feu avec le CPJP.

En dépit de ces progrès, la République centrafricaine se heurte encore à des défis majeurs, a fait remarquer Mme Vogt, mentionnant l'extrême pauvreté, la faiblesse des institutions nationales, un fort taux de violence et de criminalité, et la corruption. Les principaux défis à relever sont l'instabilité politique, la mise en œuvre des accords de paix conclus avec les groupes rebelles, ainsi que le processus de désarmement et de réintégration des anciens combattants, a-t-elle indiqué.

Si elle a souligné le succès des élections législatives et présidentielles, qui se sont déroulées dans un climat pacifique, Mme Vogt a rappelé les irrégularités qui ont été constatées et l'annulation de certains scrutins dans 13 districts électoraux. Elle a salué la décision du gouvernement de créer un organe indépendant qui sera chargé des futures élections et de la révision du code électoral.

La Commission de consolidation de la paix (CCP) a joué un rôle important dans ces élections, a quant à lui indiqué Jan Grauls, Président de la formation République centrafricaine de la CCP. Il a cependant regretté le boycott du second tour du scrutin parlementaire par des partis de l'opposition.

Outre l'accord de cessez-le-feu signé par la CPJP le 12 juin, Mme Vogt s'est félicitée que le dirigeant rebelle du Front populaire pour le redressement (FPR) ait exprimé sa volonté de s'engager dans des négociations afin de permettre qu'un accord de paix soit signé d'ici à un mois, ce qui pourrait conduire au rapatriement de 400 à 500 personnes.