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Côte d'Ivoire : l'insécurité entrave l'acheminement de l'aide humanitaire

Côte d'Ivoire : l'insécurité entrave l'acheminement de l'aide humanitaire

Des personnes déplacées dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Alors que le Conseil de sécurité a reconduit jeudi l'embargo sur les armes et le régime de sanctions pour la Côte d'Ivoire, l'insécurité persistante dans le pays empêche l'aide humanitaire d'être acheminée notamment à l'ouest du pays et dans certains quartiers d'Abidjan, s'est inquiété le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

« Malgré notre engagement à soutenir les populations et le gouvernement, l'insécurité limite notre capacité à fournir de l'assistance dans les quartiers de Yopougon et d'Abobo à Abidjan ainsi que dans la zone de Zouan Hounien, Toulepleu et Bloléquin où l'instabilité persiste », a déclaré le Coordonnateur humanitaire de l'ONU en Côte d'Ivoire, Ndolamb Ngokwey, dans un communiqué.

Ces trois dernières semaines, la communauté humanitaire a assisté l'équipe du système des Nations Unies chargée de l'évaluation et de la coordination en cas de catastrophe (UNDAC) afin d'évaluer les besoins aussi bien à Abidjan que dans le reste du pays. La santé, l'éducation, l'eau et l'assainissement, les abris et la protection sont parmi les secteurs les plus affectés, a indiqué OCHA.

Du personnel, des médicaments, du matériel de fonctionnement et des soins dans les hôpitaux ont été fournis. Un programme de clinique mobile a également été mis en place dans l'ouest du pays et à Abidjan pour accéder aux malades et aux blessés qui ne peuvent pas se déplacer vers les centres de santé ou les hôpitaux.

La réouverture des écoles dans le pays se heurte à des difficultés liées aux déplacements des enfants et des enseignants, au pillage du matériel et de certaines infrastructures scolaires, à l'utilisation de certaines écoles comme abris. Les agences de l'ONU et les organisations non gouvernementales ont fourni du matériel scolaire aux écoles, créé des espaces temporaires pour le déroulement des cours et le recrutement d'enseignants volontaires.

Un programme de repas scolaire est prévu afin d'encourager le retour des enfants à l'école et veiller à leur développement nutritionnel. Près de 800.000 enfants ont manqué entre quatre et six mois de cours à cause de la crise.

Au plus fort de la crise, l'eau potable était rare à Abidjan et à l'intérieur du pays. Grâce à l'engagement des autorités des mesures ont été prises pour rétablir le système d'approvisionnement à Abidjan et progressivement dans le reste du pays mais des pénuries d'eau sont encore fréquentes à Man. L'accumulation des déchets ménagers depuis plusieurs semaines à certains endroits de la ville d'Abidjan ainsi qu'à Man et à Duékoué constitue une grave menace de santé publique à laquelle une action urgente est nécessaire, a indiqué l'agence onusienne.

A Abidjan des opérations de ramassage d'ordure sont en cours dans les quartiers accessibles et les humanitaires appuient des initiatives communautaires à Duékoué et à Man. Plus de ressources sont nécessaires pour que de telles actions soient étendues sur d'autres zones, insiste OCHA.

« Il reste beaucoup à faire pour protéger la population civile et assister les victimes de viols et d'agressions, qui continuent dans les zones instables du pays. Il faut qu'un terme soit mis à ces actes et que l'ordre public soit restauré afin que les populations puissent vivre en toute quiétude », a plaidé M. Ngokwey.

Pour le Chef d'OCHA en Côte d'Ivoire, Niels Scott, « la surpopulation de la mission catholique à Duékoué qui accueille actuellement environ 28.000 personnes sur un espace de quatre hectares est inacceptable ». Il a souligné que les travailleurs humanitaires étaient à pied d'œuvre pour désengorger ce site.

La plupart des villages dans la zone de Zouan Hounien et de Toulepleu-Bloléquin ont été dévastés et une bonne partie de population a trouvé refuge dans la brousse ou au Libéria. Les personnes qui sont restées dans ces villages ont des besoins urgents en eau, abris, nourriture et n'ont qu'un accès limité aux soins médicaux. L'acheminement de l'aide reste complexe à cause de l'insécurité persistante.

A ce jour, 32 millions de dollars, soit 20% des 160 millions de dollars réclamés par l'ONU pour financer les opérations humanitaires en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins (Libéria, Guinée, Ghana, Togo), ont été collectés.