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Tunisie, Egypte, Yémen : l'ONU juge important d'être à l'écoute des peuples

Tunisie, Egypte, Yémen : l'ONU juge important d'être à l'écoute des peuples

Le Président d'Egypte, Hosni Moubarak.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souhaité vendredi à Davos que les tensions actuelles en Tunisie, en Egypte, au Yémen et dans d'autres pays du Moyen-Orient ne débouchent pas sur davantage de violences et a rappelé aux autorités qu'il était important de répondre aux préoccupations de leur population.

« Tous les dirigeants et tous les peuples concernés doivent s'assurer que la situation ne débouche pas ou n'entraine pas davantage de violence », a-t-il dit lors d'une conférence de presse, organisée en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

Interrogé sur la situation en Egypte et au Yémen où les autorités sont confrontées à une forte protestation populaire depuis plusieurs jours, Ban Ki-moon a estimé que ces Etats devaient « regarder ces situations comme des opportunités pour répondre aux préoccupations et aspirations légitimes de leurs peuples ».

« Les dirigeants de tous les Etats ont une responsabilité, et en même temps un mandat, celui d'écouter attentivement les aspirations de leurs peuples », a-t-il poursuivi, avant d'estimer que « les libertés d'expression et d'association devraient être totalement respectées ».

« Concernant l'interruption des services Internet en Egypte, je crois que l'un des principes de base de la démocratie, c'est de protéger et d'assurer la liberté d'expression au peuple. Et au travers d'un dialogue avec la société civile, les dirigeants seront capables de mieux comprendre les attentes et aspirations, les préoccupations et les défis du peuple », a-t-il ajouté.

De son côté, la Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a appelé le gouvernement égyptien à la retenue et « à protéger les droits de ses citoyens à la liberté d'expression, d'information et de réunion, conformément à la législation du pays et au droit international ».

Dans un communiqué rendu public vendredi, elle souligne que « depuis le début des manifestations, la police a utilisé, dans sa confrontation avec les manifestants, des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des matraques, et que plus de 1.000 personnes ont été arrêtées, dont des opposants politiques ».

« Tout en reconnaissant que le maintien de l'ordre public est important, la responsabilité du gouvernement de protéger les droits à la vie, à la liberté et à la sécurité est primordiale », indique-t-elle. « Je demande au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour garantir les droits à la liberté de réunion et d'expression, y compris en rétablissant la libre utilisation des téléphones mobiles et des réseaux sociaux ».

Evoquant ensuite la mort d'au moins cinq civils lors des manifestations, la Haut Commissaire a demandé l'ouverture d'enquêtes, après des rapports faisant état d'un usage excessif de la force par les services de sécurité, estimant que celles-ci sont « nécessaires pour garantir la justice, la vérité et offrir des réparations aux victimes et à leurs proches ».

Attirant l'attention sur le fait que la loi instaurant l'état d'urgence est en vigueur en Egypte depuis près de 30 ans, Navi Pillay a demandé sa levée et a rappelé l'importance de la primauté de l'Etat de droit dans la création d'une société stable.

« Je crois que la levée de la loi sur l'Etat d'urgence est attendue depuis longtemps et elle est à l'origine d'une grande partie de la frustration et de la colère qui a éclaté au grand jour dans les rues », indique-t-elle dans son communiqué.

Navi Pillay se félicite par ailleurs des appels lancés par le Conseil national égyptien des droits de l'homme en faveur d'un dialogue ouvert, incluant tous les partis politiques et groupes sociaux, afin de mettre en œuvre des mesures destinées à mettre un terme à la corruption et à lutter contre la pauvreté.

« Les gens doivent avoir le droit d'exprimer leurs reproches quand leurs droits civiques et politiques sont violés, ainsi que leurs frustrations face à l'absence de réalisation de leurs droits économiques, de leur droit au travail et de leur droit à un niveau de vie suffisant », estime la Haut Commissaire.

« Les gouvernements de la région et dans du monde doivent en tenir compte. Etouffer la voix des citoyens et faire taire la dissidence et la critique ne feront pas disparaître les problèmes. Les événements récents dans la région mettent en évidence le fait que la lutte contre de graves problèmes, par le recours à des mesures de haute sécurité, ne fait qu'envenimer les choses, qui éclatent finalement à une grande échelle », conclut-elle.