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Afrique de l'Ouest : réduction de l'utilisation de pesticides toxiques grâce à la FAO

Afrique de l'Ouest : réduction de l'utilisation de pesticides toxiques grâce à la FAO

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En Afrique de l'Ouest, grâce à un projet international qui promeut les pratiques agricoles durables, des agriculteurs sont parvenus à réduire l'utilisation des pesticides toxiques tout en augmentant leurs rendements et leurs revenus et en diversifiant les systèmes culturels.

Quelque 100.000 agriculteurs au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal participent à ce projet au niveau communautaire exécuté par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et baptisé Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs en Afrique de l'Ouest.

Travaillant en groupes restreints dans le cadre d'écoles pratiques d'agriculture de terrain (encore appelées fermes-écoles ou Farmer Field Schools, ndlr), ces petits paysans développent et adoptent les bonnes pratiques agricoles par l'apprentissage et l'expérience sur le terrain.

Pour faire pousser des cultures saines, le Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs promeut l'amélioration des sols et des alternatives aux pesticides chimiques, notamment l'utilisation d'insectes prédateurs des nuisibles, le choix de variétés adaptées, l'épandage de pesticides naturels et l'adoption de certaines pratiques culturales. Les problèmes de commercialisation et de sécurité alimentaire font également partie du Programme.

"En Afrique de l'Ouest, la tendance au cours des dernières décennies était à l'utilisation accrue de pesticides hautement toxiques pour les cultures à haute valeur et fréquemment irriguées. Il y a un manque général de connaissance des effets négatifs des pesticides sur la production, l'économie et la santé des communautés ainsi que sur l'environnement", affirme un expert de la FAO, William Settle.

"De simples expériences sur le terrain, à l'instar de celles qui sont pratiquées dans les écoles pratiques d'agriculture de terrain, ont doté les petits exploitants agricoles des moyens de produire d'une manière plus respectueuse de l'environnement tout en améliorant leurs rendements et leurs revenus", ajoute M. Settle.

"La formation au niveau communautaire est la clé de l'intensification durable de la production vivrière. Elle contribue à l'amélioration de la sécurité alimentaire et des moyens d'existence dans la région. Ce faisant, elle représente une étape importante vers la réalisation du premier Objectif du millénaire pour le développement, à savoir la réduction de la faim et de la pauvreté."

Exemple typique : un groupe d'environ 25 agriculteurs travaillant sous la coordination d'un formateur prépare deux parcelles de formation dans le village. Sur l'une des parcelles, les agriculteurs utilisent les méthodes locales de l'agriculture conventionnelle, alors que sur l'autre ils utilisent les meilleures pratiques appropriées pour la culture et son emplacement, basées sur la gestion intégrée de la production et des déprédateurs. Ainsi, ils peuvent observer et comparer les résultats obtenus sur les deux parcelles.

Plus de 2.000 formateurs provenant de plusieurs administrations locales, du secteur privé et d'organisations de la société civile ont reçu une formation pour aider les agriculteurs à mettre en œuvre des méthodes d'agriculture durable.

Au Mali, une enquête menée dans 65 villages de planteurs de coton, qui avaient été formés en 2007-08, a montré une réduction de 94% de l'utilisation des pesticides chimiques et une augmentation de 400% de l'utilisation des matières biologiques comme le compost et le fumier, des substances qui peuvent inverser le déclin de la fertilité des sols.

Au Burkina Faso, la gestion intégrée de la production et des déprédateurs a permis d'accroître les rendements de 14 à 70%. Près de 16.000 planteurs de coton ont été formés dans le cadre du projet et leur nombre devrait doubler d'ici à fin 2011.

Des chiffres en provenance du Sénégal et du Mali montrent des réductions de 90% de l'utilisation des pesticides chimiques parmi les paysans un à deux ans après que ces derniers eurent reçu une formation. Au Sénégal, les agriculteurs ont également opté pour l'utilisation de pesticides botaniques et biologiques.

Un des résultats les plus frappants du Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs est l'utilisation accrue par les agriculteurs de matières organiques comme le compost ou la paille de riz, indique-t-on à la FAO.

Parmi les différentes cultures de la région, la production de coton est celle qui a le pire impact sur l'environnement du fait à la fois de ses effets sur les sols fragiles et de l'utilisation excessive de pesticides.

Le Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs œuvre avec les agriculteurs en vue d'intensifier durablement la production de coton en dopant les rendements grâce à l'application de compost, la plantation de légumineuses de couverture et l'utilisation de semences améliorées et de techniques pointues de gestion des plantes. Les agriculteurs diversifient l'utilisation de céréales et de cultures qui améliorent les sols (légumineuses et fourrage). Et celles-ci servent à nourrir le bétail ou peuvent être écoulées sur le marché local.

Cette année le Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs commence également à surveiller les niveaux de résidus de pesticides dans des échantillons d'eau prélevés en de nombreux endroits dans six pays d'Afrique de l'Ouest le long des fleuves Niger et Sénégal. Il œuvre en partenariat avec l'Oregon State University (Etats-Unis) pour former les techniciens des laboratoires locaux afin qu'ils puissent détecter les pesticides dans l'eau.

La deuxième phase du projet d'une valeur de 9,5 millions de dollars au Bénin, Burkina Faso, Mali et Sénégal est financée par le gouvernement des Pays-Bas. Les retombées économiques couvriront largement les coûts du projet tout au long de sa durée de vie, sans parler des bénéfices non économiques, notamment sur la santé des communautés, l'éducation et l'environnement.

Des fonds et des partenariats supplémentaires sont fournis par la Facilité de l'environnement mondiale (Global Environment Facility - GEF), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l'Union européenne et l'Espagne.

Si les ressources se matérialisent, pas moins d'un demi-million d'agriculteurs pourront être formés au cours des cinq prochaines années pour un coût d'environ 30 à 40 millions de dollars, selon la FAO.