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Guinée : l'ONU préoccupée par l'usage excessif de la force contre des manifestants

Guinée : l'ONU préoccupée par l'usage excessif de la force contre des manifestants

Forces armées guinéennes.
Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est déclaré vendredi profondément préoccupé par l'usage excessif de la force par les forces de sécurité de Guinée contre des manifestants cette semaine dans la capitale Conakry, tuant un homme et en blessant 62 autres.

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est déclaré vendredi profondément préoccupé par l'usage excessif de la force par les forces de sécurité de Guinée contre des manifestants cette semaine dans la capitale Conakry, tuant un homme et en blessant 62 autres.

« Le HDCH reconnaît que les autorités ont eu une tâche difficile face aux manifestations du 18-20 octobre, qui dans certains cas ont dégénéré en violences, y compris des jets de pierre, des pneus brûlés et l'érection de barricades bloquant les rues, ce qui a eu pour conséquence de faire 10 blessés parmi les forces de l'ordre », a déclaré le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.

« Néanmoins, le HCDH estime que les forces de sécurité ont commis de graves violations des droits de l'homme en tirant aveuglément contre des civils non armés, parfois à bout portant, en entrant de force dans des maisons et en les mettant à sac, et en battant violemment de jeunes hommes qui n'offraient pas de résistance », a-t-il ajouté.

Il a précisé que cinq secteurs de Conakry avaient été particulièrement touchés, Hamdallaye, Ratoma, Matoto, Bambeto et Afia Minière. Certaines des opérations des forces de sécurité semblaient viser des zones entières de manière aveugle, avec peu d'efforts pour faire la distinction entre les manifestants et les résidents qui n'avaient pas pris part à ces manifestations, a ajouté M. Colville.

Les forces de sécurité ont également détenu de manière illégale et arbitraire un nombre indéterminé de personnes, les ont retenues dans des lieux de détention non précisés, et les ont empêchées d'avoir accès à des avocats. En outre, des officiers des droits de l'homme se sont vu refuser l'accès à une cellule de détention de la gendarmerie dans la commune de Hamdallaye, où un certain nombre de manifestants seraient détenus sans contact avec l'extérieur.

Le HCDH en Guinée est particulièrement préoccupé par le fait que les membres des forces de sécurité qui ont pris part à ces opérations de police incluent la Force spéciale de sécurisation du processus électoral, qui est l'unité spéciale de la police formée pour encadrer le processus électoral.

Le HCDH s'est dit aussi préoccupé par le fait que des membres des forces de sécurité auraient proféré des menaces, et même procédé à des attaques, sur la base de l'ethnie des victimes ou leur affiliation politique. Il a appelé les responsables politiques à encourager leurs partisans à garder le calme et le gouvernement de transition à s'assurer que les forces de sécurité respectent scrupuleusement les standards internationaux en matière d'usage de la force et des armes à feu, a dit M. Colville.

Selon la presse, la Commission électorale nationale indépendante a annoncé vendredi le report à une date qui reste à fixer du second tour de l'élection présidentielle en Guinée, qui était prévu dimanche.

Le second tour avait déjà été reporté une première fois quatre jours avant la date prévue alors, le 19 septembre. Il doit opposer l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, qui avait obtenu 43 % des voix au premier tour du 27 juin, à l'opposant historique Alpha Condé (18 %). Ce scrutin présidentiel est le premier scrutin libre en Guinée, qui n'a connu que des régimes dictatoriaux et autoritaires depuis son indépendance en 1958.