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Népal : pas de paix possible, sans décisions politiques et compromis, selon Pascoe

Népal : pas de paix possible, sans décisions politiques et compromis, selon Pascoe

En 2006, les rebelles maoïstes et le gouvernement népalais ont signé un accord de paix historique.
« Des étapes importantes ont été franchies, mais l'impasse politique demeure. Aucune avancée majeure ne s'est produite, mais il est trop tôt pour conclure que les parties sont sur une voie qui verra l'accord du 13 septembre appliqué d'ici au 15 janvier », a souligné jeudi devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, B. Lynn Pascoe.

Il présentait les conclusions d'une mission de deux jours au Népal début octobre, au cours de laquelle il a évalué la situation dans ce pays où la mise en œuvre de l'Accord de paix de novembre 2006 connaît depuis plusieurs mois de nombreux blocages. Un accord entre le gouvernement et le Parti communiste unifié du Népal pour dépasser ces blocages, relancer le processus de paix et demander l'extension du mandat de la Mission de l'ONU au Népal (MINUNEP) au 15 janvier prochain était finalement intervenu le 13 septembre.

Dans son exposé, B. Lynn Pascoe a rappelé que le Népal était « engagé dans un processus de transformation politique et sociale et de consolidation de sa démocratie », qu'il avait « fait des progrès remarquables en quelques années, qui ont mené à l'Accord de paix de 2006 ». « Mais comme tout grand compromis, la mise en œuvre de cet accord rencontre de sérieuses difficultés », a-t-il poursuivi, avant de l'attribuer à l'apparition progressive de dissensions entre les parties politiques et en leur sein.

Devant les 15 membres du Conseil de sécurité, il a ensuite rappelé que « comme le Secrétaire général de l'ONU l'a écrit dans son dernier rapport datant de début septembre », l'ONU « n'est pas favorable à une extension répétée du mandat de la MINUNEP ». Il est ensuite revenu sur les trois domaines dans lesquels le gouvernement et les maoïstes se sont entendus dans l'accord du 13 septembre.

Premier domaine : ils se sont mis d'accord pour trouver un consensus sur le travail et les procédures du Comité spécial de supervision, d'intégration et de réhabilitation du personnel de l'armée Maoïste. « Le Comité a maintenant pris un certain nombre de décisions liées aux procédures, mais il doit encore faire des progrès sur les questions de fond », a-t-il expliqué, ajoutant que les dirigeants politiques devaient « prendre les décisions essentielles sur l'intégration du personnel de l'armée maoïste aux forces armées –en particulier sur leur nombre et sur les modalités de cette intégration ».

Second domaine : le gouvernement et les maoïstes se sont engagées à transmettre « sans délais les données complètes » sur l'armée maoïste au Comité spécial. « Une des étapes importantes franchie a été la création d'un Secrétariat au sein du Comité spécial pour mettre en œuvre l'intégration et la réhabilitation du personnel de l'armée maoïste », s'est félicité B. Lynn Pascoe. Il a toutefois regretté qu'« aucun accord ne soit intervenu sur celui qui dirigera ce secrétariat ». « Les négociations se poursuivent au niveau politique », a-t-il précisé.

Troisième domaine de l'accord du 13 septembre, celui de la rédaction de la constitution et du partage du pouvoir. Selon B. Lynn Pascoe, c'est le partage du pouvoir qui pose aujourd'hui le plus grand défi.

« Trois mois après la démission du Premier ministre, le pays est toujours dirigé par un gouvernement intérimaire et douze scrutins au parlement pour élire un nouveau Premier ministre n'ont toujours pas donné de vainqueur », a-t-il souligné. « Le processus de rédaction de la nouvelle constitution connaît le même sort », a-t-il ajouté, même s'il a salué la création le 11 octobre dernier, après une réunion des 27 partis politiques népalais à l'Assemblée constituante, d'un groupe de travail dirigé par l'ancien Premier ministre et Président du Parti communiste unifié du Népal, Pushpa Kamal Dahal. Ce groupe de travail rendra fin octobre un rapport sur les moyens d'accélérer le consensus sur la nouvelle constitution népalaise.

« Il n'y a aucun doute que l'échéance du 15 janvier correspondant à la fin du mandat de la MINUNEP a créé un nouveau sentiment d'urgence au sein des parties au processus de paix », a finalement estimé le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. « Il n'existe pas de substituts aux décisions politiques qui doivent être prises et aux compromis qui doivent être faits par les dirigeants politiques népalais », a-t-il conclu devant le Conseil de sécurité.