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Somalie : un expert de l'ONU appelle à mieux protéger les civils

Somalie : un expert de l'ONU appelle à mieux protéger les civils

Une famille de déplacés somaliens.
L'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Somalie, Shamsul Bari, a demandé mardi à la communauté internationale d'apporter une attention adéquate à la protection des civils et de combattre l'impunité pour les auteurs des violations les plus graves des droits de l'homme et du droit humanitaire international.

« Je suis profondément troublé par les informations persistantes faisant état de victimes civiles, en particulier de femmes et d'enfants, dans les combats dans la région du Centre-Sud et à Mogadiscio », a indiqué Shamsul Bari, qui vient de terminer une tournée en Afrique de l'Est qui l'a mené au Kenya, en Somalie et en Ouganda. « Un hôpital de Mogadiscio a indiqué avoir traité 1.400 civils blessés pendant les six premiers mois de l'année », a-t-il souligné.

« Beaucoup d'enfants et de jeunes hommes risquent d'être recrutés par des groupes armés et d'être envoyés en première ligne, alors qu'ils appartiennent déjà à une génération qui n'a connu que la violence et les conflits », a mis en garde l'expert.

Des rapports, incluant ceux de l'organisation somalienne Centre Elman pour la paix, font état de 918 civils tués et 2.555 autres blessés dans les violences depuis janvier. « Le bilan des sept premiers mois de 2010 est supérieur à celui de la même période en 2009 », a déploré Shamsul Bari, soulignant que « la plupart des victimes ont été causées par les bombardements des groupes armés sur Mogadiscio ».

Le peuple somalien fait face à l'une des pires crises humanitaires que le monde connaisse aujourd'hui. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), un enfant sur sept meurt avant l'âge de cinq ans et un enfant sur cinq vivant dans la région du Centre-Sud est malnutri.

« J'appelle la communauté internationale à examiner en urgence tous les moyens possibles pour faire cesser les exécutions sommaires, dont les décapitations de personnes innocentes, les amputations, les flagellations, les mariages forcés de jeunes filles avec des miliciens, l'utilisation de civils comme bouclier humain, l'imposition d'un code vestimentaire strict pour les femmes et les interdictions d'écouter les médias publics, de la musique ou de se rassembler », a poursuivi Shamsul Bari.

Evoquant le sort ses Somaliens qui fuient les combats des régions du Centre-Sud et viennent trouver refuge au Puntland, l'expert a appelé les autorités du Puntland à continuer de leur « fournir la protection et l'hospitalité qu'impose le respect du droit international ».

Shamsul Bari a également insisté sur l'importance de faire appliquer la loi et le droit, et appelé la communauté internationale à aider à lutter contre l'impunité. « La communauté internationale, dont l'ONU et l'Union africaine, doit travailler de concert pour offrir une protection efficace à tous les civils et s'assurer que les auteurs de violations flagrantes des droits de l'homme et du droit international humanitaire, qui constituent souvent des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité, sont tenus responsables de leurs actes », a-t-il indiqué.

Pour conclure, il a félicité le peuple du Somaliland pour l'organisation de l'élection présidentielle le 26 juin 2010.

Shamsul Bari a été nommé Expert indépendant sur la situation des Droits de l'homme en Somalie par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en mai 2008.