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L'ONU appelle les Iraquiens à former rapidement un gouvernement

L'ONU appelle les Iraquiens à former rapidement un gouvernement

Un responsable électoral iraquien vérifie la liste des électeurs en mars 2010.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé mercredi les parlementaires iraquiens élus en mars dernier « à former aussi vite que possible » un gouvernement de coalition, à l'issue d'une séance au cours de laquelle le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, Ad Melkert, a fait le point sur la situation dans ce pays.

Dans un communiqué lu à la presse, les membres du Conseil ont également « condamné les récentes attaques terroristes » et réitéré leur soutien total à la Mission d'assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI).

Le 14 mai, la Haute commission électorale indépendante iraquienne achevait ses travaux de recomptage des 2,5 millions de bulletins de vote du gouvernorat de Bagdad. Le 16 mai, elle annonçait n'avoir décelé aucune fraude et ou irrégularité majeures. Le 2 juin, la Cour suprême fédérale entérinait les résultats définitifs des élections au Conseil des représentants organisées en mars, mettant ainsi un point final au processus électoral. Faute de majorité, les partis politiques iraquiens devaient depuis s'entendre pour former un gouvernement de coalition. Sans succès jusqu'à présent.

Dans son nouveau rapport présenté au cours de la séance par Ad Melkert, Ban Ki-moon regrette « ces retards constants » qui contribuent « à faire naître une incertitude croissante dans le pays ». « Non seulement ils risquent de saper la confiance dans le processus politique, mais des éléments opposés à la transition démocratique pourraient exploiter cette situation », écrit-il, rappelant notamment la recrudescence des attaques contre de nouveaux parlementaires ces derniers mois. Un point de vue partagé par Ad Melkert, qui a estimé lors de son exposé devant le Conseil de sécurité que l'Iraq était à « un tournant critique ».

Comme le Secrétaire général de l'ONU, il a appelé les dirigeants des partis politiques « à œuvrer de concert dans le cadre d'un vaste processus inclusif pour mettre fin à l'impasse actuelle ». Selon lui, des « signes encourageants » sont toutefois perceptibles, notamment le fait que « les principales formations politiques semblent désormais d'accord sur la nécessité d'un gouvernement de partenariat » et qu'elles aient « commencé à discuter des arrangements possibles pour le partage du pouvoir ».

Dans son rapport, Ban Ki-moon revient ensuite sur l'un des défis majeurs qui attend le futur gouvernement, « accélérer le rythme du développement et de la reconstruction ». « Les troubles récents à Bassorah après des pénuries d'électricité de d'eau potable soulignent la nécessité urgente d'améliorer la fourniture des services essentiels et de créer des emplois », écrit- il, avant de saluer l'adoption d'un Plan de développement national par le gouvernement iraquien, qu'il souhaiterait néanmoins voir mise en œuvre plus rapidement.

Devant le Conseil, Ad Melkert a lui mis en avant la signature récente entre l'Iraq et l'ONU d'un Plan-cadre pour l'aide au développement (UNDAF) et souligner que « les agences onusiennes étaient prêtes à fournir leur part de l'assistance technique internationale ». Il a toutefois exprimé sa préoccupation sur l'engagement de la communauté internationale, rappelant que 12% seulement des 187,7 milliards de dollars réclamé par l'ONU pour financer ses opérations d'assistance en 2010, avait été reçus à ce jour.

Les questions de financement sont aussi une source d'inquiétude pour le Secrétaire général, en particulier à l'heure du retrait progressif des forces américaines d'Iraq « qui aura des conséquences sur la sécurité et l'appui logistique dont bénéficiait la MANUI ».

« L'organisation continue d'avoir des difficultés considérables à opérer, et la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies demeurent une préoccupation majeure », insiste Ban Ki-moon dans son rapport, avant de préciser que « le renforcement indispensable des capacités opérationnelles de la MANUI » nécessiteront encore « un appui financier important des Etats Membres ».

Autre défi qui se présentera au prochain gouvernement selon le rapport, la poursuite du processus de réconciliation nationale, en particulier les relations arabo-kurdes au nord du pays, avec les questions des zones contestées, du partage des revenus pétroliers et de l'adoption d'une loi sur les hydrocarbures qui devront être régler. « C'est impératif que cela reste une priorité », a aussi insisté Ad Melkert devant le Conseil de sécurité, rappelant le rôle de médiateur joué par la MANUI, qui appuie un dialogue dans la province de Ninive, où certaines communautés continuent de boycotter le conseil provincial.

Abordant ensuite la question des Droits de l'homme, Ban Ki-moon s'est dit préoccupé par la persistance des attaques contre les populations civiles, en particulier « les assassinats ciblés à l'encontre de responsables politiques, de membres nouvellement élus au Conseil des représentants, de membres des medias et des minorités ethniques et religieuses ». Le Secrétaire général dénonce ces violences attribuées aux opposants à la transition démocratique, mais aussi les carences des autorités, par exemple dans les prisons de Kirkouk, Erbil et Bassorah, où les conditions de détention sont « déplorables ». Le renforcement de l'état de droit doit d'ailleurs aussi être en tête des priorités du prochain gouvernement selon le rapport.

Pour conclure, le Secrétaire général et son Représentant spécial soulignent les progrès à faire dans le domaine des relations extérieures de l'Iraq. Pour Ban Ki-moon, il est « urgent et indispensable que le nouveau gouvernement honore dans les meilleur délais ses obligations, notamment en ce qui concerne le Koweït » avec lequel les contentieux liés à l'invasion de 1990 ne sont pas réglés, notamment les questions du tracé des frontière terrestres et maritimes, celle des ressortissants disparus pendant la guerre et celle de la restitution des biens koweitiens volés pendant l'occupation irakienne. Ad Melkert s'est lui félicité de la récente installation d'un ambassadeur d'Iraq au Koweït, espérant qu'elle accélérerait le règlement de ces questions.