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Le jatropha, une culture bioénergétique pour les pays pauvres

Le jatropha, une culture bioénergétique pour les pays pauvres

Jatropha.
L'utilisation du jatropha pour la production de biocarburant pourrait offrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs pauvres et leur permettre d'améliorer simplement leurs conditions de vie, en particulier dans les zones semi-arides et reculées des pays en développement, selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) publié jeudi.

L'utilisation du jatropha pour la production de biocarburant pourrait offrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs pauvres et leur permettre d'améliorer simplement leurs conditions de vie, en particulier dans les zones semi-arides et reculées des pays en développement, selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) publié jeudi.

C'est une plante encore mal connue, qui pourrait pourtant changer la vie quotidienne de millions d'habitants des pays pauvres. Jatropha curcas L. est un arbuste sauvage originaire d'Amérique centrale, d'abord connu pour ses propriétés médicinales, mais son fruit riche en huile peut aussi être utilisé pour la production de savon, de bougies et surtout de biocarburant.

Pour les pays en développement, le jatropha pourrait donc être une culture pleine d'avenir. Il pousse en effet relativement bien dans les zones arides, sur les sols dégradés non adaptés à l'agriculture et aux cultures vivrières. Ses racines pénètrent profondément dans le sol pour y chercher l'eau, pendant que ses racines superficielles contribuent à lier le sol et à réduire l'érosion.

Ce sont les fruits de cet arbuste qui peuvent être transformés en biodiesel, carburant moins polluant que le diesel fossile, qui peut ainsi alimenter les familles rurales pauvres en électricité et en combustible de cuisson. Le tourteau de jatropha peut également servir d'engrais et d'aliment pour animaux après avoir subi un processus de désintoxication. Contrairement à d'autres carburants agricoles, comme le maïs ou le soja, le jatropha ne peut en revanche pas être utilisé pour l'alimentation.

En 2008, les plantations de jatropha s'étendaient sur 900.000 hectares dans le monde, dont 760.000 en Asie, 120.000 en Afrique et 20.000 en Amérique latine. Mais selon le rapport de la FAO et du FIDA, d'ici 2015, elles pourraient être multiplié par 13 pour atteindre 12,8 millions d'hectares dans le monde. Les plus gros pays producteurs seraient alors l'Indonésie en Asie, le Ghana et Madagascar en Afrique, et le Brésil en Amérique latine.

Ce sont, en particulier, les petits exploitants, les petites plantations familiales et les membres des systèmes de plantations communautaires qui pourraient tirer des revenus de son exploitation. Les cultures de jatropha présentent en particulier des avantages pour les femmes. Les machines d'extraction, alimentés à l'huile de jatropha, réduisent la charge de travail. Le remplacement des combustibles traditionnels de cuisson issus de la biomasse par des fourneaux à l'huile de jatropha offre également la possibilité de cuisiner dans un environnement sans fumées et sans la contrainte du ramassage permanent du bois.

« Le jatropha pourrait devenir une culture à haut rendement, productive sur des sols dégradés et salins dans les zones sujettes à de faibles précipitations », indique le rapport de la FAO et du FIDA. « Ses sous-produits pourraient servir d'engrais, d'aliments pour le bétail, ou de matière première pour le biogaz, et son huile peut avoir d'autres débouchés, comme la fabrication de savon, de pesticides et les utilisations médicinales. Sans oublier que le jatropha contribuerait à inverser la dégradation des sols ».

Mais selon les auteurs du document, avant d'en arriver là, il faudra encore apporter des améliorations à la plante. Pas question par exemple de compter sur elle pour réduire la dépendance des pays en développement au pétrole, ni d'investir massivement sans avoir auparavant étayé les recherches scientifiques sur ses propriétés.

« Pour exploiter tout le potentiel du jatropha, il faut encore faire la part des choses entre les faits et les allégations et semi-vérités », insiste le rapport, qui souligne l'importance de soutenir la recherche pour développer des variétés de jatropha non-toxiques, avec des graines de meilleure qualité et des techniques de transformation en biocarburant efficaces et peu coûteuses.