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Centrafrique : il faut protéger les déplacés pour consolider la paix, selon un expert

Centrafrique : il faut protéger les déplacés pour consolider la paix, selon un expert

Des enfants déplacés dans le nord de la Centrafrique.
Le respect des Droits humains des 200.000 personnes encore déplacées et les solutions durables à leur déplacement font partie intégrale du processus de consolidation de la paix en République centrafricaine, a déclaré le Représentant du Secrétaire général sur les droits de l'homme des personnes déplacées, Walter Kaelin, à l'issue d'une visite d'une semaine dans le pays.

« Les efforts pour construire une paix durable seront affaiblis tant que des communautés entières restent déplacées et dans le désespoir. Le retour et la réintégration des personnes déplacées internes, victimes de violations de leurs droits, sont des facteurs primordiaux à une paix durable », a dit M. Kaelin. Il a également souligné l'importance du désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants pour achever des solutions durables pour les personnes déplacées.

Plus tôt dans la semaine, Walter Kaelin s'est rendu dans des zones touchées par le déplacement dans le nord du pays. « La situation humanitaire s'est stabilisée en comparaison à l'année 2007, quand j'ai visité la zone pour la première fois. Il y a eu un nombre important de retour qui nécessitent d'être soutenus. Toutefois, ceux et celles qui restent déplacés font toujours face à une crise humanitaire et leurs enfants n'ont pas d'accès à l'éducation depuis des années. Beaucoup de personnes déplacées sont exposés à l'insécurité due à la criminalité », a-t-il souligné.

Le Représentant est particulièrement préoccupé par la situation autour de Ndélé (préfecture de Bamingui-Bangoran), où les forces de sécurité gouvernementales et un mouvement politico-militaire, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), se sont affrontés. « Beaucoup de gens ont dû fuir dans la brousse où ils restent sans aucune assistance humanitaire. Ils souffrent d'un manque de nourriture, d'eau potable et de l'absence totale de services de santé. J'ai également reçu des rapports crédibles sur des actes de violence grave commis contre des populations civiles.» Il a appelé toutes les parties au conflit à respecter scrupuleusement le droit international humanitaire et les droits de l'homme.

Walter Kaelin a également exprimer son inquiétude face à la situation dans le sud-est du pays (les préfectures du Mbomou et Haut Mbomou): « Plusieurs milliers des personnes ont été déplacées, parce que l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) a commis d'atroces attaques contre la population civile." Il a appelé le gouvernement de la République centrafricaine à renforcer la présence des forces de sécurité dans la région.

Le Représentant est aussi inquiet par le fait que l'accès humanitaire reste limité dans plusieurs régions du pays pour des raisons de sécurité. En même temps, il a fait référence aux discussions encourageantes concernant la levée des restrictions militaires sur l'accès humanitaire aux zones situées autour de Ndélé et ses environs.

Pendant sa visite, M. Kaelin a eu l'occasion de participer à un atelier, dans lequel le gouvernement centrafricain et d'autres parties prenantes ont élaboré la vision d'une législation sur les déplacements internes. « Avec une loi sur les déplacements internes, la République centrafricaine serait un exemple pour toute la région des Grands Lacs et elle établirait le cadre juridique et institutionnel nécessaire pour s'attaquer aux graves défis sur le terrain et assumer ses responsabilités de protéger et aider les personnes déplacées », a-t-il estimé.