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Conflits armés : un nouvel outil pour combattre les violences sexuelles

Conflits armés : un nouvel outil pour combattre les violences sexuelles

Des femmes font la cuisine dans un centre pour les victimes de violences sexuelles à Goma, en RDC.
Les viols et les violences sexuelles sont aujourd'hui encore utilisés comme une arme dans les conflits armés. Pour lutter contre ce fléau, l'ONU et le gouvernement australien ont lancé mercredi un nouvel outil destiné à mieux préparer les équipes de l'ONU à prévenir ces drames, en premier lieu les casques bleus déployés sur le terrain.

Intitulé « Combattre les violences sexuelles dans les conflits – inventaire des pratiques dans les opérations de maintien de la paix », ce nouvel outil recense les meilleures pratiques observées dans les missions de l'ONU dans le monde. Il doit aider les casques bleus à apporter une réponse plus adaptée et plus efficace aux problèmes de sécurité des femmes dans les zones de conflit.

Du ramassage du bois sous escorte au Darfour, aux patrouilles de nuit en RDC, le document fait l'inventaire des efforts réalisés pour prévenir et combattre les violences sexuelles en temps de guerre.

Financé par le gouvernement australien, ce premier inventaire des bonnes pratiques est le fruit d'une collaboration entre le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU (DPKO selon l'acronyme anglais), le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et le réseau « Action de l'ONU contre les violences sexuelles » (UN Action).

En plus de mettre en avant les initiatives positives prises par des casques bleus pour endiguer les violences sexuelles, le document présente aussi des cas de viols qui n'ont pas été évités, en analyse les causes et propose des solutions préventives pour éviter la reproduction de drames similaires dans des circonstances différentes, ailleurs dans le monde.

Pour la Représentante spéciale de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits armés, la Suédoise Margot Wallström, qui participait au lancement du document, « les casques bleus doivent être armés d'exemples et d'informations pour les aider à être plus efficaces sur le terrain, pour passer des meilleures intentions aux meilleures actions ».

« Nous sommes tous au courant des horreurs qui peuvent se dérouler dans les zones de guerre, mais nous avons aussi la responsabilité de souligner les succès. Les viols ne sont pas inévitables, ce sont des crimes qui peuvent être empêchés si nous développons le savoir-faire et la volonté pour ça », a-t-elle ajouté.

Le document se penche aussi sur des cas de viols qui se sont déroulés malgré des mesures préventives prises par des soldats de la paix, ou longtemps après la fin de combats. Il recense aussi les avantages et les inconvénients que peuvent présenter la présence de femmes en uniforme dans les rangs des casques bleus, comme en Afghanistan ou au Libéria. Il propose enfin un certain nombre de recommandations pour mieux évaluer les risques, par exemple lorsque les femmes quittent leurs camps pour ramasser du bois ou cueillir des fruits.

« Le changement de nature des conflits nécessite un changement dans les pratiques des missions de maintien de la paix et cet outil fait partie des efforts entrepris pour s'adapter aux évolutions des opérations de maintien de la paix », a souligné le général Abhijit Guha, Conseiller militaire adjoint au Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU.

« Nous avons besoin de nouvelles méthodes sur le terrain, de développer des relations meilleures avec les civils que nous protégeons, de plus de femmes dans nos rangs, d'entrainement sur la manière dont nous devons répondre à ces situations. Ce nouvel outil est une contribution significative à ce travail que nous devons menée », a estimé pour sa part le général Patrick Cammaert, ancien commandant de la Mission de l'ONU au Congo (MONUC) dans l'est de la république démocratique du Congo, qui s'exprimait au nom de l'UNIFEM.