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ONU-Habitat : les villes doivent inclure les populations marginalisées

ONU-Habitat : les villes doivent inclure les populations marginalisées

La directrice exécutive de l'ONU-Habitat, Anna Tibaijuka.
Dans un entretien accordé au Centre d'actualités de l'ONU, la Directrice Exécutive de l'Agence des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), Anna Tibaïjuka, plaide pour la mise en œuvre de politiques globales « inclusives » afin de permettre l'intégration des populations marginalisées et vivant dans des taudis.

Dans un entretien accordé au Centre d'actualités de l'ONU, la Directrice Exécutive de l'Agence des Nations Unies pour les établissements humains ( ONU-Habitat ), Anna Tibaïjuka, plaide pour la mise en œuvre de politiques globales « inclusives » afin de permettre l'intégration des populations marginalisées et vivant dans des taudis.

« Il faut combler les disparités et améliorer les droits des habitants des zones urbaines. Nous faisons face à une situation loin d'être satisfaisante : 1 milliard de personnes vivent dans des bidonvilles sans accès à l'eau potable, à des structures d'assainissement, à des logements durables et sans aucune sécurité sur le régime foncier du terrain qu'ils occupent », explique Mme Tibaïjuka dans cet entretien.

« Nous souhaitons réellement l'inclusion d'une urbanisation durable dans les politiques urbaines, c'est un préalable au développement durable », a-t-elle expliqué, insistant sur l'importance du concept d'inclusion, qui est la clef de voute et la garantie de l'équité des politiques de développement mises en place par l'ONU-Habitat dans le monde entier.

« Aujourd'hui, dans les pays en développement, les jeunes de moins de 30 ans représentent 60% de la population mondiale. Si nous n'avons pas de politiques sociales et économiques claires qui les intègrent en leur offrant des moyens de subsistance, une éducation de qualité et des formations professionnelles, nous ne serons pas en mesure d'améliorer leurs vies », souligne-t-elle.

Pour Anna Tibaïjuka -première femme africaine à occuper un rang aussi élevé dans le système des Nations Unies-, les villes doivent donc s'attacher à prendre en compte « les dimensions économiques, sociales et environnementales de l'urbanisation ».

« Aujourd'hui, 62% de la population mondiale vit dans des villes. D'ici 2030, même dans un continent comme l'Afrique qui est encore en majorité rural, la population sera concentrée dans les agglomérations. Le rôle de l'ONU-Habitat est donc de travailler avec les Etats Membres et les communautés pour améliorer la gestion de l'habitat face aux évolutions démographiques », a-t-elle expliqué.

Selon elle, « les êtres humains deviennent 'des créatures urbaines' », ce qui constitue à la fois un défi extrêmement complexe et une opportunité décisive pour introduire plus d'équité dans l'urbanisation des villes de la planète.

Preuve de l'importance essentielle des problématiques liées au logement urbain, l'Exposition Universelle qui se déroule actuellement à Shanghai, en Chine a pour thème : 'Une meilleure ville, une meilleure vie'. Début mai, Anna Tibaïjuka y a inauguré le pavillon de l'ONU, entièrement consacré aux problèmes d'urbanisation dans le monde.

L'amélioration de l'urbanisation est aussi l'un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), adoptés en septembre 2000 par tous les Etats Membres de l'ONU réunis à New York, au siège de l'organisation. Le septième objectif prévoit ainsi de sortir de leurs taudis 100 millions de personnes d'ici à 2020. S'il a d'ores et déjà été atteint, le problème de l'urbanisation n'est pas pour autant réglé. L'ONU-Habitat estime en effet que par rapport à 1995, il y a 283 millions de personnes en plus qui vivent dans des habitations de fortune. En 2005, 30% des citadins vivaient dans des taudis, proportion quasi inchangée depuis 1990.

« Bien sûr, nous nous félicitons que cet objectif ait été atteint avec de l'avance, mais il n'y a pas de quoi célébrer une victoire car nous vivons dans un monde où il y a toujours 1 milliard de personnes qui habitent dans des bidonvilles ! », déplore Anna Tibaïjuka.