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Bolivie : éliminer le travail des enfants grâce à l'éducation

Bolivie : éliminer le travail des enfants grâce à l'éducation

Un enfant bolivien.
L'éducation est souvent citée comme un élément indispensable mais non suffisant pour éliminer le travail des enfants. En Bolivie, en associant le travail décent pour les adultes à l'éducation des enfants, le Bureau international du travail obtient des résultats plus que satisfaisants.

Quand Juanita Avillo Ari, âgée de 11 ans, est arrivée avec ses six frères et sœurs au pied d''une mine à Potosi, dans le sud bolivien, en 2003, elle et sa famille étaient dans une misère noire. Tous vivaient en zone rurale mais leur petite parcelle de terre agricole ne les nourrissait pas.

Comme des centaines d'autres familles, ils ont donc fini dans une mine de la montagne Cerro Rico, où le père a été embauché comme mineur et la mère comme garde. Leurs lourds horaires de travail signifiaient que Juanita et ses frères et sœurs étaient souvent livrés à eux-mêmes, dans une misérable hutte du camp.

Quand les grands frères sont partis fonder leur propre famille, la vie de Juanita et des deux autres enfants est devenue encore plus solitaire et précaire. Ils auraient connu le même destin que beaucoup d'autres enfants dans les camps miniers qui sont exposés à des travaux dangereux, si leurs parents n'avaient été approchés par le CEPROMIN (Centre de promotion minière), une organisation non gouvernementale bolivienne.

Le CEPROMIN gère un projet qui vise à améliorer les conditions de vie des enfants et des familles de mineurs qui vivent dans les camps de Potosi. Juanita et ses frères figurent parmi les quelque 450 enfants maintenant enrôlés dans ce projet qui veille à ce qu'ils soient correctement nourris et pris en charge et, plus important, qu'ils reçoivent une éducation de qualité.

« Les données du problème sont assez simples », déclare Constance Thomas, Directrice du Programme international du BIT pour l'abolition du travail des enfants (IPEC). « Nous ne réussirons pas à éliminer le travail des enfants sans une éducation universelle. Inversement, nous ne pourrons pas garantir à chaque enfant d''être scolarisé si nous ne mettons pas un terme au travail des enfants, en particulier à ses pires formes. Dans le même temps, nous devons assurer aux parents l'accès au travail décent, afin qu'ils ne dépendent pas du travail de leurs enfants ».

Juanita n'avait jamais été scolarisée mais, depuis qu'elle a rejoint le projet, elle s'est révélée l'une des plus brillantes élèves de sa classe. Elle rêve de poursuivre ses études, d'une vie meilleure. Cependant, Juanita fait partie des enfants qui ont de la chance.

Le troisième et dernier Rapport global du BIT sur le travail des enfants indique que le travail des enfants n'a diminué que de 3 pour cent entre 2004 et 2008, alors qu'au cours de la période quadriennale précédente, le recul avait atteint 10 pour cent. Le Rapport avertit que si les efforts mondiaux ne sont pas considérablement intensifiés le but d''éliminer les pires formes de travail des enfants d'ici à 2016 sera manqué.

Le Rapport s'inquiète aussi du fait que si la tendance actuelle se poursuit l'objectif de réaliser l'éducation primaire universelle d'ici à 2015, ou tout autre des sept Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) de ce domaine, sera également sacrifié.

« Les efforts déployés pour éliminer le travail des enfants montrent d'inquiétants signes d'essoufflement. Il y a quatre ans, les tendances encourageantes du deuxième Rapport global sur le travail des enfants nous avaient incités à croire que l'élimination des pires formes de travail des enfants d'ici à 2016 était possible. Nous voyons maintenant cet objectif s'éloigner toujours davantage », ajoute Mme Thomas.

Pour redynamiser le mouvement mondial contre le travail des enfants, les délégués de 80 pays qui participaient à la Conférence récente de La Haye ont approuvé une feuille de route afin d'accroître considérablement les efforts mondiaux pour éliminer les pires formes de travail des enfants d'ici à 2016. La feuille de route invite les gouvernements, les partenaires sociaux et les organisations de la société civile à renforcer l'accès à l'éducation, à la protection sociale et au travail décent. Cette année, le thème de la Journée mondiale contre le travail des enfants est « Droit au but ? éliminons le travail des enfants »: il fait écho à l'ouverture de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud et nous rappelle qu'il reste beaucoup à faire pour débarrasser la planète de travail des enfants.

Cependant, comme le souligne Mme Thomas, rien de tout cela ne comptera si les paroles ne se traduisent pas dans les actes. « Nous savons ce qui marche: une éducation de qualité pour les enfants et du travail décent pour les adultes. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'une volonté politique forte », conclut-elle.