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Conférence annuelle de l'OIT : priorité à la création d'emplois

Conférence annuelle de l'OIT : priorité à la création d'emplois

Le Directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), Juan Somavia, lors de l'ouverture de la conférence annuelle de l'organisation
Les 183 Etats Membres de l'Organisation internationale du travail (OIT) sont réunis depuis mercredi 2 juin, à Genève, en Suisse, pour leur 99ème Conférence annuelle. Au programme : présentation du rapport annuel de l'OIT, débats et discussions sur des thèmes liés à la reprise économique, la création d'emploi, l'élaboration de norme concernant le VIH/sida dans le monde du travail et l'application des conventions et recommandations de l'OIT.

« Nous ne serons pas sortis de la crise tant que règnent le chômage et le sous-emploi », a déclaré la Présidente de la Confédération suisse, invitée de la cérémonie d'ouverture de la 99e Conférence annuelle de l'Organisation internationale du Travail (OIT), organisée à Genève, en Suisse.

Invitée d'honneur, Doris Leuthard a souligné devant 4 000 délégués, la nécessité de renforcer « la coopération et la cohérence, entre les gouvernements et avec les partenaires sociaux, pour relever les défis du développement et répondre aux préoccupations économiques, sociales et environnementales ».

« Alors que l'économie mondiale semble récupérer de la crise, ne nous laissons pas éblouir par des signaux et des indicateurs encourageants. Le chômage reste une préoccupation essentielle des gouvernements, et nous devons nous efforcer d'éliminer les dégâts que la crise a provoqués sur le marché du travail », a-t-elle rappelé.

« Le développement social durable doit favoriser la stabilité et redonner la confiance », a poursuivit Doris Leuthard devant les représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs des Etats Membres de l'OIT, ajoutant qu'«une nouvelle gouvernance mondiale est nécessaire, le capitalisme financier ayant atteint de sérieuses limites ».

« La nouvelle gouvernance mondiale doit viser à donner un cadre fiable à la mondialisation pour éviter qu'elle ne serve que les intérêts d'un petit nombre de personnes déjà privilégiées » a-t-elle ajouté. « La loi du plus fort ne peut pas guider la mondialisation, car la liberté n'est pas concevable sans un cadre assurant l'équilibre des forces et la distribution équitables des bénéfices de l'économie de marché. »

Après l'intervention de la Présidente suisse, les Etats Membres ont élu le nouveau bureau de l'OIT, dont le Président sera désormais Gilles de Robien, Représentant du gouvernement français.

Il a appelé les délégués à poursuivre « l'élan du sommet de l'OIT de 2009 », « à l'heure où nous devons faire face à une sorte de crise après la crise ». Faisant référence à la prochaine Présidence française du G20 et du G8, M. de Robien a également exprimé le souhait que les discussions de la conférence « inspirent les réflexions du G20, notamment pour y faire progresser les valeurs du tripartisme et du dialogue social. »

De son côté, le Directeur général du Bureau international du travail (BIT) Juan Somavia a présenté son rapport annuel intitulé « Placer la reprise et la croissance sous le signe du travail décent ». Le document s'inquiète de l'instabilité croissante qui prévaut sur les marchés financiers et la crise de la dette souveraine en Europe, estimant qu'elles pourraient remettre en cause les efforts mondiaux pour la reprise de l'économie et de l'emploi.

« Les grands acteurs internationaux ont mis l'objectif de la qualité de l'emploi au cœur des plans de repris e», indique le document rédigé par Juan Somavia. « Nous sommes de plus en plus préoccupés: la progression vers cet objectif pourrait être compromise du fait d'une rechute dangereuse de la crise financière ».

Le Directeur de l'OIT avertit également qu'en dépit de signes d'une « modeste reprise économique (?) le risque d'une nouvelle phase de la crise financière, due à la dette souveraine, est apparu, compromettant les perspectives de croissance de certains pays, exposant potentiellement l'économie mondiale et suscitant de nouveaux doutes quant à la stabilité du système monétaire et financier international. »

Le rapport relève par ailleurs que si la production redémarre, le chômage continue d'augmenter dans de nombreux pays en 2010. Le taux de chômage mondial devrait rester élevé en 2010, à 6,5 pour cent, soit plus de 210 millions de personnes dans le monde.

Il rappelle également que la proportion de travailleurs occupant un emploi vulnérable dans le monde a augmenté. Elle se situait entre 49,5 et 52,8 pour cent en 2009, ce qui représente une hausse potentielle de plus de 100 millions de travailleurs vulnérables depuis 2008. « Nous savons qu'il n'y a pas de reprise durable de l'économie sans reprise de l'emploi », a expliqué Juan Somavia.

Le pari consiste à obtenir rapidement une reprise riche en emplois et à nous engager sur la voie d'une croissance forte, durable et équilibrée qui conduise à la stabilité sociale engendrée par le travail décent pour tous. C'est sur cette base que s'enclenchera un processus de réduction des déficit publics et de la dette et c'est en concordance avec le Pacte mondial pour l'emploi adopté par la Conférence internationale du Travail en 2009».

Au cours de la conférence annuelle, plusieurs débats seront organisés avec les délégués des gouvernements, des employeurs et des travailleurs des 183 Etats Membres de l'OIT sur les moyens de préparer une reprise riche en emplois et de promouvoir une croissance plus durable et équilibrée.

Le 14 juin se dérouleront notamment deux panels de haut niveau consacrés au rôle de l'emploi productif et de la protection sociale dans la réalisation des objectifs de développement adoptés à l'échelle internationale et des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Les panels examineront également les progrès accomplis pour mettre en œuvre le Pacte mondial pour l'emploi adopté l'an dernier en réponse à la crise économique mondiale et destiné à orienter les politiques nationales et internationales qui visent à stimuler la reprise économique, à créer des emplois et à fournir une protection aux travailleurs et à leurs familles.

La Conférence va également envisager l'élaboration d'une norme internationale du travail sur le VIH/sida et le monde du travail. Prenant la forme d'une recommandation de l'OIT, cette norme sera le premier instrument international des droits de l'homme entièrement consacré au VIH/sida. Elle contiendra des dispositions sur des programmes de prévention et des mesures de non-discrimination à l'échelon national et au niveau de l'entreprise concourant à renforcer la contribution du monde du travail à l'accès universel à la prévention du VIH, au traitement, à la prise en charge et au soutien des personnes vivant avec le VIH/sida.

La Conférence devrait aussi entamer des discussions sur une nouvelle norme internationale du travail concernant les travailleurs domestiques en vue de la possible adoption d'une convention, complétée par une recommandation en 2011. Cette discussion vise à traiter la situation d'une catégorie de travailleurs vaste et importante, mais souvent « invisible » et vulnérable.

Le 11 juin, la Conférence débattra du Rapport global sur le travail des enfants, au moment-même où sera célébrée la Journée mondiale contre le travail des enfants. Cette journée sera aussi marquée par l'organisation d'un événement sur la Place des Nations, à Genève.