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Malawi : Ban Ki-moon salue la grâce accordée à des homosexuels condamnés

Malawi : Ban Ki-moon salue la grâce accordée à des homosexuels condamnés

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
En visite à Lilongwe, la capitale du Malawi, le Secrétaire général de l'ONU a loué le "courage" de la décision prise samedi par le Président Bingu wa Mutarika de pardonner un couple homosexuel récemment condamné à 14 ans de prison. Ban Ki-moon a espéré voir ce pays d'Afrique australe changer sa législation criminalisant l'homosexualité.

En visite à Lilongwe, la capitale du Malawi, le Secrétaire général de l'ONU a loué le "courage" de la décision prise samedi par le Président Bingu wa Mutarika de pardonner un couple homosexuel récemment condamné à 14 ans de prison. Ban Ki-moon a dit espérer voir ce pays d'Afrique australe, qui préside actuellement l'Union africaine (UA), changer sa législation criminalisant l'homosexualité.

« Nous ne pouvons pas rester passifs lorsque les droits fondamentaux de personnes sont niés -quelque soit leur race, leur croyance, leur sexe, leur âge ou leurs orientations sexuelles », a-t-il expliqué à l'occasion d''un discours devant le parlement du Malawi.

« Il est malheureux que des lois criminalisant les individus en fonction de leurs orientations sexuelles existent dans certains pays. Ces législations devraient être amendées », a-t-il insisté.

Arrêtés le 28 décembre 2009, deux jours après avoir célébré leur mariage, Steven Monjeza et Tiwonge Chimbalanga ont été reconnus coupables jeudi 20 mai de « pratiques indécentes entre hommes » et « d'offense à l'ordre de la nature ». Ils ont été condamnés à 14 ans de prison ferme et à des travaux forcés. Après cette condamnation, la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait critiqué une sentence « évidemment discriminatoire » qui crée « un précédent alarmant dans la région ».

Après avoir salué la grâce finalement accordée par le Président du Malawi aux deux hommes, Ban Ki-moon a espéré voir le Parlement du pays prendre "les bonnes mesures pour mettre à jour sa législation et la rendre conforme aux standards internationaux”. Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a de son côté estimé que la décision du Président constituait "une victoire pour les sans voix et ceux que la société marginalise ».

Dans son intervention devant le Parlement, le Secrétaire général de l'ONU a par ailleurs énuméré les quatre éléments clés qui permettront, selon lui, à l'Afrique d''atteindre avec succès les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) définis en 2000 pour éradiquer l'extrême pauvreté d''ici à 2015.

Il a d'abord rappelé que les engagements des pays développés devaient être réalisés. « Il y a trop de promesses, trop souvent non tenues », a-t-il estimé. Ban Ki-moon a ensuite appelé l'Afrique à libérer son potentiel humain et matériel. "Les peuples d'Afrique n''ont besoin ni de pitié, ni de charité.

Ils ont juste besoin des outils pour créer des emplois et générer des revenus », a-t-il insisté, avant de défendre "une lutte à armes égales pour le continent africain dans le commerce international ».

Le Secrétaire général a également prôné une nouvelle approche du développement, dans laquelle tous les OMD sont pris en compte et coordonnés, plutôt que sélectionnés, avec des objectifs respectifs à atteindre.

« Nous devrions nous concentrer sur la manière de renforcer la capacité des pays d'Afrique à accroître les investissements dans l'agriculture, l'éducation, la santé et les infrastructures", a-t-il poursuivit, appelant à un « vrai partenariat » entre l'Afrique et les donateurs. Ban Ki-moon a d'ailleurs indiqué que lors du Sommet sur les OMD, en septembre prochain, au siège des Nations Unies, à New York, il demanderait aux États Membres de formuler un plan d'actions concrètes, par étape et avec un calendrier précis.

Dernier élément clé pour atteindre les OMD selon le Secrétaire général, la bonne gouvernance, indispensable pour que les initiatives en faveur du développement aient des effets réels.

« Nous ne pouvons pas laisser la volonté des gens trompée par la fraude électorale. Nous ne pouvons pas accepter les changements inconstitutionnels de gouvernement. Nous ne pouvons pas accepter les manipulations de la loi pour préserver les privilèges de ceux qui sont au pouvoir », a-t-il conlu devant les parlementaires.

Dimanche, le Secrétaire général s'est rendu dans le nord du pays, à Mwandama, pour visiter un "Village du millénaire". Les « Villages du Millénaire » sont nés d'un partenariat entre l'Institut de la terre de l'Université Columbia à New York, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Millenium Promise et le Millenium Villages International. Ils ont été développés dans 12 sites, répartis dans 10 pays d'Afrique, dont le Malawi. L'objectif fondamental de ces « Villages du Millénaire » est d'aider les communautés rurales à réaliser les OMD.

Ban Ki-moon sera ensuite à Kampala, en Ouganda pour l'ouverture de la Conférence de révision du traité signé en 1998 à Rome et instaurant la Cour pénale internationale (CPI). À partir du 31 mai, les représentants des 111 Etats parties à la CPI, de pays observateurs, de l'ONU et de la société civile se retrouveront dans la capitale ougandaise pour réaffirmer l'importance de la justice internationale.

Le Secrétaire général de l'ONU achèvera cette tournée en France, à Nice, où il a été invité au Sommet France-Afrique organisé les 31 mai et 1er juin. Il y rencontrera de nombreux chefs d'États africains et participera à un atelier sur les changements climatiques et le développement.

Ban Ki-moon retournera sur le continent africain le 11 juin, pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, « un hommage fabuleux à la vaillance et au potentiel de l'Afrique », selon lui. Il s'entretiendra aussi les dirigeants sud-africains pour faire le point sur l'état d'avancement des OMD dans le pays.

Le Secrétaire général s'envolera ensuite pour une tournée africaine qui commencera au Burundi et se poursuivra dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest où l'ONU intervient : Cameroun, Nigéria, Bénin et Sierra Leone.