L'actualité mondiale Un regard humain

Cambodge : manque de financement pour juger les Khmers rouges

Cambodge : manque de financement pour juger les Khmers rouges

Les Chambres extraordinaires auprès des tribunaux cambodgiens à Phnom Penh.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé mardi les Etats membres à financer les Chambres extraordinaires des tribunaux du Cambodge (ECCC) mandatées pour juger les responsables des crimes commis durant le régime des Khmers rouges. Ces tribunaux spéciaux n'ont plus assez de fonds pour poursuivre leurs activités jusqu'à la fin de l'année et en 2011.

« Pour 2010, la composante internationale manque de 14,6 millions de dollars et la composante nationale à besoin de 6,5 millions dollars », a indiqué Ban Ki-moon dans un discours au siège de l'ONU, à New York, destiné à mobiliser des fonds auprès des Etats membres. « Pour 2011, il manque la totalité du budget de 46,8 millions de dollars », a-t-il ajouté.

Créées en 2003 par un accord entre l'ONU et le Cambodge, les Chambres extraordinaires ont commencé leurs travaux en 2006. Elles sont financées par des contributions volontaires des Etats membres et constituées de personnel international et cambodgien. Leur mandat est de juger les principaux dirigeants du régime Khmer rouge, au pouvoir du 17 avril 1975 au 6 janvier 1979, et les auteurs des crimes les plus graves au regard du droit cambodgien et international. Près de 1,7 million de cambodgiens ont péri pendant la dictature khmère.

« J'espère que quelques Etats membres vont faire des promesses de dons aujourd'hui », a souhaité le Secrétaire général de l'ONU. Les Chambres sont « vitales pour garantir le bien-être du Cambodge à long terme, elles sont un élément crucial dans le renforcement de la justice internationale », a-t-il ajouté.

L'une des affaires en cours les plus importantes est le procès du chef du centre de détention S-21. Selon la presse, Kaing Guek Eav, alias Duch, a dirigé la prison S-21, une ancienne école reconvertie en centre de détention, d'interrogatoire, de torture et d'exécution où au moins 16.000 personnes sont mortes à la fin des années 70. Kaing Guek Eav est accusé de torture, meurtre, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Selon Ban Ki-moon, le verdict sera rendu « bientôt », « ce qui prouve que les Chambres extraordinaires peuvent conduire des procès criminels internationaux en respectant les standards internationaux ».

Un autre procès est très attendu par les cambodgiens, celui de quatre hauts responsables Khmers, qui doit démontrer « que personne n'est au-dessus de la loi », selon le Secrétaire général de l'ONU qui a rappelé l'intérêt du peuple cambodgien pour les poursuites contre les anciens Khmers. « Plus de 31.000 personnes sont venus assister aux auditions », a-t-il précisé.