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Pays du Golfe : Pillay note des changements positifs sur les droits de l'homme

Pays du Golfe : Pillay note des changements positifs sur les droits de l'homme

Navi Pillay.
En visite en Arabie saoudite, la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a estimé lundi qu'il y avait quelques changements positifs en matière de droits de l'homme dans les six Etats du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en particulier dans le domaine des droits économiques et sociaux, des droits des enfants et du trafic d'êtres humains.

Mme Pillay s'est toutefois dite toujours préoccupée au sujet des droits des femmes et des migrants et au sujet de la liberté d'expression, d'association et de réunion, dans un discours prononcé à l'Université du Roi Abdallah pour les sciences et la technologie à Djeddah, en Arabie saoudite.

La Haut commissaire a entamé ce week-end une mission de dix jours dans les six pays de la région dans le but d'améliorer la coopération entre le système des droits de l'homme des Nations Unies et les Etats du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis, Koweït et Oman).

S'adressant à des étudiants et des enseignants de l'Université Roi Abdallah, qui est un établissement mixte, Mme Pillay a noté qu' « un nombre croissant de femmes dans la région ont accès à l'éducation, dont les études supérieures ». « Investir dans l'éducation, en particulier l'éducation des femmes, est non seulement une politique juste mais aussi une politique intelligente », a-t-elle ajouté.

Elle a relevé également des progrès dans d'autres domaines, notant que « des Etats membres de l'Organisation de la conférence islamique avaient modifié leurs lois concernant les droits des femmes, dont le mariage, le divorce et la participation à la vie publique ». « Cette approche a été le résultat d'interprétations dynamiques des traditions islamiques de la part des gouvernements et des juristes qui, m'a-t-on dit, ont démontré que loin d'être des innovations, de telles lois étaient compatibles avec la jurisprudence islamique », a-t-elle ajouté.

La Haut commissaire a salué le fait que les femmes ont désormais le droit de vote et accès aux emplois publics dans plusieurs pays du Golfe. Toutefois, elle pointé du doigt le fait que les femmes ne sont toujours pas en mesure de pleinement jouir de leurs droits humains à travers la région. « Des barrières discriminatoires continuent d'entraver le droit des femmes à façonner leur propre existence, à faire leurs propres choix et à pleinement participer à la vie publique », a dit Mme Pillay. « Ces obstacles doivent être levés », a-t-elle ajouté. « Les développements positifs pour les droits politiques et civils des femmes sont encore épars et inégaux dans la région. »

La Haut commissaire s'est dite encouragée par le fait que de plus en plus d'Etats du Golfe ont adopté, ou voté, des lois pour combattre le trafic d'êtres humains.

Soulignant le rôle important des travailleurs migrants pour faire fonctionner la société dans les pays du Golfe, Mme Pillay a exprimé sa préoccupation concernant la façon dont ils sont traités. Elle s'est inquiétée en particulier du sort des employés domestiques et de leurs mauvaises conditions de travail et de logement.

Elle a noté la tendance positive qui a conduit certains pays du Golfe à abolir ou à réexaminer le système de parrainage, appelé Kafala, qui « lie de manière rigide les migrants à leurs employeurs, permettant à ceux-ci de commettre ensuite des abus, tout en empêchant les employés de changer d'emploi ou de quitter le pays. » Elle a appelé les Etats qui ne l'ont pas encore fait à remplacer le système de Kafafa par des lois qui accordent un meilleur équilibre entre les droits les devoirs.

Enfin, la Haut commissaire a souligné l'importance « d'une presse vivante et d'une société civile impliquée qui soient capables d'agir librement et d'alerter l'Etat sur les problèmes à mesure qu'ils apparaissent. » Dans de nombreux pays, « une tendance inquiétante apparaît ou réapparait », a-t-elle dit, en référence aux lois qui ont pour objectif de limiter le champ d'action de la société civile et aux restrictions visant certains médias.