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FAO : Un mécanisme financier pour doper les revenus agricoles au Niger

FAO : Un mécanisme financier pour doper les revenus agricoles au Niger

Un marché à Niamey, la capitale du Niger.
Un mécanisme ingénieux de financement élaboré par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour permettre aux petits exploitants africains de doper leurs revenus sera étendu à tout le Niger où il a été testé avec succès, avant d'être reproduit dans les pays voisins du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal.

Un mécanisme ingénieux de financement élaboré par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour permettre aux petits exploitants africains de doper leurs revenus sera étendu à tout le Niger où il a été testé avec succès, avant d'être reproduit dans les pays voisins du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal.

Les agriculteurs africains sont souvent obligés de vendre leur production juste après la récolte, au moment où les prix sont au plus bas.

La FAO a mis au point une solution dans le cadre d'un projet visant à aider les petits exploitants du Niger à constituer des associations d'agriculteurs pour pouvoir obtenir de meilleurs prix lorsqu'ils achètent des intrants comme les semences ou les engrais.

Toutefois, un obstacle de taille est vite apparu. Que ce soit à titre individuel ou d'association, les agriculteurs n'avaient pas assez d'argent.

La solution de la FAO consistait à intégrer dans le projet une version du Warrantage, c'est-à-dire un système de crédit sur inventaire mis au point pour les agriculteurs européens à la fin du 19e siècle, dans le cadre duquel, plutôt que de vendre leur récolte immédiatement, ils peuvent l'utiliser en gage du remboursement d'un prêt bancaire.

Dans le projet du Niger, qui a démarré en 1999, en échange d'un prêt bancaire, les agriculteurs déposent leur récolte dans un entrepôt dont les clés sont détenues par la banque et par leur organisation.

Le crédit donne ainsi les moyens aux petits exploitants d'acheter les intrants essentiels pour la prochaine campagne de semis, tout en leur permettant de conserver leur récolte jusqu'à la période de soudure – lorsque les stocks vivriers commencent à se raréfier et les prix à grimper.

A ce moment, ils débloquent leurs stocks, vendent leur récolte, remboursent leur prêt et empochent la différence. En utilisant une partie du prêt pour financer des activités génératrices de revenus complémentaires, de nombreux agriculteurs peuvent ainsi rembourser les prêts avant même d'avoir vendu leur récolte.

Selon une étude du projet du Niger menée en décembre dernier, les agriculteurs participants ont pu accroître leurs revenus de 19 à 113% en six mois. Et comme ils ont pu acheter des semences et des engrais de meilleure qualité, leurs rendements ont grimpé, entre 44 et 120%.

« S'il est pratiqué comme il convient, le warrantage permet aux agriculteurs de cultiver davantage et d'accroître leurs revenus », affirme l'expert en finance rurale à la FAO, Ake Olofsson. « Tout le monde y gagne, y compris les banques qui y trouvent également leur intérêt ». Mais ce n'est pas pour autant une solution universelle, met-il en garde.

Trois conditions doivent être remplies : il faut une association d'agriculteurs bien organisée, une banque locale ou une autre institution de financement, et un entrepôt sûr où stocker la marchandise.

Sans oublier que la récolte servant de gage ne doit pas être périssable et qu'il doit être avéré qu'elle atteindra un prix supérieur dans les mois suivant la récolte.

Enfin, la production agricole utilisée en nantissement doit être reconnue par la législation bancaire du pays concerné. Dans le projet du Niger, ce sont le mil, le riz et les arachides qui ont servi de garantie pour la banque.

Mais un certain nombre d'autres cultures, notamment des produits horticoles comme les oignons, l'ail, les tomates séchées et les poivrons séchés, pouvaient également être utilisés.