L'actualité mondiale Un regard humain

Haïti : En dépit d'un calme relatif, la situation est précaire

Haïti : En dépit d'un calme relatif, la situation est précaire

Des Haïtiens s'enfuyant avec des marchandises volées dans un bâtiment effondré à Port-au-Prince.
Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Alain Leroy, a prévenu vendredi le Conseil de sécurité que les frustrations des Haïtiens augmenteront, ouvrant la porte à de possibles manipulations politiques, si les Nations Unies ne parviennent pas à répondre aux besoins humanitaires après le séisme du 12 janvier.

« La détérioration des conditions de vie a entraîné une augmentation de la criminalité dite opportuniste, vols, pillages et agressions », a-t-il dit, qualifiant la situation de « stable mais potentiellement fragile ».

« Nous avons craint une reprise de la violence des gangs mais jusqu'ici, celle-ci a été largement limitée à des luttes de pouvoir internes alors que les évadés tentent de reprendre le contrôle de leurs anciens fiefs », a aussi indiqué Alain Leroy, rappelant que sur les 17 prisons du pays, 8 ont été partiellement ou totalement détruites et que 60% de la population carcérale s'est évadée.

Il a estimé également crucial de maintenir la stabilité politique dans le pays. Il a souligné que le gouvernement de René Préval, le Président haïtien, avait été accusé de favoritisme dans la distribution de l'aide et que des voix se sont élevées pour demander la formation d'un nouveau gouvernement 'de salut public' qui inclurait des membres de l'opposition.

« Il est maintenant plus important que jamais que le gouvernement engage toutes les forces politiques dans des discussions substantielles sur les questions de gouvernance essentielles, travaille de manière constructive avec le secteur privé et renforce sa communication et sa sensibilisation auprès du public haïtien », a déclaré le Secrétaire général adjoint.

Son homologue des secours d'urgence et de l'aide humanitaire, John Holmes, a pour sa part assuré le Conseil de sécurité que la situation humanitaire s'améliorait chaque jour. « Le pire de l'urgence médicale est derrière nous », a-t-il dit.

Toutefois, « les effets dévastateurs du tremblement de terre continuent de se faire gravement sentir dans la capitale et ailleurs », avec trois millions de personnes touchées. Il a notamment insisté sur les besoins en dehors de la capitale Port-au-Prince, où les efforts humanitaires se sont jusqu'ici concentrés.

« Un soutien durable supplémentaire sera nécessaire sur le long terme », a expliqué John Holmes, rappelant le lancement hier par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et son Envoyé spécial pour Haïti, Bill Clinton, d'un Appel aux donateurs à hauteur d'1,44 milliard de dollars pour le pays.

« Il n'y pas de solution instantanée. Répondre à tous les besoins et maintenir l'aide aux plus vulnérables sans créer une dangereuse dépendance à l'aide prendra du temps », a-t-il enfin averti.

Dans une déclaration à la presse lue par le Représentant adjoint de la France, Nicolas de Rivière, les membres du Conseil de sécurité ont à l'issue de la séance exprimé « leur solidarité avec la population haïtienne et salué la mobilisation exceptionnelle de la communauté internationale pour répondre aux besoins immédiats d’Haïti et à plus long terme ». La France préside le Conseil de sécurité pour le mois de février.

La déclaration souligne également l’importance de la conférence internationale sur la reconstruction d’Haïti prévue le 31 mars à New York. Elle salue le travail des Nations Unies et le rôle central joué par l’organisation dans la coordination des efforts de la communauté internationale pour aider les autorités haïtiennes.