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Une seconde chance pour les enfants d'Ouganda vivant dans la rue

Une seconde chance pour les enfants d'Ouganda vivant dans la rue

Des enfants dans le nord de l'Ouganda.
À première vue, John Bosco Abura est aussi insouciant que tout autre garçon de 15 ans. Heureux et plein d'entrain, il est ravi d'étudier à l'école primaire Kapuat. Cependant, derrière ses yeux brillants et son large sourire, Abura cache les marques de deux années traumatisantes, passées dans les rues de Kampala, la capitale de l'Ouganda.

« Je suis allé à Kampala avec ma mère en 2004, » raconte-t-il. « Mon père avait été tué en 2001 par les membres d'un commando qui ont pris tout notre bétail à Kotido, aussi ma mère pensait-elle que notre vie serait meilleure en ville. » Pourtant, la mère et son fils en ont été réduits à mendier et faire les poubelles pour survivre.

Les choses ont empiré lorsque la mère d'Abura a été tuée par un taxi. À dix ans, il se retrouvait seul dans un environnement hostile, contraint de verser de l'argent aux chefs de gang de rue pour de la nourriture et un abri, et il était sévèrement battu s'il n'arrivait pas à payer.

Tout comme Abura, des dizaines d'autres enfants et adultes Karamajong ont été attirés par les rues de Kampala, à la recherche d'une vie meilleure, et se sont trouvés pris dans un cercle vicieux de mendicité et de fouille de poubelles.

Le calvaire d'Abura a pris fin en novembre 2007 lorsqu'il a été amené, avec des centaines d'autres enfants et adultes Karamajong, dans un centre de transit aidé par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Des organisations soutenues par l'UNICEF réinstallent les enfants non accompagnés comme Abura et apprennent aux populations les véritables dangers auxquels on s'expose en migrant dans les villes.

« Ceux qui ont été ramenés à Karamoja en 2007 disent qu'ils sont allés à Kampala afin d'échapper à la famine et à l'insécurité, » indique le Père John Bosco Ngoya, un prêtre qui travaille à Karamoja depuis 1986. Avec d'autres dirigeants communautaires de Moroto, il a créé l'Initiative Bokora pour un programme de réinstallation durable (Bokora Initiative for Sustainable Resettlement Programme - BISREP).

L'UNICEF et ses partenaires font en sorte que les rapatriés reçoivent l'indispensable, tel que la nourriture, le logement et un traitement médical. Ils fournissent en outre une formation aux travailleurs sociaux qui aident les rapatriés à se réinstaller dans la communauté.

Les enfants sont scolarisés dans les dix écoles soutenues par l'UNICEF qui ont accueilli des enfants Karamajong, de retour de Kampala. Plus largement, le programme travaille aussi à identifier et protéger les enfants vulnérables.

« Nous travaillons également avec le ministère de l'égalité des sexes, du travail et du développement social à l'introduction de meilleures méthodes de travail social, afin d'assurer la protection des droits des enfants vivant et travaillant dans les rues. Cela se fait à plusieurs stades : l'identification, le retrait des rues et la réintégration dans la communauté et le foyer, » explique le responsable de l'UNICEF en Ouganda pour la protection de l'enfance, Cornelius Williams.

Abura est heureux dans sa nouvelle vie et il travaille dur à l'école. « Je veux travailler d'arrache-pied et devenir directeur de banque, car je suis bon en maths, » dit-il. Retouner à Kampala est la dernière chose à laquelle il pense. « Je ne souhaite à aucun de mes amis de souffrir comme j'ai souffert à Kampala, si bien que je leur dis de ne pas aller en ville, » dit-il.