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Nouvel avenir pour une famille rom de retour au Kosovo

Nouvel avenir pour une famille rom de retour au Kosovo

Des Albanais déploient une bannière lors de la célébration de la décision du Parlement du Kosovo de déclarer l'indépendance.
Ukshin Toplica ne s'est senti de retour chez lui qu'après avoir terminé la rénovation de sa maison à Pristina, la capitale du Kosovo, qu'il avait été contraint de quitter il y a dix ans.

« Maintenant que ma maison est terminée, je ne me suis jamais senti aussi bien », dit-il. « Rien ne vaut sa propre maison ». Il a réussi à monter un petit commerce grâce à un financement du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) lui permettant de nourrir les 11 membres de sa famille en cette période difficile.

Ukshin Toplica, 49 ans, avait longtemps pensé qu'il ne reviendrait jamais au Kosovo après son exil dans l'ex-République yougoslave de Macédoine voisine. « J'ai toujours voulu revenir avec ma famille mais on nous avait dit que des Albanais occupaient toutes les maisons de notre voisinage et nous pensions ne pas pouvoir rentrer en sécurité. »

Il n'en a pas toujours été ainsi. Pendant des années, Ukshin Toplica et sa famille, des roms albanophones également appelés Ashkalis, vivaient heureux au côté des Albanais du Kosovo dans le district de Vranjevc à Pristina. Ukshin travaillait en tant qu'agent de sécurité. « Le salaire était suffisant pour faire vivre ma famille et, avant le conflit, nous vivions confortablement », a-t-il affirmé.

La vie de la famille Toplica a été toutefois bouleversée lorsque l'OTAN est intervenue militairement fin mars 1999, après avoir exigé des forces de sécurité serbes qu'elles se retirent du Kosovo et que cesse la discrimination à l'encontre des Albanais du Kosovo.

« Tout le monde a quitté sa maison quand les bombardements ont débuté au Kosovo », se rappelle Ukshin, en ajoutant que sa famille a fui en Macédoine en suivant ses voisins albanais. « Nous n'avions pas le choix », a-t-il indiqué. En revanche, la plupart des Roms non albanophones du Kosovo ont fui à l'étranger à la fin du conflit.

Près d'un million de personnes ont trouvé refuge en Macédoine et dans d'autres pays au cours du conflit, qui s'est terminé en juin 1999 lors du retrait des forces serbes et de l'envoi des troupes de l'OTAN sur le territoire. Le retour des Albanais a provoqué un exode de quelque 200.000 Serbes, Roms, Ashkalis, Egyptiens et d'autres minorités.

« Nous avions tous très peur », a déclaré Ukshin en décrivant la fuite de sa famille en Macédoine. Ils ont été séparés dans la bousculade et sont arrivés dans différentes régions du nord de la Macédoine. « Trois jours après, notre famille a été réunie à Skopje. C'était très effrayant et déprimant parce que nous ne savions jamais ce qui allait se passer ensuite. »

Ukshin et son épouse Hatixhe ont dû se battre pour habiller et nourrir leurs sept enfants à Skopje. Deux autres enfants sont nés dans la capitale macédonienne. Avec une allocation mensuelle du HCR de 210 euros pour se loger, ils louaient une maison dans la banlieue de Skopje. « J'avais du mal à trouver du travail. Parfois je nettoyais les rues contre un peu d'argent. Nous dépendions de l'aide du HCR », a-t-il avoué.

Au fil des années, quelque 16.000 Serbes et Roms sont rentrés au Kosovo, mais les Toplica s'inquiétaient de la situation et ils ont attendu jusqu'à novembre 2008 pour rentrer. « Je suis allé voir le HCR à Skopje, j'ai inscrit ma famille pour le retour et le HCR nous a ramenés ici. Le jour où nous sommes rentrés au Kosovo était vraiment très émouvant ; ma femme et mes enfants n'arrivaient pas à croire que nous étions rentrés chez nous », a déclaré Ukshin.

La famille s'est réinstallée dans leur maison rénovée dans leur ancien quartier. Le personnel du HCR à Pristina leur rend régulièrement visite pour suivre leur réintégration. L'année a été difficile. Dans un contexte de récession mondiale, ils ont connu des difficultés économiques dans une région où près de la moitié de la population adulte est au chômage. Ils ont toutefois bénéficié d'une aide du HCR et de ses partenaires, y compris de la nourriture pour six mois et des produits non alimentaires.

Ukshin participe également à un projet générateur de revenus soutenu par le HCR visant à aider les rapatriés à acquérir de nouvelles compétences et à devenir autonomes. Il a acheté un semi-remorque pour collecter du plastique et de la ferraille qu'il vend à une entreprise de recyclage. Il utilise également le véhicule pour offrir des services de transport autour de lui.