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Avancées marginales dans la gouvernance en Afrique – rapport

Avancées marginales dans la gouvernance en Afrique – rapport

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Les pays africains ont accomplis des progrès marginaux (de 2% en moyenne) dans les principaux domaines de la gouvernance pendant les quatre dernières années, selon le deuxième Rapport sur la gouvernance en Afrique (RGA II), publié vendredi par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique.

Le RGA II, une vue d'ensemble sur l'état de la gouvernance dans 35 pays africains, relève avec préoccupation le déclin de 3% de l'index de lutte contre la corruption. Le Rapport explique que les institutions nationales de lutte contre la corruption dont le nombre a augmenté, demeurent cependant relativement faibles. Leur cadre juridique est inadéquat et elles manquent d'autonomie, en raison d'interférences politiques. Le RGA II conclut que « la corruption demeure un des défis les plus importants dans l'éradication de la pauvreté, le création d'un environnement prévisible et favorable à l'investissement, ainsi que dans le développement socio-économique en général. »

En dépit de la performance négative sur le plan de la corruption, l'appréciation globale de la gouvernance en Afrique est plutôt marquée par des progrès, quoique modestes. L'enquête d'opinion d'experts du RGA II révèle que les pays ont accompli des progrès, même modestes, dans les domaines majeurs des droits de l'homme et de l'Etat de droit, de l'efficacité des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, de même que dans le domaine de l'indépendance des organisations de la société civile et des media.

Les résultats-clés du Rapport indiquent une stagnation de l'index de représentation politique à 65% des experts interrogés. Les élections sont plus régulières, mais entachées d'irrégularités et dans de nombreux pays, la qualité des élections reste suspecte.

La démocratie multipartite reste très marquée en Afrique mais la performance globale dans ce domaine est mitigée. Les pays progressent sur le front de l'inclusion politique, mais les vestiges de l'autoritarisme continuent d'être une menace dans les affaires des partis et la sélection des candidats. Les partis au pouvoir sont encore hostiles aux partis d'opposition, et ces derniers ne constituent pas des blocs compétitifs. « La situation n'a pas changé depuis le dernier Rapport, il y a quatre ans », selon le RGA II.

L'étude note aussi des tendances positives en économie. Elle rapporte que les politiques propices aux investissements ont été très positives, avec une amélioration de 6% par rapport à la performance de 2005 dans ce domaine. Dans la même veine, la gestion économique et les systèmes fiscaux se sont révélés plus efficaces, les indices pertinents s'étant accru de 3%.

Sur une note très positive, le RGA II souligne les progrès remarquables réalisés en matière de participation des femmes aux affaires publiques. Généralement, plus de femmes sont représentées dans les parlements nationaux africains, que partout ailleurs dans le monde. Le Rwanda est le meilleur Etat à cet égard, et le Mozambique se place parmi les dix premiers pays au monde dans ce domaine.

Le RGA II va au-delà de l'indentification des faiblesses, en formulant des recommandations sur la manière de relever les défis qui se posent aux Etats africains en matière de gouvernance. A cet égard, le Rapport recommande :

- Pour l'éradication de la corruption, les gouvernements doivent accorder plus d'attention aux institutions anti-corruption en renforçant les lois qui les établissent, de sorte à les rendre conformes aux standards minimaux établis par les Nations Unies et l'Union Africaine. De plus, les gouvernements doivent améliorer les ressources des ces institutions et leur assurer une autonomie administrative et institutionnelle.

- Pour combattre les déséquilibres électoraux, les autorités électorales ont besoin de plus d'autonomie, de plus de ressources et d'une meilleure capacité institutionnelle pour organiser des élections libres, justes et transparentes.

- Pour l'amélioration des droits de l'homme et de l'Etat de droit, ces deux aspects demandent à être internalisés par les gouvernements au niveau local, de sorte à augmenter la confiance des citoyens.

Comme pour la première édition du Rapport, publiée en 2005, le RGA II combine trois instruments de recherche, notamment une enquête d'opinion menée auprès d'experts, une enquête d'opinion sur des ménages et une recherche documentaire. L'étendue de la recherche a été étendue de 28 à 35 Etats.

Le Rapport sur la gouvernance en Afrique est une des publications majeures de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique, qui est résolument engagée à supporter la vision d'une meilleure gouvernance sur le continent, par cette étude novatrice sur l'état de la gouvernance. La présente édition a été publiée par Oxford University Press.